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«L’air d’aller»: les douces et poétiques chroniques d’une mort annoncée 

Catherine St-Laurent incarne Katrine, jeune femme avec la fibrose kystique, dans la série «L'air d'aller». Photo: Télé-Québec

La première fiction originale grand public de Télé-Québec depuis le succès de M’entends-tu? arrive en ondes dès ce soir. L’air d’aller, une première série écrite par le poète et romancier Jean-Christophe Réhel, suit quatre complices dans leurs joies, leurs peines et leur maladie.  

Katrine (Catherine St-Laurent), Jimmy (Joakim Robillard), Gabriel (Antoine Olivier Pilon) et Cindy (Noémie Leduc-Vaudry) partagent une amitié fusionnelle. Tous.tes atteint.e.s de la fibrose kystique, comme l’auteur de la série, ces adulescent.e.s se confient, s’épaulent, s’amusent… et espèrent rester en vie. 

C’est que la santé de Katrine décline. En attente d’une greffe de poumon, la jeune femme décèdera dans les mois qui viendront. Pas de divulgâcheur ici: cette mort est annoncée dès le premier épisode. Tandis que la malade se remplit d’une urgence de vivre, ses proches cherchent à trouver des solutions pour la garder parmi eux le plus longtemps possible. 

Réalisée par Sarah Pellerin, cette première fiction d’URBANIA est pleine de douceur, de lumière et de poésie. Elle évite le mélodrame en réussissant habilement à aborder la maladie sans que l’histoire ne tourne qu’autour de celle-ci.  

Culture pop et danse contemporaine 

Céline Dion, Harry Potter, le Magicien d’Oz, le discours d’Aragorn dans le dernier volet du Seigneur des anneaux et faire du mush dans le sous-sol de ses parents en banlieue: il n’y a pas à dire, ce sont des jeunes adultes bien de leur génération que l’on suit au fil des 10 épisodes d’une demi-heure. 

Cette culture pop s’imbrique même dans les scènes les plus dramatiques, qui sont également ponctuées de quelques brefs moments de danse. Non, L’air d’aller n’a rien d’une comédie musicale – quoique la trame sonore est excellente et bourrée de morceaux très à propos, comme Oxygène de Diane Dufresne. Mais quand les personnages ressentent un trop plein d’émotions qu’ils peinent à exprimer, c’est par les mouvements du corps qu’on a accès à leur intériorité.  

«Il y a certains sentiments que je ne suis pas capable d’exprimer, donc je le fais par le biais de poèmes, a expliqué Jean-Christophe Réhel en rencontrant les médias, la semaine dernière. Avec les images à l’écran, je n’avais pas le choix de trouver un moyen original pour exprimer ça. J’ai pensé à la danse, qui s’y prête super bien.» 

Ainsi, quand les personnages vivent une frustration trop grande pour être mise en mots – une énième routine de nébuliseur pour absorber ses médicaments, par exemple –, ils peuvent nous communiquer ce trop-plein autrement.  

Et le pari est réussi: Sarah Pellerin a parfaitement su capturer ces moments, privilégiant une multitude de plans rapprochés plutôt que des plans larges, plus typiques quand on filme de la danse. «C’était plus l’émotion qui m’intéressait que la chorégraphie», glisse-t-elle. 

L’amitié et la fibrose kystique 

Jean-Christophe Réhel n’a pas d’ami.e.s qui vivent également avec la fibrose kystique. Ce n’est d’ailleurs pas recommandé, apprend-on dès le premier épisode, à cause du risque d’échanger des bactéries. Le quatuor rebelle n’est toutefois pas la seule exception à la règle.  

L’auteur le dit bien: il y a autant de visages de la maladie que de personnes qui en sont atteintes. «Il y a des gens avec la fibrose kystique qui vont regarder l’émission et qui, probablement, ne vont pas se voir dans les personnages. J’espère avoir touché une espèce de vérité, mais c’est ma perception de la maladie.» 

Ainsi, certain.e.s sont des gens de carrière, avec des enfants, une voiture et une hypothèque. Mais ce n’est pas le cas de nos quatre copain.ine.s qui, à l’exception de Gabriel, vivent chez leur parent et se débrouillent de peine et de misère à faire des cornets à la crèmerie où on leur a offert une jobine. 

«Leur maladie a comme freiné leurs ambitions de carrière et leurs expériences de vie, constate la réalisatrice. C’est comme si leur vision de l’avenir n’est pas la même que la moyenne des gens.» 

Mais leur maladie a aussi décuplé leur joie de vivre, leur envie de profiter de chaque instant. «La philosophie de la série, c’est que les gens malades sont plus heureux que les gens en santé», croit Jean-Christophe Réhel, qui aimerait bien que ces derniers voient la série en réalisant toute leur chance.  

L’air d’aller, dont une seconde saison se dessine déjà, est diffusée sur les ondes de Télé-Québec les jeudis à 21h à compter de ce soir.

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