LETTRE OUVERTE – Bien qu’il soit confrontant de se poser cette question, elle se pose néanmoins. Spécialement quand on tente d’expliquer l’inexplicable. Si la pandémie de COVID-19 est exigeante pour la majorité d’entre nous, elle est atroce pour les plus vulnérables. Les mesures sanitaires mises en place ont apporté, entre autres, leur lot d’impacts financiers, sociaux et de santé.
Pour les personnes qui ont besoin d’aide alimentaire et qui font partie des plus fragilisées de notre société, différentes initiatives communautaires ont été créées dans le contexte de la pandémie. La livraison à domicile de paniers de denrées afin de réduire les risques de contamination en est un exemple.
En distribuant de la nourriture aux portes des aînéEs et autres personnes vulnérables, des organisations du milieu communautaire, dont le Réseau des cuisines collectives de Montréal (RCCM), firent un difficile constat. Des intervenantEs du milieu communautaire ont vu des lieux de résidence misérables et des conditions de vie abominables.
On retrouve sur notre territoire une pauvreté invisible. Celle de personnes, pourtant fières et importantes, qui ne quittent pas leur logis, ou si peu, parce qu’elles sont en perte d’autonomie, physique, cognitive, souffrantes mentalement, dépourvues de revenus décents et de réseaux de soutien.
Comme tout le monde, ces personnes ont des capacités et de la valeur. Elles ont le droit à la santé, le droit à la vie et le droit à la dignité. Parce qu’elles n’ont pas les ressources pour se représenter dans l’espace public, elles sont oubliées et négligées.
Ce n’est pas seulement quand elles manquent à l’appel collectif de se faire vacciner qu’il faut s’en soucier et les rejoindre.
Il n’est pas acceptable, dans une société riche comme la nôtre, qu’il y ait des personnes qui vivent dans de telles conditions.
Il n’est pas acceptable que des personnes s’accommodent de vivre à travers leur fenêtre parce qu’elles peuvent difficilement sortir de chez elles sans un appui structurant.
Il existe une pauvreté systémique au Québec. Elle englobe à la fois les personnes qui manquent de ressources, mais qui sont riches de leurs talents, savoirs et expériences et le système qui les laisse pour compte et se prive de leurs forces.
Il n’existe pas de réelles mesures publiques universelles pour éliminer la pauvreté. On la gère et on s’accommode des effets sur les personnes qui la vivent. Il semblerait qu’à un certain moment, quand une personne ne contribue pas suffisamment à la productivité économique, elle est jetable.
Réseau des cuisines collectives de Montréal (RCCM)
Le Réseau des cuisines collectives de Montréal est une concertation de représentants d’organismes qui tiennent des activités de cuisines collectives, qui contribuent à leur promotion et à leur développement sur le territoire.