La réplique de Mike Ward
À peine 10 jours après son échec en Cour d’appel dans l’affaire qui l’oppose à Jérémy Gabriel, Mike Ward a été sacré grand gagnant du 21e Gala Les Olivier, lors d’une soirée marquée par son plaidoyer pour la liberté d’expression, de même que par des enveloppes difficiles à ouvrir et beaucoup de remerciements adressés à Matthieu Pepper.
Mike Ward a récolté pas moins de quatre prix, dont les prestigieux Olivier de l’année (seule statuette décernée par le public) et Spectacle de l’année. Il a également été récompensé à titre d’auteur pour Noir, ainsi que pour son balado Mike Ward sous écoute.
Il avait promis en début de soirée de tenir un discours au sujet de son combat judiciaire s’il gagnait l’Olivier de l’année. Chose promise, chose due: l’humoriste s’est vidé le cœur en livrant un vibrant plaidoyer pour la liberté d’expression. «En humour, je pense qu’on a le droit de rire de tout. La seule chose qui devrait compter, c’est le contexte et l’intention», a-t-il déclaré.
Voilà pourquoi il continue à se battre, dit-il. «Si c’est pour faire rire, on ne devrait même plus en parler.»
À ceux qui l’accusent d’acharnement, étant donné qu’il compte porter sa cause en Cour suprême, Mike Ward répond qu’il est lui-même victime d’acharnement de la part des médias. Il a compté par dizaines les mentions des journaux, des radios et des bulletins de nouvelles télévisés au sujet de sa blague sur Jérémy Gabriel.
L’humoriste a également mis ses collègues en garde étant donné que son combat pourrait faire jurisprudence. «Dans un pays libre, on devrait laisser les artistes être des artistes. Et l’humour, c’est un art», a-t-il martelé.
Plus tôt dans la soirée, Mike Ward avait abordé sa situation judiciaire avec ironie. «Merci à tous ceux qui m’ont envoyé des mots d’encouragement, mais je vous trouve tellement naïfs. Voir que ça pourrait arriver dans un pays libre qu’un humoriste se fasse mener en cour pour une joke écrite il y a 10 ans. On n’est pas en Chine ni en Arabie saoudite.»
Peu de ses pairs ont abordé le sujet au cours du gala. Sans le nommer, Anthony Kavanagh y a fait allusion lors de sa présentation de l’Olivier de l’année en mentionnant l’importance de «protéger la liberté d’expression» et en soulignant qu’il est «de plus en plus risqué de faire rire les gens». «J’ai commencé ma carrière avec un numéro qui pourrait mettre fin à ma carrière», a-t-il affirmé.
En tout début de soirée, le producteur de l’émission Roast battle le grand duel (Comédie télé de l’année) s’est lui aussi exprimé en faveur de la liberté d’expression.
Ovations et animation
Après son cri du cœur, Mike Ward a eu droit à une ovation bien sentie. Ce que se sont également mérité les humoristes Silvi Tourigny et Mélanie Ghanimé, qui en présentant un prix, ont attaqué de plein front les inégalités entre les humoristes hommes et femmes en osant se mettre en sous-vêtements sur scène. Si Normand Brathwaite et Phil Roy l’ont si souvent fait, pourquoi pas elles?
À l’animation, les «deux meilleurs amis du monde», Pierre Hébert et Philippe Laprise, ont repris le flambeau pour une deuxième année en précisant que ce serait leur dernière fois à la barre du gala, question de «partir au top», eux qui ont reçu un Gémeaux pour leur performance de l’an dernier.
Les membres du sympathique duo ont fait rire le public au moment de leur ouverture en tirant quelques piques aux humoristes qui pourraient les remplacer l’an prochain, dont Guillaume Wagner, «un gars qui fait l’unanimité», Simon Gouache, «un mange-marde» puisqu’il a tout pour lui, et Mehdi Bousaidan, qui «serait parfait, mais la CAQ [n’en] veut pas».
Leur sketch sur leur fondation pour venir en aide aux enfants qui ont des otites a toutefois traîné en longueur. Même la présence des Pics-Bois déguisés en mascottes et de Bleu Jeans Bleu, venu chanter «T’as p’t’être une otite babe», n’a pas réussi à faire lever le numéro.
Taquineries
Comme l’an dernier, les moments les plus drôles de la soirée ont été les présentations de prix. Les humoristes ont souvent pris plaisir à se taquiner, certains plus méchamment que d’autres.
«C’est pas un Olivier Guimond, c’est un Olivier Primeau; il est bronzé.» Sam Breton, Découverte de l’année, au sujet de son trophée
Ç’a notamment été le cas de Laurent Paquin et de Sam Breton, qui s’est fait traiter par le premier d’«humoriste des agoraphobes» en référence à ses «salles vides». Ou encore de Véronique Cloutier, qui a rappelé à Pierre Hébert, «l’humoriste mystère», que «ça se remplit, une salle, sans vendre ses billets 20$». Ou bien de Christine Morency, qui s’est moquée du rôle de porte-parole des pains Gadoua de Phil Roy. «Je suis payé à la tranche», a rétorqué ce dernier.
Jean-François Mercier, lui, s’en est pris à Gad Elmaleh – rebaptisé «Gab El Maillet», question de ne pas s’attirer d’ennuis –, accusé de plagiat par plusieurs humoristes. «C’est comme la fable Le renard et le corbeau, mais au lieu d’être un renard rusé, c’est un Français crosseur.»
«Des voleurs de jokes, il y en a au Québec aussi. Ah non! Sentez-vous la tension dans la salle? Il va pas sortir une liste! Une autre liste!» a-t-il ajouté, faisant allusion à la liste d’hommes en humour visés par de présumées victimes d’inconduites sexuelles.
Parmi les présentations les plus originales, on retient celle d’Arnaud Soly, qui sans offrir un numéro chanté aussi délirant que l’an dernier, a réalisé un vox pop avec des humoristes dont il a doublé les voix. Le résultat était hilarant.
Tout comme l’était le clin d’œil aux moments «représentatifs», mais peu glorieux, des balados en nomination, présenté par Olivier Niquet et Jean-Philippe Wauthier, de La soirée est (encore) jeune.
Enfin, une mention aux imitations particulièrement réussies de Pierre-Luc Pomerleau, notamment celle de Louis-José Houde.
Et les gagnants sont…
- Olivier de l’année. Mike Ward
- Découverte de l’année. Sam Breton
- Spectacle d’humour de l’année. Noir, Mike Ward
- Auteur de l’année/Spectacle d’humour. Mike Ward, Noir
- Numéro d’humour de l’année. Ex-vétérinaire, François Bellefeuille
- Podcast humoristique de l’année. Mike Ward sous écoute, Mike Ward
- Comédie télé de l’année. Roast battle le grand duel
- Série télé humoristique de l’année. Lâcher prise, saison 3
- Série web humoristique de l’année. Mouvement Deluxe