Des étés plus chauds, des précipitations plus abondantes et des périodes de smog plus intenses : les changements climatiques auront un impact majeur sur le quotidien des Montréalais. Mais la crise climatique ne touchera pas les quartiers de Montréal de la même façon. Survol.
Davantage de smog, surtout dans l’Est
Les Montréalais se souviennent sans doute de l’air brumeux, de l’odeur de fumée et de la lune orangée de juillet causés par les feux de forêt du nord de l’Ontario. Des experts prévoient qu’en raison des hausses de température, de tels épisodes de smog risquent de devenir plus intenses et plus fréquents. Même si les feux sont lointains, leurs effets sur la qualité de l’air se feront sentir à Montréal, particulièrement dans l’est de la métropole.
«On a l’a vu cet été, la fumée des feux de forêt de l’Ouest du pays a été transportée jusqu’à Montréal», explique Patrick Hayes, professeur de chimie à l’Université de Montréal.
Cette pollution qui arrive de l’extérieur s’ajoute à la pollution atmosphérique déjà élevée de la métropole, surtout à l’Est et au centre-ville, où sont concentrés les industries et le parc automobile.
«Il y a évaporation de beaucoup d’humidité, d’eau des sols, qui reste dans l’air ambiant en basse altitude. Ça crée une espèce de couche qui empêche la pollution de l’air de se dissiper», explique André Bélisle, président de l’Association québécoise de la lutte contre la pollution atmosphérique.
Les plus pauvres plus touchés
Encore une fois, ce sont les moins nantis qui sont les plus affectés. «Dans les quartiers plus pauvres, il y a moins de végétation. Moins de végétation veut dire plus de bitume, plus de ciment, plus de chaleur», résume M. Bélisle.
Les effets sur la santé sont bien documentés : problèmes respiratoires, allergies, augmentation du risque d’incidents cardiaques. «Plus la température monte, plus la pollution de l’air augmente, plus ces impacts-là sur les gens sont graves», soutient M. Bélisle. Il rappelle que les personnes âgées, les femmes enceintes et les jeunes enfants sont plus à risque de souffrir du double effet de la chaleur et du smog.
Hausse des canicules
L’augmentation des vagues de chaleur est l’une des conséquences les plus importantes des changements climatiques sur les milieux urbains. Les Montréalais l’ont vécu cet été et selon les projections des experts, les épisodes de chaleur extrême s’intensifieront au cours des prochaines années.
Selon l’Institut national de santé publique, une vague de chaleur dans la grande région de Montréal se produit lorsque la température atteint au moins 33 °C – avec une température minimale de 20 °C pendant la nuit – pendant un minimum de trois jours consécutifs.
L’organisme Ouranos, qui collabore notamment avec la Ville de Montréal, projette que le nombre de journées de chaleur intense pourrait atteindre 19 d’ici la fin du siècle, soit trois fois plus que ce qui est prévu pour l’année 2040.
Pluies plus intenses
L’urbanisation et les îlots de chaleur ont un impact important sur les précipitations. Au cours de la prochaine décennie, on risque de voir à Montréal des épisodes de pluie plus espacés, mais des déluges bien plus importants.
Lorsqu’on étale le milieu urbain, on augmente les surfaces minéralisées, ce qui limite l’évapotranspiration, soit la quantité d’eau qui s’évapore par le sol.
«Cela diminue les quantités d’eau qui sont amenées dans l’atmosphère, qui sera plus sèche», explique Florent Barbecot, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère et titulaire de la Chaire de recherche en hydrogéologie urbaine à l’UQAM.
Montréal est arrivée à une densité de population quasi maximale, d’après M. Barbecot. «Mais en périphérie, on va continuer d’augmenter la densification. Ça a un impact climatique énorme.»
Le professeur compare une grande ville à un milieu désertique où se créent des îlots de chaleur liés aux cycles de précipitation. «Petit à petit, la ville devient un milieu plus aride. Je crains que ce phénomène s’intensifie. L’air va être de plus en plus chaud et de plus en plus sec», précise M. Barbecot, qui est également membre du Centre de recherche sur la dynamique du système Terre (Geotop).
Le facteur végétation
L’ouest de Montréal est mieux préparé que l’Est pour absorber les impacts de la crise climatique. Avec une canopée plus développée et des espaces verts plus nombreux, les arrondissements et les villes de l’Ouest devraient mieux s’en tirer à plusieurs égards. Ainsi, les secteurs plus démunis seront plus affectés.
L’inégalité environnementale à Montréal
Selon Nathalie Bleau, responsable du partenariat entre la Ville de Montréal et Ouranos, il faut que les autorités restent vigilantes pour ne pas créer d’inégalités dans la ville. Par exemple, les grandes villes risquent de devoir construire davantage de piscines publiques pour
faire face aux futures vagues de chaleur. Il faut penser à l’endroit où ces piscines seront installées pour qu’un maximum de gens en bénéficie. La plantation d’arbres et une meilleure isolation des maisons sont d’autres éléments pour faire face aux vagues de chaleur.
Vagues de chaleur dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Durant l’importante vague de chaleur survenue en 2018, plus de la moitié des décès survenus dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (53%) sont attribuables à la chaleur, alors qu’aucun décès attribuable à la chaleur n’est survenu dans les villes liées.