Grosse année pour la rappeuse Emma Beko, qui sortait la semaine dernière Superficial Stains, un deuxième EP, six mois après la sortie de son premier, Digital Damage. Elle continue, avec un flow bien à elle, à livrer un rap introspectif et très personnel.
Ensemble, ces EP peuvent en quelque sorte constituer un album complet; ils seront d’ailleurs bientôt réunis sur un seul vinyle. Et dans ses rêves, Emma Beko ne sortirait que des albums complets, comme elle l’a fait avec Blue, en 2021.
Mais dans la réalité, l’industrie musicale n’encourage plus ce genre de pratique. Un album est considéré comme une perte de temps et d’argent, car il ne rapporte pas beaucoup. Sous le règne des plateformes d’écoute en continu, c’est le single qui prime.
« Moi, je me fous de tout ça, mais pas vraiment non plus », admet la rappeuse.
En séparant son « album » en deux, elle ajoute de la longévité au projet et trouve ainsi un bel entre-deux.
« Je joue la game, parce que j’ai envie que ça marche, mais j’espère me rendre à un point où je pourrai sortir de la musique comme j’en ai envie. »
Finalement, elle s’est surprise à bien aimer le concept. Chacun des EP a, selon elle, sa propre couleur. Digital Damage est plus cru, sale. On perçoit dans les textes sa douleur, des blessures vives « qui imprègnent à des niveaux traumatiques et nous forment ». Superficial Stains est de son côté un peu plus propre. La douleur ne nous définit pas, on peut s’en remettre. « Il y a plus d’espoir dans celui-là. »
Plus on est de fous, mieux on crée
Pour ces EP, Emma s’est bien entourée. Si Blue, son premier album, avait été fait à deux seulement, avec son fidèle producteur et acolyte BeauGeste, elle est allée chercher pour ces nouveaux projets plusieurs autres producteurs et musiciens qui s’ajoutent à leur équipe.
« Je sais mieux ce que je cherche en termes de son et je sais comment aller le trouver. J’aime la diversité de collaborateurs », indique-t-elle.
Par contre, quand vient le temps d’écrire, elle préfère être seule, ce qui se reflète dans la dimension très intime de ses textes.
Les spectacles pour connecter
Emma a eu la chance de faire plusieurs spectacles à travers le Québec au cours des derniers mois.
« Je suis super excitée et souriante sur scène. C’est fou d’être devant des personnes qui sont là pour t’écouter. Je parle, je fais des blagues. Les gens peuvent être surpris parce qu’avec ma musique, je pourrais paraître dark comme personne. »
Souvent, elle l’admet, il s’agissait de petits spectacles dans des endroits où les gens ne la connaissaient pas nécessairement.
« Partout où j’ai été, j’ai réussi à connecter avec au moins une personne dans le public. Juste ça, pour moi, c’est grandiose. Je sens que petit à petit, je les charme, j’arrive à me faire des fans. Mon but est de me faire le plus de vrais fans possible. »
Emma Beko rêve grand. À quel point? « World domination », rigole-t-elle.
« Je reçois des messages de gens partout dans le monde. Ça commence comme ça. Je veux que ma musique trouve son public partout. Je suis consciente que ce n’est pas de la musique pour tout le monde, mais je sais qu’il y a du monde partout sur la Terre à qui ça peut parler. »
Justement, Emma part cet automne faire sa première tournée, qui débute en Europe. Elle reviendra ensuite au Québec, notamment pour son spectacle de lancement le 27 octobre, au Centre Phi.
Emma Beko a grandi dans le Mile End. Ses adresses coup de cœur :
- Drawn & Quarterly : « C’est une librairie où je vais depuis longtemps, car je suis une fan de romans graphiques et de lecture en général. »
- Phyllo Bar Mélina : « Il y a des petites chaises dehors sur l’avenue du Parc. J’adore m’y asseoir et regarder autour. Et en plus, la nourriture est bonne. »
- Ping Pong Club : « J’ai travaillé en cuisine là, j’y ai rencontré mon amoureux, j’ai fait rentrer plein d’ami.e.s. Il y a beaucoup de moments dans ma vie où je me suis retrouvée là pour toutes sortes d’occasions. »