Faire une avec le fleuve
L’autrice et réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette a fait paraître vendredi dernier le roman Femme fleuve, aux Éditions Marchand de feuilles.
La plume d’Anaïs Barbeau-Lavalette exsude poésie et volupté. Une sensualité enracinée dans la nature — après la Femme forêt de son précédent roman, la femme se fond ici au fleuve.
La protagoniste s’isole de sa famille sur une île bordant le fleuve pour écrire, celui devant lequel peignait son propre grand-père. Le fleuve qui « exalte le désir », « fertile en dérives et en ensauvagements ».
Le désir, Barbeau-Lavalette l’écrit avec abandon. « J’ai envie d’aller dans l’excès et d’en faire une révolution. D’être désirante comme être intelligente, comme être douce, comme être téméraire. D’être désirante comme un trait de caractère. »
Sa plume dépeint les nouages, les tissages des êtres, des corps, des eaux, des couleurs avec une sensualité unique jaillissant de l’amalgame si charnel, si organique de mots dont elle a le secret. « Je retire ma pudeur comme je retire un vêtement », souffle la protagoniste.
Cette dernière raconte son amour éphémère avec le peintre à la barbe noire qui « affûte ses doigts et aiguise ses sens ». « Ce qui me relie à toi est d’abord intérieur. Je me sens précisément tissée à tes méandres, nos labyrinthes conduisent l’un à l’autre, je me perds là où tu te perds. »
Elle raconte aussi les autres êtres peuplant son exil insulaire : Hisaé, l’archéologue qui parcourt les quais submergés à la recherche d’histoires oubliées et qui pêche les oursins à mains nues; ou Narcisse, la biologiste qui surveille la respiration des forêts sous-marines et arpente les pistes de danse aquatiques.
L’écriture de l’autrice de La femme qui fuit exalte tendrement les sens. Et ne donne qu’envie de plonger en elle.