Et si les personnes qui ont la COVID-19 longue pouvaient apprendre à mieux respirer grâce à des techniques utilisées par les chanteurs d’opéra? C’est ce que propose un nouveau programme lancé par l’Opéra de Montréal en collaboration avec l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).
Pour le moment, le programme «RESPIRER» est seulement offert à une quarantaine de patient.e.s qui ont développé des séquelles à la suite de leur infection au virus et qui sont suivi.e.s par la clinique de recherche IRCM post-COVID-19 (IPCO). Or, le directeur de l’Action sociale et de l’éducation à l’Opéra de Montréal, Pierre Vachon, souhaiterait élargir ce projet pilote à l’ensemble des personnes aux prises avec des problèmes respiratoires.
Il explique qu’en combinant les techniques de respiration des chanteurs et chanteuses d’opéra à celles utilisées lors des séances de yoga, les participant.e.s des ateliers apprennent à maîtriser leurs muscles intercostaux et leur diaphragme afin de pouvoir respirer plus profondément.
«Ces techniques de respiration et de détente font du bien au corps. Il faut que le corps du chanteur soit détendu pour être capable de bien chanter. Alors on s’est dit: pourquoi est-ce qu’on ne proposerait pas aux patients ces techniques pour voir si ça peut avoir un effet et les aider?» mentionne Pierre Vachon, qui est à l’origine du partenariat.
Cette collaboration permettra d’évaluer les impacts réels de ces ateliers sur le bien-être des participant.e.s. «Même plus d’un an après avoir été infectés, certains de nos patients souffrent encore de fatigue, de troubles respiratoires, d’insomnie et d’anxiété», affirme la Dre Emilia Liana Falcone, qui dirige la clinique de recherche IPCO.
Créer un pont entre l’art et la santé
Créé et conçu par la mezzo-soprano et professeure de chant principale à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal Ariane Girard, le contenu du programme «RESPIRER» a été quant à lui développé par la mezzo-soprano et professeure de yoga Charlotte Gagnon.
On n’est pas là pour la performance. On est là pour se libérer, pour s’entraîner en toute sécurité, s’entraider et pour se connecter ensemble par le chant.
Charlotte Gagnon, qui anime les ateliers
Puisque les ateliers virtuels sont enregistrés et mis en ligne le lendemain, les participant.e.s ont aussi la possibilité de s’exercer entre chaque séance. «La base de notre art, c’est la respiration, donc je pense qu’on peut aider [les patients] avec une sorte de méthode alternative, un traitement alternatif. En tout cas, ça ne peut pas nuire», dit Pierre Vachon.
L’Opéra de Montréal indique être sensible à l’hétérogénéité de la COVID longue, tant sur le plan des symptômes qu’à propos du degré de sévérité de la maladie, ainsi qu’aux limitations de chacun.
C’est pourquoi la Dre Emilia Liana Falcone, qui connaît chaque dossier médical, assiste également aux ateliers. Elle peut ainsi répondre aux questions d’ordre médical au fur et à mesure de ceux-ci.
«Chaque cas est différent, souligne Pierre Vachon. Il faut être très respectueux des symptômes et des malaises. Il y a des mises en garde qu’il faut faire parce que les patients arrivent tous avec toutes sortes de problèmes et de pathologies.»
Le premier atelier a été donné le 15 mars et le dernier est prévu pour le 22 avril 2022.