Culture

Kurios, ou la science des rêves

Jeudi soir, c’était la grande première de Kurios, la 35e production du Cirque du Soleil. Ce qui se cache dans ce Cabinet des curiosités nous intriguait. On n’a pas été déçu.

Conçu et mis en scène par Michel Laprise, Kurios est une drôle de bestiole. Une belle bestiole. Quand ce curieux spectacle commence, un train entre en gare et déverse ses voyageurs sous le chapiteau du Cirque. Ce sont des personnages bariolés qui tiennent à la main des valises vintage, portent des casquettes de la vieille école ou des chapeaux melon. Il y a de la fumée, une atmosphère qui oscille entre celle d’un magasin d’antiquités et celle d’une boutique de jouets anciens.

Les couleurs de cet univers sont cuivrées, marron, parsemées de teintes d’orangé. Tout est accompagné par des notes tantôt klezmer, tantôt rappelant l’ambiance du Paris du début du siècle dernier, tantôt encore faisant penser à ces mélodies qui s’échappent des boîtes à musique. Accordéon, piano et violon sont à l’honneur. La majorité du temps, une chanteuse module le tout de sa voix aérienne, onirique.

Les accessoires ont, eux aussi, un look joliment vieillot: des gramophones, des bicyclettes, des quilles, une montgolfière. Dans ce monde qui évoque doucement celui de Michel Gondry (voir: le numéro avec les nuages en début de deuxième partie), réalité et rêve s’entremêlent. Parmi les êtres au style plus terre à terre (enfin, aussi terre à terre qu’on puisse l’être dans ce contexte) se baladent aussi des créatures aux drôles de bettes, des genres de scaphandriers un peu dodus. Et puis, il y a également un «cirque invisible», qu’on nous présente en guise d’interlude comique. Un cirque dont tous les membres sont… oui, c’est ça, invisibles. Ça pourrait être un peu moyen, mais ça fonctionne, c’est rigolo. Un lion (invisible) rugit, un homme (invisible) fait des acrobaties.

Plus tard, une dame de petite taille apparaît dans la panse d’un monsieur. Elle est d’une grande élégance dans son étole de vison. Dans un moment particulièrement impressionnant, on verra un homme se tenir en équilibre sur une tour précaire faite de cubes et de cylindres. On le surnomme le Rola Bola et il est incarné par un artiste colombien au nom aussi magique que l’est son personnage: James Eulises Gonzales Correa. D’ailleurs, une fois de plus, on ne peut qu’admirer les acrobates, équilibristes, jongleurs qui exécutent des choses complètement irréelles, comme ces contorsionnistes vêtues de léotards aux motifs d’écaille qui créent des tableaux humains d’une grande beauté.

Kurios – Cabinet des curiosités
Vieux-Port de Montréal
Jusqu’au 13 juillet

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