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Le point sur la réforme

À la fin de l’année scolaire 2009-2010, la première cohorte de «réformés» quittera le secondaire. Mais seront-ils prêts à faire leur entrée au cégep? Dix ans après la mise en place de la réforme scolaire, rebaptisée renouveau pédagogique en 2005, l’implantation n’aura pas été de tout repos et plusieurs détracteurs craignent que les élèves aient écopé des ratés de la réforme.

Afin de faire le point à ce sujet, Métro s’est entretenu avec Éric Bédard, porte-parole du Collectif pour une éducation de qualité (CEQ), historien et professeur à la Télé-Université de l’UQAM.

Dix ans plus tard, quel bilan faites-vous de l’implantation de la réforme?
C’est un échec complet. Il y a eu un détournement de sens de ce qui avait été souhaité au milieu des années 1990. Ce qu’on voulait, c’était que l’école retourne aux matières de base, qu’il y ait plus d’heures allouées à l’enseignement de l’histoire, du français… On voulait faire une réforme du curriculum, mais finalement, on a fait un renouveau pédagogique.

Dernièrement, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a reculé sur plusieurs aspects de la réforme…
Voilà justement la preuve que c’est un échec. La ministre est la première à laisser tomber des morceaux de la réforme. Elle a ramené le bulletin chiffré, le redoublement et la hiérarchie des connaissances en français. Elle tient un double discours en laissant tomber des éléments importants de la réforme tout en disant qu’on ne peut pas revenir en arrière.

N’est-ce pas encourageant tout de même de voir qu’il y a une ouverture du côté du gouvernement pour améliorer les choses?
Oui! Et je pense que c’est un peu notre contribution  [les membres de Stoppons la réforme!] parce qu’on a forcé le débat. Le contexte d’un gouvernement minoritaire a aussi été favorable; il a en quelque sorte obligé la ministre à bouger.

La première cohorte de «réformés» entrera au cégep l’an prochain. Croyez-vous qu’ils sont préparés adéquatement à cette transition?
Les syndicats de professeurs des cégeps sont extrêmement inquiets. Certains professeurs de 3e ou 4e secondaire voient les dégâts faits par la réforme et constatent que les élèves n’ont pas les connaissances de base parce que les professeurs les plus zélés ont passé leur temps à faire des projets. Ce qui est triste, c’est qu’on a fait tout ça en leur nom et c’est eux qui écopent. Non seulement on n’a pas avancé, mais on a régressé. Dans plusieurs concours internationaux, le Québec régresse en ce qui a trait aux performances et le taux de décrochage n’est pas moins élevé qu’avant.

Il doit quand même y avoir du bon dans ce renouveau pédagogique?
Ce qui était bon, c’est qu’on voulait accorder plus de temps aux matières de base, comme l’histoire ou le français. Mais c’est comme si on avait noyé le poisson. Il y a plus d’heures en histoire, mais on n’apprend plus les dates, on apprend les interprétations. Là, ça ne va pas!

La plus grosse erreur commise par la réforme?
Ça a été de troquer l’évaluation des connaissances par l’évaluation des compétences. Concrètement, on nous a dit qu’en géographie, il ne faut plus apprendre les capitales par cÅ“ur, mais il faut apprendre à se servir d’un atlas. On mélange tout! Il faut apprendre quelques connaissances de base avant toute chose. C’est comme si on disait : «On va apprendre à se servir d’une calculatrice plutôt que d’apprendre à calculer.» En évaluant seulement les compétences, on se retrouve dans un flou artistique. C’est extrêmement subjectif.

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