Le Show du Refuge: un phare dans la nuit

C’est une brochette d’artistes des plus éclectiques qui a célébré les 25 ans du Refuge des jeunes à la salle Wilfrid-Pelletier mercredi soir.
«Qui te soignera? Qui te guérira? Ta cassure est grande comme la mer…». C’est avec le très beau Chant de la douleur, écrit par la regrettée Denise Boucher, que le collectif de la soirée a ouvert le spectacle, entouré d’une douzaine de musiciens. Façon de dire «On va s’amuser, certes, mais sans oublier pourquoi on est là: les jeunes poqués de la rue.»
Ce fut ensuite la complice de toujours de Dan Bigras, Laurence Jalbert, une résiliente s’il en est, qui est venue chanter Tomber en taquinant ce dernier, bon joueur notamment quand il poussait les hautes.
Le plaisir était au rendez-vous, donc. Notamment quand la panthère noire Gaya est venue livrer une version des plus sexys d’Alexandrie Alexandra, vieux tube de Claude François, chauffée aux percussions par une Élizabeth Blouin-Brathwaite toujours efficace.
Ce fut ensuite Uptown Funk Medley qui a fait danser la salle archicomble, même aux balcons, notamment grâce à la prestance de Lulu Hughes qui en était à sa douzième présence à ce classique annuel.
«Ils ont offert un doctorat honorifique à Céline Dion qui, comme moi, n’a qu’un secondaire 4. Peut-être m’accordera-t-on un secondaire 5 honorifique un jour?» – Dan Bigras, en présentant Qu4rtz
La première ovation spontanée de la soirée est venue quand le quatuor vocal Qu4rtz a livré une interprétation du classique Hurt avec Bigras. Puis, les quatre gars ont dégoupillé une version explosive du Papaoutai de Stromae.
Parmi les autres moments forts, notons l’arrivée de Ginette Reno sur scène pendant les premières notes de Mon ange, d’Éric Lapointe. Ovation. Erreur dans les paroles. Reprise. Re-ovation à notre Ginette nationale.
Le rockeur, qui l’avait écoutée assis sagement, a interprété le dernier couplet avec elle avant de lui rendre la politesse avec une version mâle et bien sentie de L’essentiel, le grand succès de Mme Reno.
Au moment d’écrire ces lignes, Catherine Major, en ouverture de la seconde partie, chantait la magnifique La luciole.
«Je resterai au Refuge tant que je ferai une différence» avait dit Dan Bigras au début des années 1990. Vingt-cinq ans plus tard, l’organisme qui vient en aide aux jeunes de la rue a franchi le cap des 5 M$ amassés et a offert plus de 11 500 nuitées et 23 000 repas. Bigras peut marcher la tête haute. Et, grâce au Refuge, des centaines de jeunes aussi.