Depuis quelques années, le ski de randonnée, aussi appelé ski de touring, ski de montagne, ski de haute route (choisissez), connaît une hausse de popularité fulgurante. Stations et magasins de plein air ont dû rapidement s’y adapter.
Cette pratique consiste à gravir une montagne en ski grâce à des peaux de phoque synthétiques adhérentes placées sous les skis pour ensuite profiter encore plus pleinement de la descente, bien méritée.
Si le sport existe depuis des décennies – le ski se pratiquait de cette façon à l’origine, bien avant l’apparition des télésièges –, il a récemment beaucoup évolué. Son boom de popularité s’est amorcé il y a cinq ans. Depuis, la croissance est continuelle et s’est particulièrement accélérée pendant la pandémie, alors que le plein air était préféré aux rassemblements intérieurs.
Effet de mode
Mais qu’est-ce qui explique un tel essor? «Il y a 25-30 ans, on a connu l’arrivée du snowboard. C’est ce qui était à la mode. Aujourd’hui, on est rendu dans la mode du touring, donc tout le monde s’équipe pour ce sport», explique tout simplement Patrick Daigle, chargé de cours au programme de plein air à l’UQAM.
Lui-même skieur de randonnée, il estime que les réseaux sociaux participent à accroître la popularité du sport comme les belles images de ski hors-piste et de poudreuse fraîche y pullulent.
Exigeant, mais satisfaisant!
«Avec les stations de ski qui ouvrent des sentiers et la Gaspésie, paradis du ski de touring, qui s’est beaucoup développée dans les dernières années, les skieurs ont de plus en plus accès à de nouveaux territoires, avec de la neige moins skiée», fait-il remarquer.
Quand on lui demande ce qu’il aime de ce sport, le skieur mentionne d’abord l’endorphine que lui procure cette pratique hautement cardiovasculaire. Il admet également apprécier la tranquillité de la forêt, par opposition à l’agitation des stations, où il s’ennuie maintenant après quelques descentes.
Les stations s’adaptent
Pour répondre à l’engouement des sportifs, les stations de ski ont commencé à créer des sentiers d’ascension tracés expressément pour cette discipline.
La station Bromont a créé en 2017 trois sentiers pour le ski de randonnée. Elle en compte aujourd’hui huit. C’est toutefois la station Mont-Orford, en Estrie, qui détient le plus grand réseau de pistes et sentiers, avec un total de 22!
Pour la saison 2021-2022, elle a ajouté trois nouveaux sentiers d’ascension ainsi que trois abris au sommet de chacune de ses montagnes pour que les randonneurs puissent s’y changer.
L’ajout de ces sentiers concorde avec une hausse de clientèle.
Bromont comptait 1000 membres possédant un abonnement de saison pour le touring en 2019-2020. Ils étaient ensuite 3000 en 2020-2021. «Et on prévoit encore une croissance cette année», indique Marc-André Meunier, directeur marketing de la station.
Toujours pour la saison 2020-2021, Mont-Orford a pour sa part noté une hausse de 200% des abonnements pour la randonnée alpine, par rapport à la saison 2019-2020.
Un boom en magasin
Cet engouement soudain a également poussé les magasins de sport à s’adapter.
«On vend cet équipement depuis quelques années, mais l’an dernier on a dû créer un département entièrement consacré au ski de montagne», indique Daniel Levert, superviseur à La Poubelle du ski.
La boutique du boulevard Saint-Laurent, bien connue des amateurs de plein air, vend d’habitude des surplus d’inventaire à des prix intéressants. Mais depuis peu, il n’y a plus de surplus pour certains équipements de touring. Le magasin doit donc maintenant acheter d’avance de l’équipement, avant même qu’il ne soit produit.
Les remonte-pentes sont boudés par les amateurs de ski hors-piste.