En sept ans d’intervention au sein d’Allô prof, Sophie Lord en a vu passer, des jeunes, dans sa cyberclasse. Elle raconte une soirée passée à épauler une élève qui avait des difficultés en maths. «Je pensais qu’on n’y arriverait jamais. Puis, alors que je ne m’y attendais plus, le déclic s’est fait. C’est dans ces moments que je mesure toute l’importance de mon travail.»
Allô prof a été créé dans la foulée des États généraux de l’éducation et de l’adoption du programme d’aide aux devoirs par le ministère de l’Éducation du Québec au début des années 1990. En marge des différentes structures d’aide aux devoirs implantées dans les établissements de niveau primaire, Allô prof lançait son service à distance en 1996. «Nous avons nous aussi pour mission de favoriser la réussite scolaire. La différence, c’est que nous nous adressons également aux élèves du secondaire et aux parents partout au Québec», explique Marc-Antoine Tanguay, directeur des communications d’Allô prof.
Les soirs de semaine, une soixantaine d’enseignants certifiés se relaient pour répondre gratuitement aux demandes. «C’est important que les parents connaissent l’existence d’un tel organisme. Ma fille a déjà utilisé le service. Elle éprouvait des problèmes en maths, et je n’arrivais pas à l’aider. Les gens d’Allô prof ont réglé le problème assez vite. Je me suis alors demandé pourquoi je m’étais cassé la tête aussi longtemps avant de faire appel à eux», mentionne François Paquet, président de la Fédération des comités de parents du Québec.
L’école en mode interactif
Au départ, le service était essentiellement téléphonique. Aujourd’hui, 90% des demandes proviennent du web. Sophie Lord a vécu l’évolution d’Allô prof. «On dispose maintenant de toutes sortes d’outils pour aider les jeunes. Les ressources sont adaptées et performantes, dit-elle. Dans les cyberclasses, je peux parler et clavarder avec l’élève. Je dispose aussi d’une tablette graphique que j’utilise pour faire des tableaux, des schémas, écrire des phrases… Je peux aussi diriger l’élève à la bibliothèque virtuelle, lui suggérer de faire certains jeux en ligne, de visionner une capsule éducative ou de participer aux forums.»
Le service connaît d’ailleurs un succès sans précédent auprès des jeunes. «L’année dernière, on a répondu à 520 000 demandes, ce qui représente une augmentation de plus de 50 % par rapport à l’année précédente», indique M. Tanguay.
Impact sur le développement
Le service est d’abord et avant tout destiné à l’élève moyen qui éprouve des difficultés. Mais un effort particulier est fait pour rejoindre les jeunes entre la 5e année du primaire et la 2e année du secondaire.
«Cette période est cruciale pour l’intégration et la consolidation des apprentissages. Elle sera déterminante pour la suite du parcours académique», mentionne le directeur des communications d’Allô prof. Des clientèles plus à risque de décrocher sont aussi ciblées par l’organisme, notamment les garçons, les jeunes issus de milieux socioéconomiques défavorisés, les raccrocheurs et les nouveaux arrivants.
«C’est très valorisant de travailler ainsi auprès des jeunes. Certains reviennent nous voir, et on peut constater un réel impact sur leur développement. Ils deviennent plus autonomes, apprennent à régler des problèmes par eux-mêmes. Par conséquent, ils sont plus motivés à apprendre», résume M. Tanguay.