Quelles sont les raisons les plus communes d’officiellement mettre fin à son mariage au Québec? Changent-elles avec le temps?
Selon Véronique Cyr, médiatrice familiale et avocate chez Brunet & Associés, il existe deux catégories principales de causes de divorce. Elle parle de «causes traditionnelles» pour qualifier celles d’avant la pandémie, et de «nouvelles causes», soit les motifs de divorce qui s’observent depuis le début de la pandémie, c’est-à-dire à partir de 2020.
Parmi les causes traditionnelles qui ne datent pas d’hier, l’avocate mentionne l’infidélité, la violence conjugale, les dépendances (c’est-à-dire les problèmes de consommation et de jeu) ainsi que les troubles de santé mentale.
Les p’tites nouvelles causes
«En général, [de nos jours], il n’y a pas qu’une cause à un divorce», soutient Véronique Cyr. En plus de voir émerger de nouvelles raisons de divorcer, on observe que les facteurs sont aujourd’hui multiples et s’entremêlent, explique Véronique Cyr.
Parmi les causes récentes observées par Véronique et ses collègues, on compte un éloignement d’une des parties par rapport aux valeurs initiales du couple et de leur vision familiale. On peut noter par exemple des cas où une personne du duo ne veut plus être dans un modèle de couple pour pouvoir vivre autre chose, ou encore des cas où l’entente de conciliation travail-famille ne convient plus. Ces nouvelles envies et besoins créent alors des frictions et des séparations.
Comme en France, la charge mentale est aussi une cause de divorce, et «souvent», les couples discutent peu de la division des tâches, ce qui fait que «l’épuisement s’accumule et mène à un point de non-retour». L’avocate rappelle que la communication est importante et qu’il est «normal qu’un couple doive faire des réajustements au fil du temps», notamment lorsqu’il a des enfants.
Les finances sont une raison notable de divorce, observe l’avocate. «On a eu beaucoup de séparations dues au stress financier.» Et dans les dernières années, «les pertes d’emploi et les taux d’intérêt élevés sur les maisons n’ont pas aidé». Elle note que ce stress fait en sorte que tout devient sujet à conflit, ce qui peut mener à la fin de la relation.
Mais avec ce stress financier ne vient pas que des divorces, mais aussi des prolongations de relations qui auraient dû se terminer si les finances ne faisaient pas partie de l’équation : «On a eu des gens qui ont essayé de rester ensemble un certain temps pour des raisons économiques. Ils savaient que leur relation était finie, mais n’avait pas les moyens de se séparer», explique-t-elle.
Tout est bien qui finit bien, même en divorçant?
Bien que l’avocate en droit de la famille estime qu’il est «très correct que le mariage ne dure que quelques années et que les gens viennent à se divorcer», elle remarque que la honte fait encore hésiter certaines personnes à entamer les procédures.
Étant en droit de la famille, Véronique est parfois témoin de situations particulièrement conflictuelles, mais l’avocate assure qu’il ne s’agit pas de la norme. «Une grande majorité des divorces ne viendront pas à nous, mais vont aller directement en cour», dit-elle.