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«La colère des doux»: le futur englué dans la pensée en vase clos

Olivier Morin, Guillaume Tremblay et Navet Confit forment le Théâtre du Futur. Photo: Courtoisie

Dans La colère des doux, le Théâtre du Futur nous donne un avant-goût du Québec de demain, alors qu’une révolution «plus tranquille que jamais» nous divisera plus que jamais.

Dans sa boule de cristal, la compagnie formée d’Olivier Morin et Guillaume Tremblay aux textes et de Navet Confit à la musique a vu ce que l’avenir nous réserve: un Québec fragmenté formé de plusieurs communautés isolées vivant en vase clos.

Alerte au divulgâcheur : il y aura de la glu télépathique et des références au téléroman Scoop.

D’abord, qui sont «les doux» et pourquoi sont-ils en colère?

Olivier Morin (O.M.) : Les doux, ce sont nous tous en fait. C’est vraiment une histoire dont vous êtes le héros. Une guerre civile éclatera au Québec et comme tout le monde est à fleur de peau, il y aura une grande polarisation. Comme on n’aime pas la chicane ici, le réflexe des doux sera de se retrouver en gang avec du monde qui leur ressemble. Cet éclatement fait qu’on se retrouvera dans une myriade de petites communautés qui vivront de façon complètement isolée les unes des autres.

Vous avez transposé dans la vraie vie les chambres d’échos qu’on retrouve sur les réseaux sociaux à cause des algorithmes. Comment ce phénomène vous a-t-il inspiré?

O. M. : On voulait pousser cette notion à son paroxysme, voir ce qui se passe vraiment si on se retrouve juste juste juste avec du monde qui pense comme nous.

La colère des doux est décrit comme un projet «à mi-chemin entre le site web interactif, les livres dont vous êtes le héros, le show funk, la relaxation ASMR, le cinéma d’animation expérimental et… le théâtre». C’est intrigant, le ASMR en particulier… Comment est-ce que tout ça prend forme?

Navet Confit (N. C.) : Tout tient ensemble d’une façon magique! (Rires) C’est très fragmenté, ce qui justifie les changements de ton un peu drastiques. Le ASMR est arrivé tôt dans le processus, c’est ce qui cadrait mieux avec l’écriture vraiment weird des gars pour une partie surréaliste du projet où on est constamment dans un espèce de rêve un peu drôle, désagréable, mais qu’on a envie de continuer. Ça nous met vraiment dans un état bizarre.

Comment les internautes pourront-ils découvrir ces différentes communautés?

O. M. : Sur notre carte interactive, il y a près d’une vingtaine de villes, qui sont comme des chapitres. Pour chacune d’elle, on a tourné des films qui durent de 1 à 40 minutes. Chaque destination a ses propres codes.

G. T. : La forme est en silo aussi. C’est trippant, parce que ça rejoint le propos. Ce sont des ambiances et des façons de penser complètement différentes! Aussi, il y a de la glu télépathique…

De la glu télépathique… ?

G. T. : Dans cet univers futuriste, il existe une petite pâte que les gens se mettent sur les tempes pour lire dans les pensées. C’est un gros scoop!

«Je vais donner un scoop: il y a beaucoup de références à Scoop. C’est vraiment trippant. Je pense que ça va toucher le cœur des Québécois.»
-Guillaume Tremblay

De toute évidence, vous avez eu du plaisir à créer ce projet. En avez-vous eu autant à expérimenter avec le format numérique, vous qui faites habituellement de la scène?

O. M. : Oui! Dans chacun de nos shows, on aime embrasser un style, un univers. Là, on s’est dit : on va faire du cinéma. On a tourné avec les moyens du bord, c’est complètement DIY, mais on a joué avec ça.

G. T. : On a tourné dans la grande salle du Théâtre aux Écuries. Olivier est aussi un grand peintre et un dessinateur, il a fait des visuels très chouettes. Et la musique de Navet Confit goûte toute sorte d’affaires, délicieuses comme d’habitude! (Rires)


Questionnaire du futur

Cette nouvelle création marque le 10e anniversaire du Théâtre du futur. Pour l’occasion Métro a sondé l’avenir avec les trois créateurs.

En 2061, le Théâtre du Futur célébrera ses 50 ans. Comment célébrerez-vous cet anniversaire?

G. T. : Botox pour tout le monde! (Rires)

De quoi aura l’air le théâtre, dans le futur?

G. T. : On aimerait jouer dans l’espace, sur Mars peut-être? Les robots seront en chair, ils seront comme du vrai monde, et on se demandera qui est un robot ou un hologramme.

O. T. : On fera un show pour faire pleurer les robots. (Rires)

Que nous réserve Clotaire Rapaille – héros de votre toute première pièce : Clotaire Rapaille, l’opéra rock – dans les prochaines années? 

N.C.: J’ai eu une belle pensée pour Clotaire avec l’annonce mercredi du retrait de la vie politique de Régis Labeaume…

G. T. : Clotaire doit ramasser son cash pour se faire cloner… Il va revenir sous plusieurs formes, prêt à sauver le monde en faisant du marketing.


La colère des doux

En ligne du 7 au 30 mai. L’achat d’un billet donnera accès pour un mois aux captations des projets passés du Théâtre du Futur.

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