Chasser les noix du Québec
Septembre est entamé, les feuilles commencent à prendre des couleurs et comme chaque année, on court au verger pour cueillir… des noix? Eh oui, on fait changement! Cette année on part à la (re)découverte des noix du Québec.
Située à une heure de Montréal, la noiseraie Au jardin des noix est un lieu parfait pour s’essayer à l’autocueillette des noisettes. Une alternative originale à la cueillette de pommes qui se veut moins fatigante. En arrivant sur les lieux, on se fait rapidement expliquer comment identifier les noisettes mûres, et ça y est, on est prêt à partir se promener dans le verger, un panier sous le bras.
«Les noisettes sont très faciles à cueillir à la main, explique Alain Perreault, propriétaire d’Au jardin des noix. Il suffit de repérer les trochets – là où les noisettes sont regroupées sur la branche –, de vérifier qu’elles sont mûres et puis de les détacher.» Une perche est parfois nécessaire pour accéder aux fruits les plus mûrs, mais on peut souvent les ramasser à bout de bras.
Une fois rentré à la maison, il n’y a plus qu’à enlever les involucres (ces sortes de feuilles qui recouvrent la coque) et à laisser sécher les noisettes quelques jours. On peut ensuite les conserver plusieurs semaines dans un endroit sec pour les manger nature, en faire de la pâte à tartiner ou les ajouter à nos gâteaux.
Un produit d’ici «nouveau-ancien»
Pionnier dans la culture des noix nordiques au Québec, Alain Perreault a repris le terrain agricole de ses parents en 2007 pour y planter des noyers et des noisetiers. Presque 15 ans plus tard (ça pousse lentement ces arbres-là!), sa noiseraie a bien grandi et produit une belle quantité de noix chaque année, au point d’approvisionner de nombreux restaurants et artisans gourmands.
«On a ici une majorité de noyers noirs (environ 70%) et de noisetiers (20%), mais aussi des noyers hybrides, des noyers cendrés et des noyers en cœur. Et puis, on a des châtaigniers, des caryers, et quelques chênes», détaille le nuciculteur.
Si ces différentes variétés ne vous disent pas grand-chose, c’est bien normal. Jusqu’à très récemment, les noix du Québec n’étaient tout simplement pas cultivées; on les trouvait seulement en forêt. Pas étonnant donc que la noix de Grenoble et la pacane leur aient volé la vedette. Pourtant, les noix et les noisettes d’ici faisaient déjà partie de l’alimentation des peuples autochtones, bien avant l’arrivée des colons.
«C’est un produit nouveau-ancien, adapté au climat nordique, qu’on a sorti du bois pour en faire une culture», résume Giulio Feri, président du Club des producteurs de noix comestibles du Québec. D’après lui, l’engouement pour les noix du Québec ne fait d’ailleurs que commencer.
«On voit qu’il y a un fort intérêt de la part des chefs québécois et des clients curieux de découvrir ce terroir, ajoute-t-il. De plus en plus de producteurs implantent des vergers de noyers et de noisetiers pour diversifier leur culture.»
Au jardin des noix, la cueillette est devenue si populaire qu’on propose des visites guidées pour en apprendre davantage sur les variétés de noix de chez nous, leur culture, leur histoire et, bien sûr, leurs saveurs tout à fait uniques.
Où faire de l’autocueillette?
- La fée Noisette – Cookshire-Eaton
- Ferme Joseph Thifault – L’Épiphanie
- Au Jardin des noix – Saint-Ambroise-de-Kildare
Cueillir les noix sauvages
Si on a en soi ce que Gérald Le Gal appelle «le sens de la forêt», on peut s’aventurer à la cueillette des noix dans les bois. Avant de se lancer, le fondateur de l’entreprise Gourmet sauvage et coauteur du livre Forêt, conseille toutefois de bien faire ses recherches pour être capable de reconnaître un noyer sauvage.
Une fois le coin repéré, revenez en septembre pour récolter les noix tombées au sol. Dépêchez-vous avant que la concurrence – les écureuils et les dindons sauvages – ne dévore tout sur son passage.