Cancer et adolescence: «C’est la pire chose qu’on pouvait m’annoncer»
En entrevue à Tout le monde en parle, André Robitaille a présenté le documentaire La vie devant moi, qui relate le quotidien d’adolescents qui vivent avec le cancer. Une expédition qui croise l’insouciance de la jeunesse avec la froideur de la mort.
Accompagné de Loryanne Côté, une des adolescentes du documentaire désormais en rémission, André Robitaille a pu suivre des cohortes d’adolescents malades. Ceux-ci partent en expédition dans la nature grâce à l’association Sur la pointe des pieds afin de s’extirper de leur quotidien rythmé par les chimiothérapies. Un quotidien difficile à vivre qui commence par l’annonce du diagnostic. Pour Loryanne, ça a commencé à 17 ans.
C’est la pire chose qu’on pouvait m’annoncer. Sur le coup, j’étais sous le choc. […] Une solitude est apparue, une solitude que je n’avais jamais ressentie parce que j’étais toute seule à vivre ça. Personne ne pouvait comprendre, c’était quoi de recevoir de la chimio dans le corps, de s’arracher les cheveux par poignées.
Loryanne Côté en rémission d’un cancer des ganglions.
André Robitaille s’est associé au projet de documentaire parce que la dichotomie du thème l’attirait. «L’adolescence, c’est le moment où tu veux t’affranchir. Tu veux être libre, tu veux être fou, tu veux être avec ta gang. Et c’est l’inverse que le cancer t’impose. L’adolescence et le cancer, c’est ce que je voulais développer», a t-il expliqué.
André Robitaille aime à se persuader que la nature, «ça peut guérir l’âme». «Être autour du feu, avironner ensemble, être dans les sentiers ensemble, ça crée des liens. Ce qui était extraordinaire, c’est que les jeunes pouvaient se rencontrer. […] Je pense que la nature peut guérir l’âme.»
Loryanne a décuplé sa résilience grâce à son entourage et à sa «volonté de pouvoir réaliser tous ses projets». Même si ses examens sont de plus en plus éloignés, «on est rendu aux six mois», dit-elle. Loryanne vit dans la peur de la rechute. À 19 ans maintenant, elle dit vouloir «foncer et ne plus y penser».
L’une des participantes de 13 ans n’a finalement pas survécu à la maladie, et le documentaire lui est dédié. La vie devant moi sera présenté samedi prochain à Radio-Canada.
Le difficile retour à la réalité après le coma
Florence Longpré et Guillaume Lambert présentent la nouvelle série Audrey est revenue, qu’ils ont co-écrits. Florence y joue le rôle principal où Audrey se réveille après 16 ans d’un coma dans un monde qu’elle ne reconnait plus. Elle doit tout réapprendre. Guillaume, lui, n’a «pas trouvé sa place» dans la série puisque le tournage de son film Niagara l’a accaparé, il a donc laissé les rênes du jeu à Florence.
De son côté, Florence Longpré a trouvé le rôle d’un grande complexité puisqu’il a fallu transmettre de l’émotion sans être volubile. Audrey ne parle que très peu même si c’est le premier rôle. «Le fait que l’on ne tourne pas dans le bon ordre faisait que dans une même journée, je me retrouvais au départ de sa réhabilitation puis complétement à la fin. Il y avait aussi tout le réapprentissage au niveau du langage, c’était quand même élevé des fois. Sans blague, j’ai eu peur de me planter», explique-t-elle.
La difficulté du rôle réside dans la capacité à se montrer dans un «état de confusion», à ne pas «être présente sans paraître dingo», précise Mme Longpré. D’ailleurs, les deux co-auteurs se sont inspirés de témoignages reçus de patients pour que la série gagne en fidélité.
Guillaume Lambert s’est dit très fier et honoré de la prestation de sa co-autrice. «Je le dis ici, je trouve que c’est l’une des plus grandes performances que tu as faite. Tu l’as fait avec une telle sensibilité alors qu’on la voyait [Florence] jouer des filles mal engueulées.» Disponible sur Club illico, la série comprend 10 épisodes de 30 minutes.