Ex-journaliste et étudiant à l’École nationale de l’humour (ENH), fondateur du média satirique Le Navet, Philippe Meilleur a fumé du cannabis, dans sa vie. Beaucoup de cannabis.
Dans son premier essai, 420 grammes, «récit doux-amer d’un accro au pot», l’auteur documente sa consommation avec beaucoup d’humour. De ses premières expériences, à l’adolescence, dans une ruelle de Saint-Eustache, bâton de colle blanche en main, en bifurquant par le passage à vide que fut pour le jeune papa qu’il était le début de la pandémie, en mars 2020, jusqu’au constat final que, bien qu’ayant arrêté de fumer quotidiennement, il sera toujours, en quelque sorte, dépendant au weed, Meilleur raconte sa relation avec l’enivrante herbe, sans l’idéaliser ni la diaboliser.
Dans une plume imagée, parfois cynique ou désabusée, mais aussi pleine d’empathie, Philippe Meilleur arrive à donner un aperçu des effets de la substance même à quiconque craint la «droye» comme la peste: la fatigue constante, la lassitude des longues journées dans l’attente du prochain «bat», la petite «brume dans le front», les fous rires débiles et les rages de bouffe qui remplissent les heures d’un état second…
L’ouvrage est truffé de notes de bas de page comiques précisant la pensée de l’écrivain. Les chapitres de 420 grammes sont ponctués de capsules illustrées en noir et blanc où Meilleur nous explique, sous forme de graphiques ou de listes, par exemple, «Les cinq pires façons pour fumer du pot», «Le top 10 des excuses pratiques pour être toujours gelé», «Le schéma de la table de salon d’un poteux», «L’art de rouler un joint» et autres informations utiles (ou pas)…
Bref, un livre «carrément buzzant», pas du tout politiquement correct, qu’on s’enfile d’un trait (comme deux ou trois bouffées de bon pot, oui), offert par le créateur derrière le roman dystopique Maître Glockenspiel, qui lui a valu le prix Robert-Cliche du premier roman en 2017.
420 grammes, aujourd’hui en vente aux Éditions Cardinal.