Un retour attendu. Woodkid, revient le 16 octobre après 7 ans d’absence avec un nouvel album S16 où le chanteur se fait «violence» et se «dévoile» comme lors «d’une longue nuit d’insomnie dans les bras de quelqu’un».
«Je dis des choses avec ma musique que je n’arrive pas à dire aux autres» avoue Yoann Lemoine, alias Woodkid, artiste français multi-casquette, qui a notamment réalisé des clips pour Rihanna, Moby ou encore Lana del Rey.
De ses collaborations avec des musiciens mais aussi avec Nicolas Ghesquière, directeur artistique de Louis Vuitton, qui l’invite chaque saison à composer la musique originale de son défilé, Woodkid recherche «d’autres manières de penser» et à «apprendre par la contradiction».
C’est tout l’objet de S16. «Si mon premier album (Golden Age, 800 000 albums vendus, 200 concerts dans le monde, ndlr) était une espèce de blockbuster hollywoodien où je raconte la vie de manière plus fantasmée, avec S16 je parle de choses plus réalistes et concrètes» précise Woodkid.
Ballade et explosion de cuivres
Homophobie, identité, relation à l’addiction, le chanteur-réalisateur de 37 ans laisse «plus de place aux mots» dans S16 pour aborder des thèmes de manière «cru et sans filtre».
«What have you done?» (qu’est ce que tu as fait) se demande-t-il dans le titre Shift. Répétée comme un mantra, d’une voix puissante, cette interpellation est accompagnée simplement au piano et d’instruments à cordes.
«Je l’ai écrite quelques semaines après les attentats de Paris de 2015» confie le chanteur à l’AFP. Lorsqu’il apprend ce qu’il se passe à Paris, il était alors en tournage à Los Angeles. Après la peur, il se pose la question du «chemin à apprendre». C’est l’une des premières chansons qu’il écrit, «sûrement l’élément déclencheur» de son désir de revenir avec un nouvel album.
Si Shift est une ballade mélancolique, Goliath est rythmée par des percussions métalliques et des explosions de cuivres. Une atmosphère menaçante, à l’image du clip dévoilé au printemps et tourné il y a un an par Woodkid, où l’on voit des engins dévorant la terre à la recherche de charbon.
«J’ai décidé que c’était sous l’enveloppe sonore et visuelle que j’allais placer le degré de surréalisme et de fantaisie pour permettre plusieurs grilles de lecture», annonce le chanteur.
Chanter pour dire
Infiniment grand et petit, univers industriels et éléments naturels, responsabilités collectives et individuelles, les lectures de S16 sont multiples. C’est aussi le lieu de l’émergence d’une conscience politique chez Woodkid.
Chanter ce qu’il n’avait pu dire. Dans Minus Sixty One, accompagné par le choeur d’enfants du Suginami Junior Chorus de Tokyo, il évoque une «déroute», d’un «monde au bord du gouffre» et d’une «humanité en tension».
Le timbre de ce choeur sonne un «peu science fiction». Un titre qui vient boucler l’album d’«une lumière froide», déclare Woodkid.
S16 est conçu pour la scène, affirme-t-il. Mais la situation sanitaire a déjà repoussé des dates de sa tournée, laissant plus de temps au chanteur pour «peaufiner les visuels de sa scénographie». Mais pour le live, il promet un orchestre encore plus important que pour Golden Age.
Électro-pop, vidéo, animation 3D et effets spéciaux: Woodkid colore cet album d’un univers qu’on reconnaît dès les premières notes.