L’exposition Alexander McQueen: l’art rencontre la mode, lancée la semaine dernière au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), a de quoi plaire non seulement aux fanas de haute couture, mais aussi à tout amateur d’art visuel. Consacrée au travail du regretté designer britannique qui s’est enlevé la vie en 2010, l’exposition présentée jusqu’au 10 septembre est un parcours thématique qui retrace ses collections des années 1990 et 2000.
L’exposition a d’abord été installée au Los Angeles County Museum of Art (LACMA), qui l’a créée sous le titre Lee Alexander McQueen: Mind, Mythos, Muse grâce aux dons de la collectionneuse Regina J. Drucker. Elle a ensuite voyagé en Australie, à Melbourne, avant de poser ses pénates pour l’été dans la ville de Québec, où elle a d’ailleurs été bonifiée de quelques œuvres tirées de la collection du MNBAQ.
Judicieux parallèles
Celui qui a commencé comme apprenti tailleur sur Savile Row – rue de Londres reconnue en la matière – a été fortement inspiré par la mythologie et le 19e siècle, notamment. Afin de contextualiser ses créations, on les juxtapose à des objets d’art qui, sans avoir nécessairement été une inspiration directe pour McQueen, rejoignent son œuvre.
Ainsi, on dresse des parallèles, par exemple, entre des tableaux de Francisco de Goya et de Pablo Picasso et des vêtements de la collection The Dance of the Twisted Bull, tous inspirés par la tauromachie. Avec The Widows of Culloden, ce sont plutôt les tartans et les paysages écossais qui sont mis en valeur, tandis que l’on présente des morceaux tirés de son ultime collection, Angels & Demons, à côté de la toile Le songe de saint Joseph.
Alexander McQueen a aussi puisé dans le cinéma, notamment celui d’époque avec des films comme Barry Lyndon de Stanley Kubrick, réalisateur dont le célèbre Shining aura aussi insufflé le nom de la collection The Outlook. L’exposition propose d’ailleurs des extraits de longs métrages tels que They Shoot Horses, Don’t They?, dont la scène finale a inspiré le défilé de la collection Deliverance, faite de créations référant à la mode de la Grande Dépression.
On peut également voir un extrait de The Abyss à côté de morceaux de la collection Plato’s Atlantis, qui imagine la mode de l’humanité réfugiée sous l’eau à cause des changements climatiques. Revendicateur, Alexander McQueen critiquait la surconsommation avec une collection comme The Horn of Plenty, ses morceaux prenant la forme de déchets.
On vous suggère vivement de mettre dans vos oreilles la liste de lecture créée par le LACMA à partir de pièces ayant joué dans différents défilés d’Alexander McQueen, le designer ayant été réputé entre autres pour ses mises en scène spectaculaires.
Si quelques morceaux jouent durant l’exposition, on les réentend un peu trop souvent quand on prend son temps pour faire tout le parcours, qui mérite qu’on y passe plus d’une heure. D’autant plus que l’on s’attarde longuement aux cartels – les affichettes explicatives qui accompagnent les œuvres – qui sont souvent placés près du sol, ce qui rend la lecture ardue.
S’il y a ici un petit enjeu d’accessibilité, Alexander McQueen: l’art rencontre la mode est une exposition majeure qui nous reste en tête longtemps après avoir quitté le MNBAQ.
D’autres expositions à voir en passant par Québec
Tant qu’à passer par Québec pour voir Alexander McQueen: l’art rencontre la mode, on en profite pour aller voir les deux plus récentes expositions du Musée de la civilisation.
Pour demain, qui sera présentée jusqu’en janvier, est une exposition sur l’environnement. Pas d’écoanxiété à avoir ici, au contraire, puisqu’on mise sur les solutions. Si la première partie de l’exposition est plutôt poétique, on tombe rapidement dans des propositions très concrètes qui touchent l’alimentation, la mode, le transport et les bâtiments, soit les industries les plus polluantes.
Avec Unique en son genre, qui sera au Musée de la civilisation jusqu’en avril 2024, on combine science et témoignages pour expliquer, entre autres, ce qu’est l’identité de genre et comment elle se distingue du sexe. Des recherches de Darwin aux témoignages de personnes intersexes en passant par l’histoire de la communauté LGBTQ2SIA+, l’exposition est très complète.