Les Mauvaises Herbes: démocratiser le DIY une crème à la fois
Les Trappeuses inspirent depuis 2014 le grand public à fabriquer leurs propres produits cosmétiques et ménagers. Le succès du blogue a poussé les trois fondatrices à se lancer en affaires et ouvrir la boutique Les Mauvaises Herbes. En juin dernier, le trio a de plus récolté un engagement lucratif lors de son passage à l’émission L’oeil du dragon. Retour sur un conte de fées entrepreneurial bien de chez nous.
Mariane Gaudreau, cofondatrice de la boutique Les Mauvaises Herbes
Entreprise fondée en 2018
Nombre d’employés : 18
Adresse : 6260, rue Saint-Hubert, Montréal
Comment a germé l’idée du blogue Les Trappeuses?
«Je cherchais par tous les moyens à me débarrasser de problèmes de peau persistants, et toutes les solutions proposées par mes amies ne faisaient qu’empirer la situation. Puis, un beau jour, j’ai jeté l’éponge et je me suis départie de tous mes cosmétiques pour simplement m’asperger le visage avec de l’eau. En l’espace d’une semaine, les boutons avaient disparu. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à la provenance des produits pour la peau et que j’ai développé une passion pour le DIY. Avec mes associées Audrey (Woods) et Marie (Beaupré), j’ai écrit mes premières recettes de cosmétiques faits maison, et le blogue Les Trappeuses était né.»
Qu’est-ce qui vous a décidé à ouvrir une boutique par la suite?
«Sachant que de nombreux lecteurs du blogue désiraient se munir de produits plus naturels, mais n’avaient pas nécessairement le temps ou la motivation de les confectionner chez eux, une boutique est devenue essentielle à l’expansion de notre marque. Nous avons donc ouvert la boutique Les Mauvaises Herbes afin d’offrir des concoctions déjà préparées qui demeurent bien alignées avec la mission environnementale des Trappeuses.»
Comment décririez-vous les produits des Mauvaises Herbes?
«Chaque produit est infusé d’une touche locale, que ce soit avec une macération de chanvre, de tournesol ou de conifères. La boutique se démarque des autres marques pour son ajout de plantes médicinales comme le calendula, la fleur de sureau, la camomille et le plantain. Bien sûr, les grands classiques tels que le beurre de karité, de cacao et d’amande figurent aussi dans la liste d’ingrédients.»
Pour avoir choisi le nom des Mauvaises Herbes?
«Le nom des Mauvaises herbes fait référence aux nombreuses plantes médicinales qui sont entrées dans cette catégorie mal-aimée de l’horticulture. Plusieurs d’entre elles que nous utilisons regorgent en fait de propriétés intéressantes pour la peau et la santé. Une mauvaise herbe, ça pousse partout, contre vents et marées. Leur côté rebelle à contre-courant représente bien le mode de vie qu’on souhaite mettre de l’avant. D’autant plus qu’on sait que le vrac et le naturel dérangent encore, parce qu’ils incitent les gens à se poser des questions sur leur consommation.»
Quels sont vos plans pour l’avenir?
«Nous espérons percer le marché anglophone et inaugurer une ferme où cultiver nos propres pousses dans les prochaines années.»
Son meilleur conseil pour se lancer en affaires
«Ne pas avoir peur de donner de son temps. C’est essentiel pour bâtir son expérience, sa crédibilité et sa notoriété. Tout le temps bénévole qu’on a donné sur notre blogue pendant cinq ans a eu un impact immense lorsqu’on a démarré l’entreprise.»
Son application favorite
«Slack. C’est pratique pour le travail à distance, même si ça peut devenir étourdissant quand on atterrit dans un fil de discussion de 85 messages.»
Une entreprise qui l’inspire
«Marie-Josée Richer de l’entreprise Prana, c’est une personne tellement humaine! Et puis Marie-Ève Lejour de la Savonnerie des Diligences qui nous inspire par sa force, sa résilience et par son souci de ses employés.»
Les Trappeuses en chiffres
- 100 000 visiteurs uniques mensuels par mois sur le blogue
- 20 000 exemplaires vendus pour le premier livre du trio À fleur de pots
- 350 000 $ investis par la «dragonne» Marie-Josée Richer, fondatrice de Prana et les «dragons» invités Julie Poitras-Saulnier et David Côté derrière Loop Mission
Recette de nettoyant tout usage tirée du livre Remue-Ménage
Un nettoyant réellement tout usage, super pratique pour nettoyer toutes les surfaces* en plus de ne pas sentir la patate frite au vinaigre.
UTILITÉS
Surfaces générales (murs, moulures, planchers), évier de cuisine, lavabo de salle de bain, extérieur de la toilette, etc.
*À utiliser avec parcimonie sur le bois.
QUANTITÉ
Environ 500 ml
CONSERVATION
6 mois
INGRÉDIENTS
- 180 ml (3⁄4 tasse) ou 150 g d’alcool isopropylique à 70 % pur ou macéré
- 310 ml (1 1⁄4 tasse) ou 310 g d’eau bouillie et tiédie
- 20 ml (4 c. à thé) ou 20 g de savon de Castille liquide
- gouttes d’huiles essentielles (facultatif)
- Bouteille à vaporisateur stérile de 500 ml
PRÉPARATION
Verser l’alcool dans la bouteille à vaporisateur et, si désiré, ajouter l’huile essentielle. Bien mélanger. Ajouter l’eau, puis le savon de Castille liquide. Fermer et secouer pour bien mélanger.
UTILISATION
Agiter avant chaque utilisation. Vaporiser les surfaces et frotter à l’aide d’une guenille humide. Pas besoin de rincer.
3 raisons de révolutionner sa pharmacie
- Les réserves prennent peu de temps à préparer tout en se conservant longtemps
La fondatrice dresse quelques parallèles entre la cuisine et la confection DIY, mis à part que cette dernière s’avère plus rapide et plus facile à faire. «On va manger un repas en l’espace de vingt minutes, alors que le produit prend moins de temps à préparer, mais va nous durer des semaines, voire des mois». Fabriquée en grande quantité, une recette de déodorant naturel peut notamment durer jusqu’à un an, à l’aide de quelques cuillerées de bicarbonate de soude, huile de coco et fécule de maïs.
- On réduit significativement l’usage d’emballages et de plastique
Selon Mariane Gaudreau, les grands contenants de 4 ingrédients sauvent du site d’enfouissement une quantité de petites bouteilles allant jusqu’à une vingtaine de crèmes. Pour ceux qui préfèrent acheter leurs crèmes, les ingrédients proposés par les Trappeuses se retrouvent facilement dans les épiceries en vrac.
- On économise de l’argent en désencombrant les armoires
«Le marketing cosmétique martèle qu’on a besoin d’un toner, d’un démaquillant, d’une crème de contour pour les yeux, une crème de visage pour la nuit et j’en passe, ce qui fait bien sûr grimper la facture. Or, notre peau n’a pas vraiment besoin de tous ces types de crèmes», précise Mariane Gaudreau. Nettoyer et hydrater trop souvent sa peau peut même causer une surproduction de sébum et faire réagir la peau plus fréquemment. La jeune femme se contente de démaquiller son visage une fois par jour, d’appliquer un masque une fois par semaine et d’une exfoliation au besoin, et sa peau ne s’est jamais mieux portée.