Les journalistes de Métro vous présentent leurs sept coups de cœur culturels de la semaine, dont les films Tout simplement noir, Mamá, mamá, mamá et la série irlandaise Normal People.
Tout simplement noir
C’est un film jubilatoire, à la fois hilarant et foncièrement intelligent, qu’a coréalisé l’humoriste et rappeur français Jean-Pascal Zadi. Dans le rôle principal, il incarne un acteur raté sans cesse cantonné à des rôles de malfrats. Las du racisme systémique dont il est victime, il organise une grande manifestation à Paris avec l’aide de personnalités connues, dont l’acteur Fary, le duo d’humoristes Éric et Ramzy et le cinéaste et acteur Mathieu Kassovitz. Si son intention est louable, ses façons de mobiliser les gens à sa cause sont très maladroites, ce qui suscite plusieurs scènes empreintes d’un délicieux malaise. L’alter ego de JP Zadi se met continuellement les pieds dans les plats en incarnant plusieurs dérives du militantisme, par exemple en écrasant d’autres minorités. En abordant avec un humour pince-sans-rire un sujet d’actualité aussi délicat, il réussit brillamment à divertir tout en faisant réfléchir.
Sur la plateforme en ligne du FNC
Marie-Lise Rousseau
Normal People
On a eu le cœur serré du début à la fin de cette bouleversante série irlandaise adaptée du roman du même nom de Sally Rooney. Peut-être est-ce parce qu’elle met en scène avec une vérité désarmante la relation passionnée et complexe entre deux personnes normales, comme son titre l’indique. Difficile de ne pas se reconnaître en Marianne et Connell, deux étudiants follement amoureux dont on suit la trajectoire de la fin du secondaire à l’université. Cette réussite tient grandement à l’écriture et à la réalisation sensibles de leur histoire, de même qu’au jeu saisissant de Daisy Edgar-Jones et de Paul Mescal.
Sur CBC Gem
Marie-Lise Rousseau
Mamá, mamá, mamá
Le premier film du prodige Sol Berruezo Pichon-Rivière est d’une étrange poésie. Avec Mamá, mamá, mamá, la cinéaste argentine nous invite autour de la piscine de la maison de Cleo pour un récit à la hauteur d’un Virgin Suicides ou d’un Mustang. La jeune fille, entourée de ses cousines, mère, tante et grand-mère, vit le deuil de sa petite sœur Erin, disparue noyée. Entre angoisse et mélancolie, la justesse des émotions qui s’y dégagent est saisissante.
Sur la plateforme en ligne du FNC
Amélie Revert
Futurs
De quoi demain sera-t-il fait? Sous la direction du romancier québécois Mathieu Villeneuve, des autrices et auteurs nous proposent de répondre à cette question avec 10 nouvelles réunies dans le recueil Futurs. On navigue ainsi entre différentes visions de l’avenir, racontées par le prisme de la science-fiction, du fantastique et même parfois de l’horreur. Réalité virtuelle, manipulation génétique, rapport à la mort… En anticipant le futur, ces auteurs nous permettent d’ores et déjà de questionner le présent.
Aux éditions Triptyque
Martin Nolibé
Pour en finir avec Octobre?
Le comédien et artiste engagé Sébastien Ricard n’était pas né lors de la crise d’Octobre 1970, dont on souligne actuellement les 50 ans. Cela ne l’empêche pas d’être marqué viscéralement par cet événement politique majeur de l’histoire récente du Québec. Dans ce balado en neuf épisodes, il propose une réflexion intimiste et poétique sur ce qu’il reste de ce soulèvement en amalgamant les devises «Je me souviens» et «Je pense donc je suis».
En ligne dès aujourd’hui
Marie-Lise Rousseau
Le dossier Écrire queer dans LQ
Il y a mille et une façons de définir le mot «queer» et il y a mille et une façons d’écrire queer. C’est ce que démontre le superbe dossier de l’édition d’automne de la revue Lettres québécoises. En donnant la parole à de nombreux auteurs de grand talent comme Marie Darsigny, Nicole Brossard, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Nicholas Dawson et Michel Marc Bouchard, le magazine dresse les contours toujours en mouvance de cette identité qui refuse les lieux communs et brandit fièrement son insoumission. Plusieurs articles forts intéressants sont également consacrés à l’auteur Kevin Lambert (Querelle de Roberval) qui figure en couverture et codirige le dossier.
En kiosques
Marie-Lise Rousseau
Violation
On ne divulgâchera rien en disant qu’il s’agit d’une histoire de viol. Alors qu’il existe mille façons de traiter le sujet au cinéma, les Ontariens Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli ont choisi d’en faire un long métrage d’horreur au cœur d’une forêt isolée. Et quelle réussite! Rivalités entre sœurs, consentement, rancœurs, vengeance et traumatismes se greffent parfaitement à des scènes d’une rare violence – tant physique et psychologique – souvent difficile à regarder sans en avoir la nausée.
Sur la plateforme en ligne du FNC
Amélie Revert
Et on se désole pour…
Les Mecs
Un an après la controverse entourant l’annonce de sa production, la série de Radio-Canada est en ondes depuis hier. Même si elle semble bien ficelée au premier regard, elle devient navrante – et tout sauf drôle – dès les premières paroles. L’histoire de quatre quinquagénaires privilégiés aux propos misogynes sous couvert de l’humour, ça passe moyen en 2020. Peut-être que tous ceux qui ne voient pas où est le problème dans Les Mecs font partie du problème… Amélie Revert