Crise au MBAM: des employés approuvent le congédiement de Nathalie Bondil
«Trop, c’est trop!» clament des employés du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Dans une lettre envoyée aux médias, ils saluent la «décision responsable» du C.A. du musée, qui a congédié son ancienne directrice Nathalie Bondil le mois dernier.
Le 13 juillet, Nathalie Bondil s’est fait montrer la porte en raison de «son inflexibilité» à vouloir régler les problèmes de harcèlement psychologique qui régnaient entre les murs de l’institution.
Ce climat de travail «toxique» est également dénoncé par la centaine de signataires de cette lettre, qui sont pour la plupart des employés actuels de l’établissement de la rue Sherbrooke.
«Harcèlement et intimidation récurrents devant témoins ont ponctué nos journées pour plusieurs d’entre nous, notamment lors des montages d’expositions», écrivent-ils.
Sans nier la «vision» et la «grande capacité de rayonnement» de Nathalie Bondil, les signataires lui reprochent son manque d’écoute.
«Nos idées étaient pour la plupart rejetées ou encore reformulées par une directrice générale plus préoccupée par sa réputation personnelle que par celle du Musée.» -Les employés du MBAM
En plus de s’approprier le succès de ses ex-employés, Nathalie Bondil imposait un rythme de travail «effréné» et valorisait la présence au travail les soirs et les fins de semaine, selon eux.
«Le résultat? Temps, coûts supplémentaires et stress qui auraient pu être évités», affirment les signataires, dont font partie la présidente du syndicat des employés Marie-Claude Saïa et la responsable des relations médias Maud N. Béland.
«Une insensibilité choquante»
Nathalie Bondil a contesté les raisons de son congédiement. Celle qui dirigeait le Musée depuis 2007 l’attribue au «processus irrégulier» qui a mené à la récente embauche de Mary-Dailey Desmarais – membre de la famille Desmarais, important donateur du musée – au poste de direction de la conservation, et non au climat de travail «malsain».
Sa réaction suscite l’ire de ses anciens employés: «Cette posture démontre une insensibilité choquante à l’égard des enjeux culturels et politiques de ce terme ainsi que des valeurs humanistes du MBAM qu’elle dit épouser», écrivent-ils.
Selon les témoignages d’anciens employés recueillis par Métro, le climat de travail «toxique» au musée ne serait pas qu’attribuable à son ex-directrice. D’autres gestionnaires ainsi que les ressources humaines de l’établissement sont aussi montrés du doigt.
Pétition controversée
Les signataires de la lettre s’en prennent également à Thomas Bastien, ancien directeur de l’éducation et du mieux-être du MBAM et instigateur d’une pétition qui réclame une assemblée extraordinaire des membres du Musée afin de faire la lumière sur cette crise interne.
«Il s’acharne à discréditer publiquement le Conseil dont l’action vise pourtant les intérêts supérieurs du Musée, et surtout, permet de redonner aux employés un cadre de travail sain, ce dont nous avons été privés depuis plusieurs années.»
Les employés du MBAM qualifient sa démarche de douteuse. «Comme membre de la direction, ce “pétitionnaire en chef” a été exposé avec l’ancienne directrice générale au compte rendu explicite du comité exécutif du syndicat sur le climat de travail toxique et la détérioration de notre environnement de travail. Et cela, à la demande du Conseil. Comment peut-il affirmer aujourd’hui que le Conseil a outrepassé les règles de bonne gouvernance? C’est honteux!»
Tourner la page
Si ces employés brisent le silence un mois après la tourmente, c’est parce qu’ils affirment savoir «ce qui s’est véritablement passé au sein du Musée».
«Depuis de nombreuses années, notre milieu de travail s’est détérioré, plusieurs collègues sont partis alors que d’autres se sont résignés au silence», déplorent-ils.
Ils souhaitent désormais tourner la page et disent attendre «avec optimisme» la personne qui remplacera Nathalie Bondil à la tête du MBAM.
Déjà, ils se réjouissent qu’«un nouvel esprit de collaboration, de respect pour les idées de tous nos collègues sans harcèlement ni intimidation» règne dans leur milieu de travail depuis quelques semaines.
Les signataires saluent par ailleurs le processus d’enquête indépendante mis en place par la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy afin d’examiner la gouvernance du MBAM. «Nous l’invitons à nous parler pour obtenir des éclaircissements», ajoutent-ils.