«Si c’est l’fun, on le fait. Si c’est pas l’fun, on le fait pas. Même si c’est payant.» Telle est la devise de Matt Duff. Peu importe la proposition, peu importe le projet, ou le succès, l’humoriste n’a qu’un seul objectif: triper.
Et faut croire que ça rapporte, de s’éclater. Le samedi 23 juillet, l’artiste, fort de ses 203 000 abonné.e.s sur Instagram, se produira dans un Centre Bell qu’il est parvenu à remplir en moins de 24 heures.
Demandez et vous recevrez
La maison du Canadien devait d’abord être ouverte à 6000 personnes quand ce spectacle a été annoncé, avant Noël. Deux heures plus tard (!), les billets avaient tous trouvé preneurs. On a donc élargi la capacité à 12 000 spectateur.trice.s. Qui auront droit à tout un show à saveur Matt Duff, bourré de surprises, d’invité.e.s inattendu.e.s et de mille folies… dont le principal intéressé ne révèle rien de rien. N’essayez même pas.
«Chaque personne a sa couleur. Je suis Mathieu Dufour et je ne fais rien comme personne. Je suis bon enfant. Je n’attaque personne, et je ne vais pas dans des sujets faciles pour faire rire, non plus. Tu ne me verras pas faire des esties de jokes de cul. Et je m’amuse. Le plus que je peux faire d’activités le fun, j’aime ça», se bornera-t-il à répondre lorsqu’on lui fait remarquer qu’avec lui, tout devient comique. Sa horde d’admirateur.trice.s s’esclaffe simplement à le regarder exister sous l’œil de son cellulaire.
Cette idée folle de «faire le Centre Bell» a été évoquée lors des Show-rona virus qui l’ont rendu célèbre sur Instagram pendant la pandémie. Est-ce qu’elle a été lancée par lui ou un.e de ses fans, ce n’est pas clair. Mais elle l’a rapidement séduit.
«Et quand je nomme quelque chose, souvent, ça arrive», décrète-t-il sans prétention.
Pourquoi pas un casse-croûte à New York?
Quelle belle «bibitte» que ce Matt Duff qui débite en 17 minutes ce que d’autres en auraient pris 30 à expliquer. Les mots se bousculent dans sa bouche, on croirait qu’il est archi-pressé, attendu quelque part. C’est simplement son débit naturel, son enthousiasme inné qui se manifeste.
Quelques heures après sa rencontre avec Métro, le 15 juin dernier, le garçon devait aller voler en montgolfières à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il se préparait à (enfin) fouler la scène de la salle Wifrid-Pelletier quelques jours plus tard, une prestation prévue avant même que la pandémie ne lui apporte la notoriété, avant qu’il ne devienne animateur à Rouge et qu’on se l’arrache un peu partout.
Car il faut rappeler qu’avant de devenir l’étoile qu’il est aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux, Matt Duff comptait déjà un bassin de 60 000 adeptes sur Instagram et roulait en tournée à guichets fermés un peu partout au Québec, sans attention médiatique particulière. Auparavant, il organisait ses soirées d’humour, le Show d’farces, au club MaBrasserie, dans le quartier Rosemont.
Il a 100 000 rêves en tête… et aucun plan précis pour les concrétiser. Le fun d’abord, les résultats ensuite.
Je n’ai peur d’aucune limite. Je veux casser toutes les barrières. Une carrière internationale, je n’ai pas peur de ça. J’ai 27 ans et, en deux ans, j’ai coché des affaires sur ma liste que je pensais faire en 10 ans. Alors, dans 20 ans, je vais être rendu où…?
Il est «presque bilingue», suit des cours d’anglais depuis un an et demi, trois fois par semaine. Il projette d’ailleurs d’aller «vivre ailleurs dans quelques années, juste pour vivre autre chose».
«Je suis un gars de défis. Je pourrais autant ouvrir un casse-croûte, ou n’importe quoi. Je ne stage jamais rien d’avance…»
Qui l’aime le suive
Un succès comme le sien aurait enflé la tête d’à peu près n’importe qui. Très peu pour Matt Duff, qui n’accorde pas tellement d’importance au flafla propre à son domaine professionnel. Il ne compte pas «mille ami.e.s» dans le show-business, mais il dit apprécier beaucoup Roxane Bruneau et Ève Côté, entre autres.
«Je ne vis pas vraiment dans le regard et dans l’approbation des gens de l’industrie [artistique]. Je ne veux pas de négatif dans ma vie. Je ne veux pas de comparaisons. Je suis proche de mes amis, ma famille, mon équipe, et tout ça, c’est juste du gros bonheur. Quand on tombe dans la comparaison malsaine, le bitchage, je me tiens loin de ça. Je me torche un peu de ce que les gens pensent de moi. Je fais mes folies pour moi, pour le public, pour que celles et ceux qui ont le goût embarquent avec moi.»
