Électrons libres: pour l’amour de la science
Pourquoi le soleil chauffe-t-il toujours plus fort dans le sud? Y a-t-il une température idéale pour l’infusion du thé? Peut-on fabriquer un être humain de toutes pièces? Les Électrons libres répondent à ces questions.
Les Électrons sont libres, ils sont curieux, et ils sont trois. À savoir : Marianne Desautels-Marissal, journaliste formée en biochimie et collaboratrice, sur les ondes de Radio-Canada, aux Éclaireurs. Puis, Rabii Rammal, chroniqueur diplômé de l’École nationale de l’humour. Et Pierre Chastenay, astronome et professeur de didactique des sciences à l’UQAM, qui a animé son propre code (lire l’émission Le Code Chastenay) pendant huit ans à Télé-Québec.
C’est d’ailleurs de cette émission que sont issus les Électrons. Depuis un an, dans cette formule renouvelée, et en compagnie de ses «deux zigotos» (ses mots, pas les nôtres), le prof Chastenay s’emploie à démontrer à quel point la science, c’est chouette – pour reprendre, cette fois, une expression fétiche de Marianne. Qui l’utilise à l’écran «pour éviter de dire cool tout le temps». Parce que les sujets qu’ils abordent, ils les trouvent réellement «cool».
Ils sont cool aussi quand on les rencontre au bureau de la boîte de prod Pixcom. Autour de la table, Rabii et Marianne, accompagnés de la productrice déléguée Sylvie-Anne Martel. À l’écran d’un ordi, Pierre Chastenay envoie la main sur Skype. «Bonjour!»
«Trop souvent, les médias présentent la science comme un ensemble de connaissances. C’est écrit dans le livre, c’est comme ça. Mais nous ne savons absolument pas comment les chercheurs s’y sont pris pour arriver à ces résultats. Pourtant, bien souvent, les grandes découvertes sont le fruit du hasard, d’une erreur.» Pierre Chastenay
Joyeusement, ils commencent par se raconter leurs rêves de la veille (rêve de Rabii : il réparait son fer à repasser, et la vapeur s’est mise à lui gicler dans le visage. Rêve de Marianne : Pierre lui faisait avec un grand soin une coiffure de princesse Leia en prévision de cette entrevue.) Ils se taquinent aussi sur leurs expressions favorites. (Celle de Marianne : «La recherche fondamentale, c’est fondamental.» Celle de Rabii, signée Pierre : «La substantifique moelle.») Puis, ils parlent de l’importance d’un des mots les plus utilisés dans leur émission. C’est-à-dire : c’est-à-dire. «Les mots ont une signification qui peut être différente dans un contexte scientifique, élabore le professeur. Le plus bel exemple de cela, ce sont les concepts de masse et de poids. En physique, ils ne signifient pas du tout la même chose. Alors que dans le langage courant, on les intervertit sans aucune difficulté.»
C’est également sans difficulté que ce dernier dit avoir développé une chimie, à l’écran et dans la vie, avec ses nouveaux complices.
Des complices qui réalisent chaque semaine des reportages sur le terrain. Rabii (que l’Électron vétéran qualifie «d’être foncièrement curieux, au sens propre et figuré») se prête à de multiples expériences. «Je donne mon corps à la science!» Il a notamment mesuré son seuil de tolérance à la douleur au Laboratoire de stimulation cérébrale et robotique du CIRRIS dans un segment intitulé «Rabii a mal». Il a également testé l’efficacité du travail debout par rapport au travail en position assise dans le passage «Rabii debout» et s’est baigné dans le fleuve Saint-Laurent. Test évidemment intitulé «Rabii à la plage».
Marianne, qui a pour sa part passé huit ans de sa vie dans un laboratoire («Je m’y sens comme chez moi!») a, entre autres, partagé à l’écran son amour pour l’astronomie – et pour le kombucha – et s’est rendue en forêt avec une chercheuse qui étudie les vers de terre. Lors des discussions à trois qui agrémentent l’émission, elle a également, parfois, «fait sa critique», comme elle le dit avec un sourire. «Ça fait partie de ma personnalité. De remettre tout en question, d’aller chercher les petits points sombres.»
En fait, remettre en question, c’est ce qu’ils font tous, ces animateurs de différentes générations. «Moi, je suis une vieille affaire, rigole Pierre C. Eux, ils sont encore verts.» À cette mention, «les verts» saluent la rigueur et le professionnalisme de leur collègue, ainsi que la «fourmilière de cerveaux qui travaillent derrière le show». Surtout l’équipe de recherche, menée par Anne-Marie Simard, qui s’emploie à trouver dans l’actualité, dans les publications scientifiques, dans les vidéos virales les sujets de la semaine.
«Ce qui est bien, remarque Rabii, c’est que les idées ne manquent jamais. Elle est partout, la science! Et c’est dommage qu’elle soit à ce point sous-représentée.»
À ça, ils acquiescent tous les trois. Sous-représentée, trop souvent ignorée, reléguée au second, troisième, dernier plan. «Il faudrait plus de youtubeurs, plus d’émissions de radio, de télé, de magazines qui s’y intéressent», énumère Marianne.
«Moi, j’analyse ce problème moins sous l’angle de l’offre qui n’est pas assez importante que de la demande qui ne l’est pas suffisamment non plus, renchérit Pierre Chastenay. Il y a tout un travail d’éducation à faire pour convaincre les gens que s’intéresser à une question scientifique, c’est aussi intéressant que s’intéresser au sort du Canadien de Montréal ou à la vie des vedettes.»
Du reste, les vraies vedettes, ce sont pour eux les scientifiques qu’ils rencontrent. («Ou plutôt, que Rabii cruise», s’amuse Pierre). Une vétérinaire épidémiologiste, une ingénieure et conseillère en environnement, une psycho-acousticienne… «Ce sont des créatifs, ce sont des artistes, remarque Rabii. On les admire!»
On le voit à l’intérêt que les jeunes animateurs portent à ces spécialistes qu’on voit rarement, sinon jamais, à la télé. «Moi, c’est la partie que je préfère, s’exclame Marianne. Aller dans les labos les rencontrer après avoir lu leurs articles et leurs dossiers de recherche. Ce sont souvent des personnages. Parfois introvertis, parfois peu loquaces. Mais quand ils finissent par nous parler, par s’ouvrir, par montrer leurs machines, leurs instruments, et par expliquer leur méthode scientifique, c’est la plus belle des récompenses.»
Électrons libres
Sur les ondes de Télé-Québec
Le vendredi à 18 h 30