Depuis le 13 avril, sur le site internet de Télé-Québec, trois animateurs d’origine immigrante, Aïcha Bastien-N’Diaye, Youssef Shoufan et Vanessa Destiné, décolonisent l’histoire. C’est la deuxième saison de cette émission, format documentaire, qui explore 10 chapitres méconnus de l’histoire québécoise.
De la ségrégation raciale des personnes noires aux déplacements forcés des membres de la nation naskapie, en passant par «La rafle», un programme d’adoption forcée d’enfants autochtones, le mouvement McGill français et le travail des aides domestiques antillaises, «Décoloniser l’histoire» passe l’ensemble de ces périodes au peigne fin.
L’histoire n’est pas neutre et elle n’est pas objective. Elle peut être instrumentalisée. Elle comporte énormément d’angles morts parce que généralement elle est écrite par les vainqueurs. Des histoires oubliées et enfouies qu’on tente de dépoussiérer.
Vanessa Destiné, une des trois personnes qui animent l’émission, en entrevue avec Métro.
Sur les dix épisodes que comporte l’émission, encore une fois, Mme Destiné en présente au moins quatre à elle seule: le mouvement McGill français, l’histoire des aides domestiques au Québec, la ségrégation des personnes noires au Québec et la grève des ouvriers de l’amiante de 1949.
L’animatrice évite de considérer qu’il s’agit d’une réécriture de l’histoire. Elle préfère évoquer, d’un point de vue culturel, un «processus de réaffirmation, de contrôle sur le narratif». Et sur le plan politique, la journaliste et animatrice considère l’émission comme la reprise d’une «forme d’émancipation face à son colonisateur».
Lumière sur les Autochtones
La première saison avait consacré au moins 5 épisodes sur dix aux Autochtones et tout ce qu’ils ont subi à travers l’histoire. Il y a quasiment autant de séquences qui leur sont consacrées au cours de cette saison. On parle beaucoup de racisme anti-noir dans les médias ces jours-ci, mais «les Noirs n’ont pas le monopole en matière de la victimisation du racisme», rappelle Vanessa Destiné, pour démontrer que les Premières Nations ont vécu et vivent encore du racisme.
Pour décoloniser l’histoire, l’équipe de l’émission s’appuie sur des coupures de journaux, extraits vidéo de l’ONF, des témoignages entre autres. Les faits historiques en matière de racisme, de discrimination sont tellement nombreux que les animateurs étaient dans l’embarras du choix. «Il nous a été plus difficile de faire des choix devant l’immensité d’histoire à raconter», révèle Vanessa Destiné.