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Osheaga: le jour 3 en concerts

Kendrick Lamar a livré le spectacle de clôture d'Osheaga. Photo: Gracieuseté, Tim Snow

Le festival d’arts et de musique Osheaga, qui en est à sa 16e édition, s’est terminé en force dimanche. Kendrick Lamar, Milk & Bone, Cigarettes After Sex et Fred again.. comptent parmi les artistes qui ont fait vibrer Métro lors de cette dernière journée de festival. Comptes rendus.

Kendrick Lamar, scène de la Rivière, 21 h 00

Impériale, autoritaire, puissante. Telle était la présence de l’important rappeur Kendrick Lamar sur la scène d’Osheaga en clôture de festival. Des premières rimes de N95 jusqu’à son départ après le morceau Savior, le rappeur a livré son spectacle avec aplomb.

L’artiste californien a puisé dans une large partie de son répertoire, présentant sur scène des morceaux de son dernier album Mr. Morale & the Big Steppers comme Rich Spirit et Die Hard, mais aussi de Good Kid, M.A.A.D City, l’opus qui l’a élevé au rang des meilleurs rappeurs de l’histoire, avec des pièces comme Swimming Pools (Drank), Money Trees, Bitch, Don’t Kill My Vibe et bien plus encore.

Kendrick Lamar a conclu cette édition d’Osheaga. Photo: Gracieuseté, Tim Snow

L’album Damn a aussi été bien représenté avec notamment les succès HUMBLE. et LOVE., tandis que le rappeur a fait les deux hits emblématiques de To Pimp a Butterly, soit King Kunta et Alright. Considérant cette discographie remplie d’excellentes chansons, sa sélection était superbement calibrée.

Le rappeur livrait ses succès, posé devant de grandes peintures, souvent accompagné d’une troupe de danseur.euse.s aux chorégraphies singulières, loin de celles d’un spectacle de pop plus traditionnelle. Chaque chanson avait droit à son univers et son ambiance visuelle bien à elle. Et l’artiste laissait de surprenantes pauses entre chacune, comme si toutes les pièces était un spectacle en soi, prenant le temps de bien les clore, de les digérer, avant de passer à la prochaine.

La seule chose à redire est qu’on en aurait pris plus, le spectacle s’étant terminé 10 minutes avant l’heure prévue.

Cigarettes After Sex, scène de la Vallée, 20 h 35 

Cigarettes After Sex. Photo: Gracieuseté, Frédérique Ménard-Aubin

L’on se demandait de quoi pouvait avoir l’air un concert de Cigarettes After Sex, dont la pop rêveuse incarne la volupté même. Air doux, ciel marine exempt de nuages : la nature elle-même offrait un décor idyllique, la boule disco surplombant le trio états-unien faisant office de lune. Cette dernière scintillait presque imperceptiblement dans l’obscurité de la scène, les silhouettes à peine éclairées du chanteur et guitariste Greg Gonzalez, du bassiste Jacob Tomsky et du batteur Randall Miller se détachant légèrement.  

Reflétant l’esthétique poétique en noir et blanc du groupe, le décor épuré laissait toute la place à l’ivresse que suscitent les chansons, portées par la voix androgyne de Gonzalez, qui a interprété You’re All I Want, à laquelle a succédé Nothing’s Gonna Hurt You Baby, tirée du mini-album I. (2012). 

Est ensuite apparu un visage de femme aux joues ruisselantes de larmes le temps de Cry, chanson-titre de l’album paru en 2019, puis celui, magnifique, d’une jeune Jane Birkin au son de Sweet, tirée de l’album homonyme sorti en 2017. Fleurs consumées par les flammes durant Sunsetz, soleil strié de minces nuages s’élevant au-dessus de l’océan au son de Heavenly, flocons de neige délicats au son de K. et orage grondant au rythme de l’unique passage abrasif de guitare de la soirée, sur Dreaming of You.  

La foule, ni trop grosse ni trop petite, parfaite à notre humble goût, a fait honneur à la musique appelant à l’amour et à la sensualité de Cigarettes After Sex, les corps s’enlaçant et se mouvant doucement. Si les chansons ne se distinguent pas toujours aisément d’un album à l’autre, elles enivrent sans exception. La jouissance est entière, ininterrompue. 

