Le casse-tête des musées et des galeries d’art pour surfer sur la vague des NFT
Alors que les œuvres d’art en NFT ne cessent de faire grimper les enchères, les musées et galeries d’art se demandent comment profiter de l’intérêt grandissant pour les jetons non fongibles. Un défi logistique pour la plupart d’entre eux.
Le milieu de l’art est en plein dans sa période «NFT». Si le coup d’envoi a été donné par la vente record de Everydays: the First 5.000 Days de Beeple (69,3 millions de dollars), les maisons d’enchères et les galeries d’art multiplient les initiatives pour s’insérer sur ce marché en plein boom. Sotheby’s vendra prochainement les œuvres numériques en NFT de l’artiste Pak, et permettra aux acheteurs potentiels d’enchérir avec des cryptomonnaies. Phillips et Bonhams pourraient lui emboîter le pas dans les mois à venir.
Et ce n’est pas étonnant. La pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse de 22% des ventes mondiales d’art en 2020, selon le dernier rapport d’Art Basel et d’UBS Global Art Market. De leur côté, les NFT ont vu leur marché exploser l’année dernière et les transactions ont même atteint plus de 250 millions de dollars d’après les données de NonFungible et L’Atelier.
Un intérêt grandissant pour ces jetons «uniques» établissant une certification sur un fichier numérique, sur lequel HOFA espère capitaliser. La galerie d’art contemporain londonienne proposera dès le 25 mars une série d’œuvres virtuelles en édition limitée, réalisées par des artistes contemporains établis et émergents comme le Chinois Zhuang Hong Yi. Red Flower IV est l’une d’entre elles. Elle sera vendue en 50 exemplaires, dont le prix individuel est fixé à 1 ETH (soit 1450 euros).
Démocratiser le crypto-art
«Nos nouvelles œuvres de “crypto-art” innovent dans le domaine des pièces d’art contemporain numérique à collectionner. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de nos efforts continus pour diversifier les options disponibles pour les investissements dans l’art, tout en accueillant une nouvelle cohorte enthousiaste de jeunes investisseurs fortunés», a affirmé Elio d’Anna, cofondateur de la galerie HOFA.
De son côté, le Ullens Center for Contemporary Art (UCCA) de Beijing s’est donné pour mission d’accueillir «la première grande exposition institutionnelle de crypto-art au monde». Virtual Niche: Have You Seen Memes in the Mirror, qui se tiendra du 26 mars au 4 avril, cherche à développer la compréhension de la crypto-art par le grand public et à le contextualiser dans un cadre institutionnel.
Elle présentera une soixantaine d’artistes à la pointe de ce mouvement, dont Beeple, Robert Alice, DJ deadmau5, Mario Klingemann, Pak et Mad Dog Jones. Les visiteurs de l’UCCA auront également l’opportunité de découvrir pour la première fois Portraits of a Mind de Robert Alice, une série de 40 peintures géantes composées du code source de bitcoin. L’une d’entre elles, intitulée Block 21, s’était d’ailleurs vendue pour 131 250 dollars en octobre dernier chez Christie’s.
Les NFT, kezako?
«À l’heure où les goûts des générations changent, il nous a semblé important d’apporter notre soutien à une exposition, mettant en avant les centres d’intérêt d’un groupe démographique qui n’a guère été examiné par les institutions muséales. Nous espérons que cette exposition contribuera à favoriser le dialogue autour du “crypto-art” des confins du monde de l’art vers le grand public», a déclaré Elliot Safra de l’agence AndArt, qui organise l’exposition avec l’UCCA.
Bien que l’engouement du marché de l’art pour les NFT n’est pas près de s’arrêter, le fonctionnement et l’intérêt de ces jetons non fongibles peuvent encore paraître flous pour les amateurs d’art… et même les conservateurs de musée. C’est pourquoi le musée Solomon R. Guggenheim est actuellement à la recherche de stagiaires spécialisés dans le domaine. Ils seraient notamment responsables d’évaluer comme le «crypto-art» et la blockchain pourraient informer la stratégie de collecte du musée new-yorkais et sa vision du digital, selon le site officiel du Solomon R. Guggenheim. Il semblerait que les NFT sont en bonne voie pour s’inviter dans les établissements culturels.