Les journalistes de Métro vous livrent leur sept coups de cœur culturels de la semaine dont De ta force de vivre, Combats et métamorphoses d’une femme, Live dans le plaisir et d’autres.
De ta force de vivre
Marie-Eve Perron livre un monologue corrosif, touchant et profondément humain au Théâtre La Licorne. L’autrice et comédienne lève le voile sur l’un des plus grands tabous de notre société : la mort. En relatant le deuil de son père, elle raconte aussi tous nos deuils, y compris les petits et les grands déchirements que nous avons dû traverser en tant que collectivité au cours de la dernière année. Tantôt sur le ton de l’autodérision, tantôt sur celui du documentaire, Marie-Eve Perron évoque l’angoisse de notre mortalité et la perte de sens qui l’accompagne. Au son de la musique et des voix qui peuplent sa mémoire, on ne peut que s’identifier à cette histoire vieille comme le monde : la perte à la fois inévitable et inacceptable d’un être cher.
Charlotte Mercille
Combats et métamorphoses d’une femme
Dans son dernier roman – écrit en écho à En finir avec Eddy Bellegueule et Qui a tué mon père – Édouard Louis raconte sa mère, décrit leurs rapports au passé et au présent. Avec toujours autant de finesse dans la démarche et l’écriture, l’écrivain observe une existence empreinte de violences: de classe d’abord, à l’image de ses précédents ouvrages, et celle d’être une femme. Puis, les paragraphes et les pages défilent, et nous assistons à une véritable métamorphose émancipatrice. Une lecture puissante!
Aux éditions du Seuil
Amélie Revert
Live dans le plaisir
Ce film musical des Trois Accords réalisé par Louis-Philippe Eno porte bien son nom. Qui aurait cru avoir autant de plaisir à regarder les musiciens revisiter leurs succès en studio devant des projections vidéo tirées de banques d’images stock? Sans réinventer le genre, Les Trois Accords offrent de chouettes réinterprétations de leurs chansons les plus connues, avec, en trame de fond, tantôt des animaux exotiques, tantôt des grillades alléchantes. Les intermèdes entre chaque chanson – loufoques, à l’image du groupe – font particulièrement rire.
En salles
Marie-Lise Rousseau
Les Dialogueuses
Le collectif féministe Les Péripatéticiennes poursuit la diffusion de son précieux balado. Pendant plus d’une heure, une experte répond avec profondeur et sincérité aux questions sur un thème précis. Discussions autour de l’engagement avec Chantal Arseneault, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale; de la théorie queer avec Joëlle Rouleau, professeure adjointe spécialisée en études de genre à l’UdeM ou de la diversité en culture avec Gayance. On n’a jamais fini de s’éduquer!
Sur les plateformes d’écoute
Amélie Revert
Chat chat chat
Ils s’appellent Monsieur Rémi, Madame Bruno, Ponpon, Lola, Shakur, Sushi, Tuna, Chicken… Ils sont parfois farouches parfois boudeurs, mais toujours mignons. S’ils procurent affection et réconfort – surtout en confinement –, ils peuvent aussi être «le diable en personne», comme celui qui rôde autour de l’immeuble de l’artiste Arizona O’Neill. C’est elle qui pilote ce fort sympathique numéro spécial de la revue Zincconsacré aux chats, auquel collabore une trentaine da talentueux auteurs et illustrateurs québécois, dont Sophie Bédard, Jimmy Beaulieu et Cathon.
En kiosques
Marie-Lise Rousseau
Can My Daughter See Me From Heaven de No Joy
L’EP fraîchement sorti de No Joy, le projet aux origines shoegaze de Jasamine White-Gluz, propose cinq reprises radicalement fantasmagoriques. Quatre titres de son précédent disque Motherhood et un de Deftones sont ainsi revisités et expérimentés dans une dream pop féérique et organique aux accents parfois folk. La dernière chanson, Dream Rats, est quant à elle aussi surprenante que l’ensemble à la première écoute, et nous fait croire qu’il y a toujours du bon dans le changement.
Sur les plateformes d’écoute
Amélie Revert
Mare of Easttown
On ne compte plus les rôles marquants de Kate Winslet. Le plus récent est celui de Mare, détective d’une petite communauté tissée serrée de Pennsylvanie. En même temps qu’elle enquête sur le mystérieux meurtre d’une jeune fille, elle tente de soigner ses blessures personnelles. Dans la peau de cette jeune grand-mère endurcie par la vie, l’interprète de Rose dans Titanic est terriblement convaincante. Plus largement, cette minisérie créée par Brad Ingelsby est bien ficelée, l’intrigue se dévoilant toujours au bon rythme.
Sur Crave et HBO
Marie-Lise Rousseau
Et on se désole pour…
La disparition de Charles Grodin
Il avait marqué notre imaginaire d’enfant en incarnant George Newton dans les deux premiers films de la saga Beethoven. Charles Grodin est décédé cette semaine à 86 ans, alors qu’il était atteint d’un cancer de la moelle osseuse. C’est donc avec beaucoup de nostalgie et d’affection qu’on se souvient de son rôle de père de famille qui adopte – malgré lui, l’air boudeur et dépassé – un Saint-Bernard d’abord, puis deux, puis trois, etc. Amélie Revert