La série Aveux, le film Café de Flore et la nouvelle fiction de Noovo, Chouchou: voilà les trois projets de son curriculum vitæ qu’Evelyne Brochu chérit le plus particulièrement. Dans Chouchou, notre habituée des rôles d’héroïnes se retrouve artisane d’un tableau moralement ambigu, dont s’est simplement délectée son âme d’actrice.
À écouter Evelyne Brochu détailler, presque avec extase, le bonheur qu’elle a éprouvé à tourner dans Chouchou, plus tôt cet été, on ne peut que saliver à la perspective de plonger dans cette histoire apparemment délicate et sensible, mais aussi coup-de-poing, ficelée par Simon Boulerice (Six degrés), qui offre ici son premier scénario télévisé pour adultes.
Rendez-vous le 14 septembre pour rencontrer Chanelle Chouinard, enseignante de français de 37 ans, qui tombe éperdument amoureuse d’un élève de 17 ans, le vulnérable Sandrick (Lévi Doré), aussi passionné qu’elle des mots et de la littérature.
Une romance interdite, pensez-vous, qui créera bien des remous et aspergera de ses dommages collatéraux, notamment, le conjoint de Chanelle (Steve Laplante, qu’Evelyne Brochu retrouve 13 ans après Aveux) et la maman de Sandrick (Sophie Cadieux).
Le tumulte causé par l’idylle ira loin, laisse planer Evelyne Brochu, qui mentionne même que sa Chanelle devra faire face à la justice.
Or, sur le plateau, l’expérience ne fut qu’envoûtement.
«J’ai tellement aimé mes partenaires de jeu! Je me suis sentie tellement bien, tellement libre… L’équipe était magique, bienveillante, rigoureuse. Les textes de Simon étaient inspirants. Le défi d’actrice était fulgurant, presque intimidant au début, mais prenant, élevant, même s’il y avait parfois des choses dures à aller chercher. Nous, les acteurs, on aime ça…»
Et la dame continue, de sa voix douce, à énumérer les mille et un plaisirs retirés de Chouchou: «émotions fortes», «grands tiraillements», «grande passion et grande tristesse»…
«C’était comme un grand manège qui part, ne s’arrête pas et nous emmène à tellement d’endroits… C’était très troublant.»
Voilà, on a hâte…
Illégalité et empathie
Pour pouvoir s’abandonner pleinement et jouer avec vérité cette Chanelle qu’elle décrit comme une femme investie, mère de deux enfants, moitié d’un couple «pas nécessairement malheureux, mais usé», Evelyne Brochu a d’abord dû se sécuriser au cours de conversations authentiques avec les réalisateur.trice.s Félix Tétreault et Marie-Claude Blouin.
«J’ai rarement senti que je pouvais m’abandonner autant sur un plateau», peut-elle aujourd’hui conclure, fière du produit fini.
Sa Chanelle, on la condamnera, mais on l’aimera aussi, croit la comédienne.
«Ce n’est pas quelqu’un qui cherchait à ce que ça lui arrive, dans la vie. Elle a été prise par surprise. J’espère qu’on pourra avoir de l’empathie pour elle. Après, en regard de l’illégalité de ce qui se passe, je pense que la série a la délicatesse de bien souligner que ce n’est pas légal. On peut raconter quelque chose qui n’est pas légal, sans en faire la promotion. Il faut se permettre de raconter des réalités pas faciles, avec bienveillance et respect. Tout ça a été vraiment bien réfléchi.»
«Peu importe, comme public, comment on se positionne par rapport à cette situation, il y a un personnage pour nous représenter, nuance encore Evelyne Brochu. Et je pense que c’est important, la variété des points de vue. Mais Chanelle finit par reconnaître qu’elle aurait dû poser des limites, et on ne fait pas semblant que tout va bien!»
Elle-même maman de trois bambins (Laurier, trois ans, et les jumeaux Camille et Mathias, presque deux ans), l’artiste affirme, sans la moindre hésitation, avoir senti son cœur de mère interpellé par le dilemme traversé par son alter ego de Chouchou.
«Absolument. Je ne sais pas si j’aurais pu jouer ce rôle il y a cinq ans. Avec la maternité, j’ai l’impression d’avoir un plus gros cœur qu’avant [sourire]. Il y avait des choses à jouer liées à la perte, et c’était assez facile pour moi, d’aller toucher à ça, en sachant ce que ça pourrait vouloir dire de perdre ma famille, par exemple. Je me mets aussi dans la peau de la mère de Sandrick, qui le vit de l’extérieur. Ça révèle autre chose sur la situation.»
Merci, Katherine Levac
Les huit épisodes de Chouchou (une production de Passez Go, qui est aussi derrière De Pierre en fille, L’Académie et Le chalet) déjà tournés, Evelyne Brochu se consacre présentement à un autre engagement, une comédie romantique anglophone dans laquelle elle campe une cheffe et où elle croise une distribution de figures d’ici et d’ailleurs. Elle se trouvait d’ailleurs dans ce décor au titre toujours secret lorsque Métro a pu l’attraper pour une séance photo, à la fin août.
Le reste de son automne sera voué à une pause en famille et à des plages de travail musical sur son deuxième album (après Objets perdus, qui remonte à 2019), qu’elle fignole avec son inséparable complice Félix Dyotte. Elle appose également sa voix sur le prochain opus de ce dernier, et tous deux songent à un éventuel disque pour enfants qu’ils aimeraient concevoir, galvanisé.e.s par leur collaboration au collectif Coucou Passe-Partout (2019).
Enfin, élément purement anecdotique: Evelyne Brochu est l’objet de gags dans le plus récent spectacle de Katherine Levac, Grosse (disponible sur Crave) de façon tout à fait flatteuse. Loin de s’en offusquer, la principale intéressée en est plutôt touchée.
«Ça n’a pas rapport, il faut absolument que je le voie, s’exclame-t-elle lorsqu’on lui signale l’information (qu’elle connaissait déjà). Quel honneur, d’être mentionnée dans un show d’humour…»
Chouchou débutera le mercredi 14 septembre, à 20h, à Noovo.