Rencontres

Milk & Bone, assumées comme jamais

Le duo Milk & Bone fera paraître vendredi son troisième album long, « Chrysalism ».

Le duo Milk & Bone fera paraître vendredi son troisième album long, «Chrysalism».

Milk & Bone a toujours évolué dans une électro-pop rêveuse. Or, la pandémie aura eu pour effet d’insuffler au duo formé de Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne la confiance d’assumer son amour pour la pop dansante et scintillante. C’est ce qui irradie de Chrysalism, son troisième album long qui sortira vendredi.  

Les musiciennes et parolières, l’une vivant dans la Petite Italie, l’autre à la lisière du quartier et du Mile-Ex, sont sorties grandies de la tournée de leur précédent opus, paru en 2018. L’acclamé Deception Bay (qui a été en lice pour le prix Polaris, à l’instar de leur premier, Little Mourning) a transporté leur indie pop feutrée des États-Unis à l’Europe en passant par la Scandinavie.  

« En revenant, on savait ce qu’on voulait faire pour la suite », affirme Camille, attablée au café Saint-Henri du Mile-Ex, en entrevue avec Métro.  

Après deux albums, qui se sont retrouvés en lice pour le prix Polaris, Milk & Bone propose son troisième opus long, le résolument pop Chrysalism.

Fini « de se cacher »

Cette confiance accrue a été salutaire, atténuant leur envie « de se cacher » par peur, fait observer sa complice Laurence, lui faisant face.  

Cette peur, c’est celle qui poussait les multi-instrumentistes — qui ont toutes deux étudié en jazz — depuis leurs débuts, en 2015, à « se cacher derrière leurs instruments » sur scène, pour prouver à ceux qui en douteraient qu’elles composent et jouent bel et bien elles-mêmes leur musique.  

La peur, aussi, qui les retenait de s’affirmer pleinement comme artistes pop. « Je pense qu’on craignait d’être catégorisées comme des chanteuses seulement, des produits de l’industrie », relève Camille, dénotant le clivage au Québec entre la musique populaire plus indépendante et celle plus grand public. 

Aujourd’hui, la track qui joue en arrière-plan sur scène, le milieu sait qu’on l’a composée et jouée nous-mêmes. On n’est plus intimidées par ce que les gens peuvent penser. 

Camille Poliquin, de Milk & Bone 

Chrysalism, que les filles de Milk & Bone ont coréalisé avec leur ami producteur établi à Los Angeles, Micah Jasper, enchaîne les mélodies entraînantes ayant l’étoffe de hits

Influencé notamment par la Britannique Charli XCX — leur « indie queen » — et la Suédoise Tove Lo, le duo affiche fièrement son amour de la pop accrocheuse et rythmée (Bigger Love, Movies, Borders, Piggyback…), offrant même la puissante ballade A Little Better Every Time.  

C’est avec recul que Camille et Laurence ont examiné leur matériel antérieur, n’en conservant que les éléments en phase avec les artistes (et les femmes) qu’elles sont devenues.  

« Ultimement, un album, c’est comme une photographie d’un moment dans une vie », rappelle Laurence.  

Image tirée du vidéoclip de la puissante ballade A Little Better Every Time de Milk & Bone

Textes hybrides 

« Impossible pour nous de ne pas écrire nos vérités », affirme Laurence au sujet de leurs textes, éminemment intimes et cathartiques. Chrysalism aborde les émois amoureux, l’amour de soi, le fait de vieillir et de se découvrir, la nostalgie ou même la pression exercée sur les femmes. Ces textes, entremêlant tant leurs voix que leurs récits, elles en sont très fières. 

Il y a des vérités plus faciles à dire parce qu’on les chante ensemble. Peu importe ce qu’on dit, on se backe. 

Camille Poliquin, de Milk & Bone

Non seulement les « work wives » — telles qu’elles se surnomment affectueusement — parviennent à fignoler à la perfection la phrase de l’autre, mais elles arrivent également à écrire du point de vue de l’autre.  

« Même si nos réalités sont différentes, nos enjeux principaux et nos épreuves sont similaires », fait remarquer Laurence.  

« On est deux jeunes femmes de Montréal, presque du même âge, avec un groupe d’ami.e.s similaire », ajoute Camille. « Et des émotions fortes! », renchérit Laurence, qui décrit leur vulnérabilité l’une envers l’autre comme un « safe space » exempt de jugement.  

« Chaque fois que je déverse quelque chose qui m’habite tellement fort, tu sais ce que je vis bien avant moi! », lance-t-elle à Camille, qui opine en riant. 

Aussi unies soient-elles, les amies et partenaires d’affaires tirent aujourd’hui parti de leurs différences, plutôt que de fusionner leurs personnalités, comme elles le faisaient à leurs débuts. « On cherchait un middle ground, jusque dans l’esthétique des visuels, et ç’a atténué nos personnalités », explique Camille. 

« Quand on s’est rendu compte à quel point on était complémentaires, qu’on n’avait pas à avoir les mêmes forces et les mêmes faiblesses, ç’a ouvert un autre monde », poursuit Laurence. Et ce monde étincelant, aussi vivifiant que poignant, on l’aime.  

Chrysalism 
Sortie le 28 octobre 
Bonsound 
Dates des concerts  

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