Hubert Lenoir, notre artiste de l’année
L’auteur-compositeur-interprète Hubert Lenoir est l’artiste de l’année, selon Métro. Parce que son deuxième album, l’expérimental et hors norme Pictura de ipse: Musique directe, lui a valu une panoplie de prix. Parce qu’il a déménagé tout l’été son spectacle furieusement enlevant sur les scènes des festivals phares du Québec. Et, surtout, parce qu’il s’affirme sans concession.
Foisonner d’idées
« Je sens qu’il y a un avant et un après-Pictura », commence Hubert Chiasson, de son véritable nom, en entrevue avec Métro. « Je suis extrêmement fier d’avoir exécuté mon idée, du rendu de l’album et des portes qu’il m’a ouvertes avec plein d’artistes en France, mais aussi des portes dans ma tête, des possibilités. Le succès de cet album m’a prouvé que je pouvais faire ce que je voulais, que je pouvais avoir confiance en mes idées et continuer à aller dans ce sens-là. »
Et des idées, l’artiste de 28 ans en a plein la tête : musique, spectacles, collaborations. Son « obsession » est de les laisser jaillir et de les accomplir, sans se formaliser de plans prédéfinis. Il le sait : ses deux albums ne sont que « la pointe de l’iceberg » de tout ce qui peut advenir.
S’il ne peut en révéler davantage pour le moment, Hubert Lenoir glisse qu’il travaille à l’heure actuelle sur une musique de film, en plus de collaborer avec d’autres artistes.
« C’est une autre obsession en ce moment : essayer d’embarquer les autres dans mes projets. Je n’ai pas toujours besoin d’exécuter moi-même mes idées, de tenir le rôle principal, parce qu’elles ne sont pas nécessairement adaptées à ma personne », affirme le résident de Saint-Roch, à Québec, où il vit avec sa compagne, Noémie D. Leclerc.
Bien qu’écrire des chansons pour d’autres l’allume, il désire toujours composer et interpréter sa propre musique, assure celui qui se considère de prime abord comme « quelqu’un qui écrit de la musique et des albums ».
« L’écriture d’un album reste pour moi la manière la plus intéressante de raconter une idée musicale. Je crois encore que c’est le plus relevant, ou du moins, ce qui artistiquement m’attire le plus », expose l’auteur de Secret.
Des États-Unis à la France
Parmi ses moments les plus marquants de l’année, Hubert Lenoir souligne ses tournées aux États-Unis et en France — dont deux concerts à guichets fermés à Paris —, évoquant par la bande son concert aux Francos de Montréal, son « plus gros show à vie ».
Je pense que mon public s’élargit parce que ma vision de la musique évolue, ma façon de travailler évolue. Mes nouvelles idées vont peut-être chercher du monde qui ne connaissait pas ce que je faisais, mais à qui l’album va parler.
Hubert Lenoir, auteur-compositeur-interprète
Après s’être consacré à la création de Pictura de ipse durant la pandémie, c’est au pays de l’Oncle Sam qu’Hubert a renoué avec son public.
« Que notre premier show soit en Virginie et que des gens qui ne parlent pas français chantent les paroles, c’était un feeling extrêmement weird. Après autant de temps à ne pas faire de spectacles, c’était malade », se remémore-t-il.
En France, la réception à son égard s’est amplifiée, a-t-il constaté, avouant avoir ressenti un effet de consécration. À Paris, des gens le reconnaissaient, et certaines de ses idoles françaises lui ont même dit aimer sa musique.
« Partout où j’allais, il se passait quelque chose autour de ma musique et de l’album, s’émerveille Hubert Lenoir. C’était aussi vraiment cool humainement. » Car au-delà de l’art de la prestation, il chérit véritablement le contact avec le public.
Louanges d’une idole et du public
Hubert Lenoir a vécu un grand moment, en septembre, lorsque Robert Charlebois lui a rendu un vibrant hommage au gala de la Fondation SPACQ. Celui qu’il admire profondément l’a décrit comme un descendant de Trenet, d’Aznavour et de Ferré, trois artistes qui, aux yeux de l’auteur de Je reviendrai à Montréal, étaient des révolutionnaires avant de devenir des classiques. « J’étais sur un nuage pendant six jours après », dit le Baron bandit.
« Robert Charlebois représente tellement pour moi le symbole d’être qui on est comme artiste, explique-t-il. Je l’admire pour sa musique, mais aussi pour l’idéologie derrière ce qu’il fait. Et quand tu rencontres quelqu’un dont tu admires l’idéologie, on dirait que tu veux le rendre fier, qu’il ne te voie pas comme un fake ass. On connecte sur le fait d’être de notre époque, d’essayer des trucs, de faire des choses qui nous font triper et qui font triper les autres. »
Dans cette veine, la plus importante victoire aux galas de l’ADISQ pour Hubert n’est pas d’être reparti les bras débordant de Félix, mais bien qu’un album atypique comme le sien ait obtenu autant de reconnaissance et qu’il ait pu offrir une prestation telle qu’il l’entendait, quitte à déranger.
Il a d’ailleurs remporté le prix qu’il briguait le plus, celui d’interprète de l’année, attribué par le public. Une manière pour lui de réfuter les gens qui proclament que personne n’aime sa musique. « Je ne peux pas être juste écouté dans un microcosme montréalais si je gagne le prix du public. Ça prouve que du monde me soutient », énonce-t-il, souhaitant que cette reconnaissance leur ouvre des portes, à lui et à tous ceux et celles qui s’affranchissent des normes.
Devant la profusion d’artistes aux divers horizons, Hubert Lenoir se réjouirait de percevoir davantage de curiosité et d’ouverture envers ce qui se fait en musique. Souhaitons que son souhait se réalise.