Fred again.., scène de la Montagne, 20 h

Le soleil s’est couché durant le spectacle de Fred again.., mais la foule, elle, était loin de s’endormir. Tout le parterre d’Osheaga s’est transformé en véritable piste de danse où sautaient sur place, les mains dans les airs, des milliers de personnes.

Le concept des albums électros Actual Life de Fred again.. se transpose merveilleusement bien en spectacle. Tous ses samples tirés d’artistes majoritairement inconnues sont présentés en vidéo sur les écrans latéraux, alors que l’artiste, tantôt assis au clavier, tantôt debout devant son launchpad, les accompagne et les transforme pour créer un spectacle cinématographique très émotionnel.

Les transitions entre les chansons sont faites d’une main de maître. Le musicien arrive autant à émouvoir le public aux larmes avec des morceaux comme Kyle (I Found You) ou Bleu (better with time) qu’à le faire exploser d’euphorie avec des pièces comme Jungle ou Marea (We’ve Lost Dancing), les deux émotions étant même souvent vécues en même temps. Un spectacle émouvant, rassembleur et festif.

Julia Jacklin, scène Verte, 18 h 15  

Julia Jacklin. Photo: Gracieuseté, Frédérique Ménard-Aubin

L’indie-rock feutré de l’autrice-compositrice-interprète précédait à merveille le crépuscule. Vêtue d’une jupe écossaise, d’un débardeur marine et d’un chemisier blanc lacé rappelant un uniforme scolaire, l’Australienne a puisé dans ses albums Pre Pleasure et Crushing, parus respectivement l’an passé et en 2019, jouant notamment Don’t Know How to Keep Loving You, Lydia Wears a Cross et Love, Try Not to Let Go

Entourée de quatre musicien.ne.s, la guitariste à la voix poignante s’est faite avare de paroles, disséminant quelques « yeah » désinvoltes entre ses chansons. « We have three more songs and then, we’re good to go », a-t-elle dit, pince-sans-rire, à son public attentif vers la fin du concert. « And they’re rock songs. » 

Accélérant la cadence, la rousse musicienne et son band ont conclu la prestation avec I Was Neon et Head Alone, chansons plus vigoureuses de son répertoire, puis le groupe était good to go

Milk & Bone, scène Verte, 15 h 20 

Milk & Bone. Photo: Gracieuseté, Benoît Rousseau

Trois albums longs, trois présences à Osheaga. Après Little Mourning et Deception Bay, c’est au tour du plus récent opus du tandem québécois Milk & Bone, Chrysalism, d’avoir l’occasion de rayonner au prestigieux festival.  

Comme elles l’avaient confié en entrevue avec Métro à la sortie de l’album, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne, autrices-compositrices-interprètes et multi-instrumentistes, avaient envie de s’allouer de l’espace sur scène afin de se mouvoir au rythme de leurs mélodies pop accrocheuses. Et c’est ce qu’elles ont fait avec une alacrité contagieuse, sémillantes dans leurs tenues contrastées propres à leur esthétique, Camille arborant un look noir ténébreux, Laurence, un style romantique à souhait, robe blanche bouffante et rubans dans les cheveux. 

« Give it up for Lau-Lau and her broken ankle! », s’est exclamée en cours de prestation Camille, alias Kroy en solo, saluant la vitalité de son amie, qui se déplaçait allègrement malgré l’attelle à une cheville.  

Sur scène, les musiciennes se décochaient des sourires complices aux commandes de leurs consoles et claviers disposés face à face, Laurence jouant de la guitare basse le temps de Movies. Et que dire de leurs superbes voix cristallines qui s’étreignent et se répondent en parfaite harmonie. 

« Si vous la connaissez, chantez-la! », a lancé, radieuse, Laurence avant que les complices n’entament la rêveuse Daydream, tirée de Deception Bay, dont elles ont accru la teneur électro, la rendant plus en phase avec Chrysalism

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