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Utopie, dystopie, uchronie: faites la différence! 

Image tirée de l'adaptation télévisuelle du roman «La servante écarlate» écrit par Margaret Atwood en 1985.

Utopie, dystopie, uchronie, faites-vous la différence? Métro vous l’explique et fait quelques suggestions «made in Québec» ou ailleurs afin de (re)découvrir ces sous-genres liés de près ou de loin à la science-fiction.  

Tandis qu’une utopie présente un monde idéal – du moins, du point de vue de l’auteur.rice –, la dystopie présente un avenir sombre ou parfois même une utopie qui vire au cauchemar. 

Si ces deux sous-genres se déroulent généralement dans un futur plus ou moins proche, ce n’est pas nécessairement le cas de l’uchronie, qui peut avoir lieu dans le présent ou même le passé.  

Utopie 

Selon Mathieu Lauzon-Dicso, libraire-propriétaire de la Librairie Saga et coresponsable de la collection VLB imaginaire, «une utopie est un non-lieu, un pays imaginaire où l’ensemble de la vie sociale est minutieusement organisé de façon à ce que tout y soit harmonieux», peut-on lire dans son lexique disponible sur le site de Lettres québécoises (LQ)

Lorsque Métro demande au libraire de citer des exemples d’utopies québécoises, ce dernier répond que «des utopies pures et dures, c’est rare et généralement ennuyant».  

«On a plus tendance à voir, depuis peu, des dystopies se transformer en monde meilleur», précise-t-il, donnant l’exemple de deux romans publiés chez VLB, Le Livre ardent d’Andréa Renaud-Simard et Les lignes invisibles de Su J. Sokol

Se déroulant dans un futur proche, Les lignes invisibles met en scène une famille américaine de gauche qui fuit son pays despotique, afin d’immigrer clandestinement à Montréal, devenue ville sanctuaire.  

Anecdote intéressante, Su J. Sokol, comme ses personnages, a quitté les États-Unis il y a plusieurs années pour s’installer à Montréal. 

Dystopie 

Un récit dystopique met quant à lui en scène «une société futuriste qui prive ses citoyen.ne.s de leurs libertés individuelles et collectives, de leur bonheur, voire de leur humanité. Dans ce contexte néfaste, chacun.e est surveillé.e, contrôlé.e et puni.e afin que soit maintenu l’ordre au profit de certain.e.s privilégié.e.s», selon le lexique disponible sur le site de LQ.  

Mathieu Lauzon-Dicso fait d’ailleurs une distinction entre récit dystopique et récit postapocalyptique. Dans ce dernier cas, «souvent, la société est à terre, il n’y a pas d’ordre, de contrôle des droits sociaux, c’est donc la loi du plus fort, explique-t-il. C’est le chaos, alors que la dystopie, c’est le contrôle, la stabilité, au profit d’une élite ou d’un groupe dominant.» 

Les romans 1984 de George Orwell – dans lequel la planète est divisée en trois grands États, dont celui de l’Océania, dirigé par un Parti unique surveillant tous les faits et gestes de ses sujets et ayant pour chef Big Brother – et La servante écarlate de Margaret Atwood – qui dresse un réquisitoire sans appel contre tous les intégrismes, mettant en scène une république fondée par des fanatiques religieux – sont des exemples classiques de littérature dystopique. 

Uchronie 

Avant de définir l’uchronie, précisons que ce genre peut également être une dystopie ou une utopie. En revanche, tandis que l’utopie est un «non-lieu», l’uchronie est un «non-temps», explique le lexique de LQ.  

«À partir d’un point de divergence historique, l’uchronie imagine un enchaînement d’événements différents de ceux connus. C’est le fameux “Et que se serait-il passé si…?”», est-il résumé sur le site de LQ

La proposition la plus connue dans le genre concerne la Seconde Guerre mondiale. «Et si les Allemands avaient gagné la guerre?», s’interrogent certaines œuvres uchroniques, comme Le maître du Haut Château de Philip K. Dick, publié en 1962, ou encore la franchise vidéoludique Wolfenstein

Un autre classique dans le genre, cette fois-ci du côté de la bande dessinée, c’est Watchmen d’Alan Moore, œuvre dans laquelle les États-Unis ont remporté la guerre du Vietnam grâce à un surhomme aux pouvoirs illimités, ce qui permet à Richard Nixon d’être élu président à cinq reprises.  

En matière de littérature québécoise, Mathieu Lauzon-Dicso donne l’exemple des séries de fantasy Reine de mémoire et Voix des pierres d’Élisabeth Vonarburg, dans lesquelles Jésus a une sœur, ce qui fait que «toute l’histoire des religions est différente de la nôtre». 

Le concept peut également s’appliquer à l’indépendance du Québec. «Et si les Québécois avaient voté en faveur du oui en 1980» est la proposition de Daniel Sernine dans son roman Chronoreg, publié en 1992. Dans ce récit, une guerre oppose un Québec souverain à Terre-Neuve et au Canada qui veulent s’approprier les riches ressources hydroélectriques du Labrador.  

À l’inverse, d’autres romans ont opté pour une version plus lumineuse d’un Québec indépendant. C’est le cas du roman Maudite sloche de Carol Courchesne, paru l’automne dernier. Si l’aspect uchronique du récit sert surtout de toile de fond, plusieurs éléments positifs découlent de l’indépendance du Québec dans ce livre, laquelle permet entre autres des relations plus harmonieuses avec les nations autochtones.  

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