Le milieu culturel québécois n’a plus d’excuse pour son manque de diversité sur scène, à l’écran ou en coulisses. Il peut maintenant se référer à la nouvelle Agence On est là!, qui représente déjà plus d’une centaine d’artistes et artisan.e.s qualifié.e.s issu.e.s des minorités culturelles, de genre, sexuelles ou corporelles.
Dans le lot, on compte autant des finissant.e.s des écoles que des personnes ayant déjà des années d’expérience derrière la cravate. En effet, même si certain.e.s artistes ou artisan.e.s issu.e.s de la diversité ont déjà une carrière établie, des obstacles demeurent.
«Un des plus grands enjeux est que les diffuseurs et les producteurs ne rejoignent pas les communautés sous-représentées», dit la cofondatrice de l’agence Pallina Michelot, elle-même comédienne, metteuse en scène et autrice, qui estime pouvoir faire le pont entre l’industrie et les professionnel.le.s.
Il y a des personnes émergentes qui viennent d’ici, mais il y a aussi des personnes qui cumulent 10 à 20 ans de carrière, qui ont un parcours migratoire ou encore des personnes issues des communautés autochtones qui sont un peu plus laissées dans l’ombre.
Pallina Michelot, cofondatrice de l’Agence On est là!
Concrètement, l’agence offre des services de professionnalisation pour faciliter l’octroi de contrats, dont les premiers en carrière, à des personnes compétentes.
Cela consiste, par exemple, à accompagner les professionnel.le.s dans le processus d’appel de candidatures, explique Mme Michelot.
«Pour les auditions, il y a de plus en plus de selftape. Elles doivent être présentées d’une certaine façon, sinon, automatiquement, ça ne passe pas», illustre-t-elle.
Combattre le tokénisme
Si on voit, dans les dernières années, de plus en plus de représentation à l’écran et sur les planches, les personnes issues des différentes communautés minoritaires sont encore trop souvent confinées à des rôles stéréotypés.
«On suit ce qui se passe dans l’industrie, mais on ne peut pas tout réinventer d’un coup. Ce sont des enjeux et des problématiques sur lesquelles plusieurs communautés et organismes de sensibilisation travaillent vraiment fort. Nous aussi, on va participer à ce travail», déclare Pallina Michelot.
En effet, pour contrer cette problématique, l’agence demande à recevoir l’intégralité des appels de candidatures, pas seulement les rôles spécialisés pour un type de personne.
«Selon les compétences, on va pouvoir placer des gens. Parce que ce n’est pas vrai qu’une personne trans peut seulement faire une personne trans. Elle peut aussi simplement jouer le rôle de la secrétaire, par exemple», poursuit la cofondatrice.
Victime de son succès
En tant qu’organisme sans but lucratif (OSBL) d’économie sociale, l’Agence On est là! a bénéficié notamment de l’appui financier du Fonds Québecor, du Fonds des médias du Canada (FMC) et de Desjardins Caisse de la Culture pour son démarrage et sa mise en place, il y a un an.
Dès les premières rencontres avec les associations, les organisations et les entreprises clés du milieu (dont les télédiffuseurs, les producteurs et les bailleurs de fonds), les cofondateur.rice.s du projet ont senti qu’il y avait une demande de la part du marché.
«C’est ça qui a facilité notre travail, que l’agence ait été si bien accueillie par l’industrie si rapidement», mentionne Pallina Michelot.
Aussitôt les premières représentations du projet faites auprès des acteurs de l’industrie, l’OSBL a commencé à recevoir des appels de candidatures.
«On pourrait presque dire qu’on a été victime de notre succès, du succès de notre idée, lance Pallina Michelot. […] Je dirais qu’on a eu plus d’une soixantaine d’appels de candidatures auxquels on a participé. Facilement, on a été capables de placer une bonne vingtaine d’artistes et d’artisans en moins d’un an».
L’Agence On est là! sera officiellement lancée ce soir à la Cinémathèque québécoise.