Pas si noir, l’avenir du secteur manufacturier
Fermetures d’usines, mises à pied de travailleurs, emplois transférés à l’étranger… Malgré les mauvaises nouvelles relayées par les médias, le secteur manufacturier au Québec continue d’offrir des occasions de carrière intéressantes.
Le secteur de la fabrication a perdu 20% de ses salariés entre 1997 et 2012. Au cours de la même période, l’emploi dans le secteur des services a connu un essor. Les jeunes sont donc plus enclins à intégrer ce domaine et semblent délaisser l’industrie de la fabrication. Pour attirer la relève, Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) offre le programme «Zone M», qui permet à plus de 3000 jeunes âgés de 15 à 24 ans de visiter chaque année des entreprises manufacturières.
Selon Audrey Azoulay, porte-parole des MEQ, valoriser le secteur manufacturier auprès des jeunes est très important pour l’avenir économique du Québec. «L’économie du savoir n’est pas possible sans le secteur manufacturier, explique-t-elle. Tout passe par la fabrication, aussi bien les nanotechnologies que la chimie verte.» Fabriquer des biens pour pouvoir les exporter est essentiel afin de pouvoir bien se positionner dans le jeu du commerce mondial.
Un secteur plus payant que l’industrie des services
Mme Azoulay reste optimiste quant à l’avenir de l’emploi dans son secteur. Elle juge que les pertes d’emploi actuelles sont le signe de l’état du marché et non de l’état de l’industrie québécoise. «Les perspectives sont bonnes dans tous les domaines, nos membres font face à une pénurie de travailleurs qualifiés», affirme-t-elle.
Travailler pour le secteur manufacturier reste également payant. Les salaires qui y sont proposés sont de 18% plus élevés que la moyenne québécoise. Et dans un document publié en 2012, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) écrivait que «parmi les personnes détenant comme plus haut diplôme celui d’études secondaires, celles qui œuvrent dans le secteur manufacturier gagnent en moyenne 31% de plus que celles œuvrant dans le secteur des services». Le chiffre est de 18 % pour les détenteurs d’un
diplôme universitaire.
Des métiers qui ont évolué
Faire carrière dans l’industrie manufacturière ne correspond pas à la même réalité qu’il y a 20 ou 30 ans. Si certains sous-secteurs, comme l’agroalimentaire, restent très pourvoyeurs de «travail de bras», d’autres, tels que l’aviation ou les mines, font largement appel à la technologie. «Le travail manuel a changé, il s’est beaucoup automatisé, précise Mme Azoulay. Les compagnies cherchent des personnes capables de comprendre la technologie qui sous-tend le produit.» La nécessité pour les entreprises de se différencier de la concurrence mondiale et de répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent acheter des produits moins standardisés conduit à un besoin accru de compétences technologiques spécialisées.
Fini le temps où être ouvrier était forcément synonyme de travail répétitif. Innover est devenu un impératif pour les entreprises manufacturières québécoises. Travailler pour une d’entre elles signifie donc être amené à faire preuve de créativité. «On va parfois trouver sur le terrain des idées que l’ingénieur de R&D n’aura pas imaginées!» lance celle qui met de l’avant l’importance de l’intelligence technique.