Ses valeurs d’authenticité et d’intégrité, Mathieu Dufour les a trimballées de Jonquière, où il est né, jusqu’à Montréal. L’enfant extraverti qu’il était, grand admirateur de Véronique Cloutier, Julie Snyder, Éric Salvail ou Ellen DeGeneres, rêvait de projecteurs allumés, de caméras, de foules de spectateur.trice.s à ses pieds.
«J’ai toujours été drôle, j’ai toujours fait rire mes amis. Un jour, j’ai compris que je pouvais gagner ma vie en faisant ça, et j’ai décidé que c’est ce que j’allais faire.»
Aspirait-il à devenir comédien, humoriste? «Je voulais mettre un sourire dans la face du monde.»
«Je n’ai jamais su ce que je voulais faire. Encore aujourd’hui, oui, je fais de l’humour, mais c’est rare que tu m’entendes dire que je suis humoriste. Je le dis parce que c’est facile et que les gens aiment avoir des étiquettes, mais je fais de la radio, de la télé, de la scène, n’importe quoi.»
D’un souhait à l’autre, notre bohème s’est laissé porter par la vague. A obtenu son diplôme du programme Art et technologie des médias, option radio, au cégep de Jonquière. S’est inscrit à l’École nationale de l’humour (ENH) sur un «T’es pas game» d’un ami. Y a été un élève studieux de 2015 à 2017.
And the rest is history, dira-t-on un jour sans doute à son sujet…
«À l’École de l’humour, je n’étais pas vraiment bon, je ne me démarquais pas. J’ai toujours un peu passé sous le radar. Ça me fait rire, ça: les gens ne me considèrent pas comme un humoriste et, deux semaines après, je fais le Centre Bell…»
Le spectacle de Matt Duff au Centre Bell sera présenté le 23 juillet, dans le cadre du festival Juste pour rire. Il reste quelques billets. Consultez le site du festival ou celui de Mathieu Dufour pour plus d’informations.
Un peu plus sur Mathieu Dufour…
Pourquoi as-tu choisi de te rebaptiser Matt Duff?
«Juste parce que le nom Mathieu Dufour était déjà utilisé sur Instagram. Au début, ça me faisait chier; je ne suis pas une Spice Girl! Mais, maintenant, il n’y a plus de problème! Le monde m’appelleront bien comme ils veulent. S’ils veulent m’appeler Cynthia, c’est bien correct aussi! [rires]»
Qui est ton principal public?
«Ma crowd, ce n’est même pas une affaire d’âge. C’est principalement du monde, si je veux arrondir, de 18 à 30 ans, mais c’est surtout une affaire de mentalité et d’état d’esprit. Ce sont des gens allumés, actifs, qui aiment avoir du fun, qui sont positifs. Il y a des personnes de 12 ans et d’autres de 70 ans! Ma plus grande fan s’appelle Yolaine et elle a 70 ans… Je n’ai pas d’âge, moi non plus, dans la vie, et j’ai toujours dit que le peak de ma carrière surviendrait à mes 40 ans.»
Tu dis refuser 90% des propositions que tu reçois pour rester fidèle à tes valeurs et principes. Irais-tu jusqu’à changer de métier si ton intégrité te faisait perdre des revenus?
«Je ne penserais pas que ça arrive. Si je continue de travailler avec mon cœur, d’être dans le vrai fun authentique, je vais rester collé dans le moment présent et ça n’arrêtera pas. Ça ne me fait pas peur pantoute!»
Véronique Cloutier a participé à tes «lives» sur Instagram. A-t-elle eu un gros impact sur ta carrière?
«C’est sûr, parce que Véro a donné une notoriété à ce que je faisais. C’était une belle marque de confiance. Mais on s’est apporté quelque chose, tous les deux; moi, je l’ai un peu ramenée dans le côté “jeune” de la force. C’est beau, ce qu’on a fait ensemble. Et on continue de se parler. D’ailleurs, il y aura peut-être des invité.e.s au Centre Bell… On ne peut rien dire!»
Tu as spontanément mentionné ton homosexualité au dernier Gala Les Olivier, pour préciser que ton accompagnatrice, ta coloc, n’était pas ta blonde. Tu ressentais le besoin de le faire?
«Je ne le faisais pas pantoute comme un coming out. J’ai juste pensé que les gens allaient me voir avec ma coloc et qu’ils penseraient que c’est ma blonde. Il ne faut pas qu’il y ait de big deal, le moins possible, avec ça. Je ne suis pas un porte-étendard et je n’en fais pas un plat. Je suis juste un garçon homosexuel qui a une carrière publique. Mais, si je peux contribuer aux discussions, comme un représentant, je le fais.»