Divergence d’opinions entre Plante et Coderre sur le statut des artistes
La mairesse sortante Valérie Plante critique la proposition de Denis Coderre voulant donner le statut d’intermittent aux artistes montréalais. Selon elle, cette mesure n’est pas suffisamment «concrète», puisqu’elle relèverait des autres paliers gouvernementaux.
Les deux candidats à la mairie ont participé lundi à une rencontre animée par la directrice générale de Culture Montréal, Valérie Beaulieu. Ils ont chacun leur tour exprimé leur vision sur différents enjeux de la vie culturelle montréalaise, notamment les ateliers d’artistes et le patrimoine.
Inspiré par ce qui se fait en France, Denis Coderre a détaillé sa proposition visant à donner aux artistes montréalais le statut d’intermittent. Cela permettrait selon lui de fournir aux créateurs un revenu d’assurance-emploi entre deux contrats, ce dont bénéficient déjà les travailleurs saisonniers, entre autres.
Cette mesure relèverait vraisemblablement du gouvernement fédéral. «Ce n’est pas Montréal qui va payer ça, mais fiez-vous sur moi, je suis fatigant», a déclaré le chef d’Ensemble Montréal, ajoutant : «Je connais un gars à Ottawa.»
Selon lui, ce statut permettrait aux artistes de «vivre de leur création». Ce serait également une marque de respect pour ces derniers, qui ont été particulièrement éprouvés par la pandémie.
Questionnée par Métro au sujet de cette proposition, la mairesse Valérie Plante a répondu : «La France est un pays, Montréal est une ville. Si le projet venait du fédéral ou du provincial, [je l’appuierais] fort probablement, mais ça va prendre un certain temps.»
La cheffe de Projet Montréal dit vouloir privilégier des mesures «concrètes» afin de soutenir les artistes. «Quand je propose quelque chose, c’est concret, c’est chiffré, c’est cohérent, c’est approfondi», a-t-elle déclaré.
Elle cite en exemple l’enveloppe de 30M$ annoncée par son administration pour pérenniser et développer les ateliers d’artistes.
En accord sur certains points
Plus tôt lundi, Projet Montréal et Ensemble Montréal ont chacun présenté leurs engagements électoraux pour la relance culturelle de la métropole. Les deux formations sont d’accord sur certains points, dont la nécessité de valoriser davantage la culture.
«Ce n’est pas normal que la culture soit le parent pauvre, il va falloir qu’on réalise que c’est une industrie», a déclaré M. Coderre.
Sa rivale a rappelé que la culture représente 8G$ en retombées économiques annuelles dans la région métropolitaine. «La culture est un des piliers de la relance de Montréal», a-t-elle ajouté.
Mme Plante et M. Coderre sont également d’accord sur certains grands principes, comme le besoin de soutenir les ateliers d’artistes et de protéger le patrimoine. Tous deux sont également prêts à financer le projet d’ambassade culturelle autochtone DestiNATIONS, à augmenter le budget du Conseil des arts de Montréal et à tenir un nouveau «Rendez-vous Montréal, métropole culturelle».
Denis Coderre a néanmoins décoché une flèche à son adversaire sur la question du patrimoine. «Je suis un peu choqué qu’il ne se soit pas fait grand-chose avec la bibliothèque Saint-Sulpice et le couvent des Religieuses Hospitalières».
Il reproche également à l’administration en place qu’«on attend toujours» le projet de bibliothèque dans Montréal-Nord. La mairesse sortante a réitéré cet engagement.
Mme Plante a pour sa part déploré que, pendant le mandat de M. Coderre, quatre postes d’agents de liaison des bibliothèques, qui permettaient de créer des ponts entre les citoyens et ces institutions, aient été supprimés. Elle compte les ramener dans «certains coins particuliers».
Le parti Mouvement Montréal, qui a annoncé vendredi sa fusion avec Ralliement pour Montréal, n’a pas participé à cet échange, car il ne répondait pas aux critères de Culture Montréal au moment de l’organisation de la rencontre. L’aspirant maire Balarama Holness est invité à partager sa vision pour la culture de Montréal dans les prochains jours.