Lancée au tout début de la pandémie, la page Instagram Des mèmes gais est devenue un véritable phénomène dans le paysage sociomédiatique québécois. Son créateur, Thomas Dallaire-Boudreault, avoue avoir éprouvé un certain vertige devant ce succès, mais estime avoir aujourd’hui trouvé un équilibre sain.
Vous partagez leurs mèmes tous les jours, mais ne savez absolument rien sur eux et elles. Avec la série «Vu de mème», Métro lève le voile sur leurs créateur.trice.s, ces vedettes inconnues des réseaux sociaux.
Dès ses débuts, la page de mèmes à caractère homosexuel a connu un succès instantané, «bien malgré moi», témoigne son administrateur.
Le nombre d’abonnements à la page Des mèmes gais a explosé (53 600 personnes le suivent aujourd’hui), Thomas était invité sur des plateaux d’émissions de télé, des employeurs du milieu des communications l’approchaient pour l’embaucher.
Détenteur d’un bac en télé, il a toujours travaillé dans le milieu du showbiz. Il était auparavant recherchiste, notamment pour des émissions à VRAK, et est aujourd’hui créateur de contenu pour le journal 24 heures. Il s’occupe principalement du contenu vidéo et des réseaux sociaux. C’est grâce à sa page Instagram qu’il a été approché pour ce poste.
«C’est comme une blague qui est allée trop loin», raconte Thomas.
Aujourd’hui, pour sa santé mentale, il a ralenti sa consommation et sa production de mèmes. Il utilise sa page uniquement pour le plaisir. Mais pendant un an et demi, il prenait presque toute sa journée du dimanche à créer au moins une quinzaine de mèmes qu’il partageait au cours de la semaine.
La formule gagnante
Comment expliquer ce succès? En prenant des images d’archives québécoises qu’il sort de leur contexte pour raconter sa vie de jeune trentenaire gai, Thomas a visiblement trouvé une formule gagnante.
De plus, en se concentrant sur des mèmes ayant un écho auprès des communautés LGBTQ2S+, Thomas estime avoir choisi une niche inexploitée à ce moment. Entre une joke sur le réseau de rencontre Grindr, une référence à RuPaul’s Drag Race, on y trouve une belle brochette de divas d’ici et d’ailleurs. Lara Fabian, Anne Dorval, Britney Spears et, surtout, Céline Dion.
«Les archives de Céline sont mon inspiration principale, mais tout ce qui provient des années 80-90 au Québec peut être très drôle lorsque mis hors contexte», raconte-t-il.
Et, il faut le dire, la banque d’images d’archives de la culture populaire québécoise des années 1980-1990 que le créateur nous fait redécouvrir est assez impressionnante… et hilarante.
À cet égard, il remercie tous les passionnés d’archives qui mettent toutes ces vieilles émissions sur YouTube; c’est là où il va les chercher, en plus de fouiller dans ses archives personnelles, lui qui aimait bien enregistrer toutes sortes d’émissions quand il était plus jeune.
Mais outre les références pop, qu’est-ce qui fait tripper notre mèmeur montréalais, résident de Verdun et originaire du Saguenay? «La musique!» s’exclame-t-il. Thomas a longtemps suivi des cours de chant. S’il ne s’est toujours pas taillé une place parmi les choristes de sa muse Céline Dion, on peut le retrouver au micro de certains bars de karaoké. Il est aussi un grand collectionneur de musique, que ce soit sous forme de vinyles, de CD ou de cassettes.
La page Des mèmes gais lui a aussi donné confiance en sa capacité d’écrire.
«Je commence à écrire de l’humour. J’aspire à faire du stand-up, nous confie-t-il. Peut-être qu’un jour je vais oser aller présenter mon matériel dans un open mic.»