Le Jour de la Terre a 40 ans
En ce 40e Jour de la Terre, Pierre Lussier, président de l’antenne québécoise, revient sur les missions et l’évolution de l’organisme. Entretien.
Le Jour de la Terre fête aujourd’hui son 40e anniversaire. Quelles ont été les principales évolutions de cette manifestation?
Lors de sa création en 1970 aux États-Unis, cette célébration a été quasi spontanée. Personne ne pensait que cela deviendrait une tradition, mais il y a eu la guerre au Vietnam, les tests nucléaires, etc. Désormais, le Jour de la Terre est un véritable centre organisationnel. Le Québec s’est associé à cette célébration en 1995. En 15 ans, nous sommespassés d’un événement d’un jour à une organisation qui Å“uvre 365 jours par an, qui mobilise et qui est capable de poser des gestes concrets. Nous sommes une organisation qui se rappelle sa source tous les 22 avril.
Estimez-vous qu’il y ait eu ces dernières années une vraie prise de conscience face aux problèmes environnementaux tant au niveau des citoyens que de la classe politique?
La prise de conscience est là, les gens sont inquiets. Sont-ils pour autant capables de passer à l’action? On sait depuis longtemps que l’alcool et la cigarette sont mauvais pour la santé, pourtant on continue d’en consommer. Les choses ont quand même changé. Il y a également un grand engouement médiatique autour de la cause environnementale.
En plus de l’«hypermédiatisation», il y a des «hyper-intérêts» qui entrent en jeu, comme des gens qui veulent vendre des produits à tout prix, par exemple. Notre rôle est d’accompagner les gens, rester près d’eux en leur donnant des explications de manière intelligente. Quant à la classe politique, je suis très étonné de voir que le premier ministre Charest a choisi de se rendre en ce Jour de la terre au Focus stratégique consacré à l’énergie…
Selon vous, la multiplication des initiatives s’adressant au grand public (l’Heure pour la Terre, Défi Climat, etc.) favorise-t-elle sa mobilisation ou, au contraire, l’amène-t-elle à se lasser?
Je pense que cela nous force à être plus pertinents, à nous poser des questions sur notre rôle. Au Jour de la Terre, nous avons toujours cherché la prochaine étape sans pour autant vouloir être dominants. En étant innovants, nous avons déclenché une palette d’initiatives.
Le Jour de la Terre 2009 était consacré à l’écomunicipalité. Quel bilan en avez-vous tiré?
Il y a eu beaucoup de belles initiatives, la plus probante étant celle du Fonds ÉcoÂmuniÂcipalité IGA. L’iniÂtiaÂtive est partie des cinq sous que IGA remboursait aux personnes qui rapportaient les sacs plastique pour les recycler. Au lieu de rendre l’argent aux gens, ils ont créé un fonds. Depuis 2008, nous avons récolté 2 M$, et un troisième million est attendu pour 2011. Cela nous a permis d’acheter des compostières et de la vaisselle réutilisable pour les écoles. Nous avons également beaucoup travaillé dans les éco-quartiers et les organismes de verdissement.
Quelles sont les actions prévues aujourd’hui?
La plus grande manifestation est l’opération Amène un ami [campagne de sensibilisation en faveur des transports collectifs]. Nous allons également planter 40 arbres en plein centre de Montréal, à côté du centre Bell. Et puis, il y a une énorme programmation au sein des musées et une constellation d’activités prévues dans les écoles et les éco-quartiers.
Car le Jour de la Terre, c’est trois classes d’une école qui traversent la rue pour nettoyer la cour d’une maison de retraite, c’est la corvée de balayage organisée par les habitants d’un éco-quartier qui vont en profiter pour discuter avec leurs voisins. C’est ça, l’image du Jour de la Terre.