Lost Soul d’Anik Jean: Choisir l’exil
C’est après avoir compris le fil conducteur de son dernier album Lost Soul qu’Anik Jean a imaginé un film sans dialogue, mais avec les pièces de l’album en guise de narration.
«La vraie liberté consiste à pouvoir choisir sa prison», dit-on parfois. Malgré leur apparent bonheur tranquille, certaines âmes éprouvent le besoin de s’arracher à la quotidienneté. On entend parfois des histoires d’hommes qui ont fui leurs responsabilités, mais il très rare que le protagoniste soit une femme. C’est le cas ici. «Comme dans le film, il m’est arrivé souvent, dans ma relation, d’être assise à côté de l’homme que j’aime et de ne pas lui dire tout ce que je ressentais. De garder mes tourments à l’intérieur de moi en me disant que cela finirait par passer. C’est sûr qu’il y a une grande part de moi dans cette histoire, même si je sais que je ne quitterai jamais mon enfant et mon mari», explique Anik Jean en parlant de l’une des scènes pivots du film.
«Un moment fort qui a touché toutes les personnes, hommes et femmes, qui l’ont vu», ajoute le coréalisateur Jean-François Bergeron. Lui qui est devenu ami avec Anik pendant qu’il montait le film de son mari Patrick Huard Les 3 P’tits Cochons (2007). Ce qui l’a amené, après avoir composé une chanson sur Garage Band, à l’envoyer à la chanteuse qui a gardé le silence un moment avant de lui renvoyer une version remaniée. «J’étais sous le choc, tellement c’était beau!» confie l’auteur.
La chanson en question c’était Closer. Une ballade avec laquelle elle est «tombée en amour» et qui est devenue le premier extrait de l’album Lost Soul. Puisqu’elle l’imaginait en duo, elle a invité le ténébreux Richard D’Anjou, l’ancienne figure de proue de la légendaire formation Too Many Cooks, à chanter avec elle. Finalement, c’est lui qui joue aussi le rôle de son mari dans Lost Soul.
«Nous nous sommes embarqués là-dedans en toute humilité, même si nous sommes très fiers du résultat. C’est un film honnête, sans artifice ni financement, mais fait avec de bonnes intentions. Il est pur, et j’espère que les gens vont le recevoir ainsi.» -Jean-François Bergeron, coréalisateur
Le film musical, d’une durée d’une heure, sera présenté en première mercredi soir aux Rendez-vous du cinéma québécois, comme on le faisait à l’époque du cinéma muet : projection sur écran et cinq musiciens sur scène, en plus d’elle-même au piano, pour jouer la bande sonore. Ce qui permettra aux spectateurs de plonger dans les magnifiques régions de la Matapédia et de Bonaventure, en Gaspésie, où il a été tourné avec très peu de moyens, selon le bon principe du «do it yourself».
En plus du duo susmentionné, Lost Song met en vedette Nathan, le fils du couple Jean-Huard, ainsi que Liam Condo, un jeune Métis promis à un bel avenir à l’écran, en plus d’amis gaspésiens non acteurs d’Anik et de Patrick Huard, qui y joue un rôle secondaire. Et pourquoi pas celui de son mari?
«Depuis le début de notre relation, j’ai pris une pause sur le plan professionnel et j’ai mis notre enfant au monde. J’ai donc été “la femme de” pendant un moment. Il est très difficile de se débarrasser de cette image en raison de la grande notoriété de Patrick. J’ai pensé à lui au début, mais je me suis dit que toute l’attention se porterait sur notre couple et non sur le film. Or, je crois que ce dernier est assez fort pour avoir son propre destin. En plus, on voulait faire nos preuves comme cinéastes. Je pense que nous avons très bien réussi!» s’enthousiasme la belle, qui aurait été pressentie pour jouer le rôle principal dans une biopic sur… Nanette Workman! Une autre fonceuse. Bang!
Lost Soul
Au Théâtre Outremont
Mercredi à 20 h