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Appelez-moi Iggy

Photo: Josie Desmarais / Métro

Lundi soir, Iggy Pop était de passage sur la scène du Monument-National avec tout son charisme et ses souvenirs. À 69 ans, plus punk que le punk lui-même, l’iguane est revenu sur sa carrière, a fait résonner son cri viscéral et a répondu à plusieurs questions sur son éternel «pas de gilet».

«Je me demande si je devrais vous appeler Jim (votre vrai nom) ou Iggy (votre surnom)», a lancé le journaliste canadien Carl Wilson en introduction de la discussion qu’il animait dans le cadre de la Red Bull Music Academy. «Ben là, franchement», a presque semblé penser M. Pop. Puis, il lui a dit de clairement choisir la seconde option. Sans hésitation. Pas le choix.

«Je me souviens de la première fois, a-t-il enchaîné joyeusement, où j’ai été intime avec une fille qui a répété [voix aïgue de demoiselle] “Ahhh, Iggy! Iggy! Iggy!” Il a fallu que je m’habitue!» Rigolade généralisée.

«Mais est-ce que ç’a déjà été difficile de concilier les personnalités d’Iggy et de Jim?» a insisté l’animateur. «Ça n’a strictement aucun rapport avec un truc psychologique merdique, a-t-il rétorqué, s’attirant des applaudissements. C’est qu’à l’époque, les gars dans le Michigan – où je suis né – étaient outrés quand ils entendaient un prénom pareil. Ça m’amusait bien.» Sourire. «Maintenant, ce n’est plus pareil. Tout le monde a un prénom bizarre.»

Avec son sens de la répartie aiguisé, l’artiste s’est aussi souvenu de son enfance dans un parc de maisons mobiles, élevé par des parents très conservateurs qui «n’ont jamais pris un coup, qui n’ont jamais eu de dispute en sa présence».

Au cours de la discussion, il a également (brièvement) été question de sa fructueuse collaboration artistique avec Bowie, mais pas du tout de son amitié avec Lou Reed. Toutefois, Ig est revenu sur sa rencontre fondatrice dans les années 1960 avec les «fantastiquement délinquants» frères Asheton, avec qui il a formé les Stooges. À savoir le regretté Ron, bassiste devenu guitariste («Pour les nerds de musique, c’est un détail vraiment très important, cette transition, a rappelé IP. Ç’a complètement marqué son jeu de guit»), et son défunt frangin Scott, batteur. «Je suis devenu, en quelque sorte, le porte-parole de leurs problèmes, de leur personnalité, de leur idéologie à la “tout est plate, it’s No Fun, fumons de l’herbe”. J’ai fait OK, d’accord, si c’est avec ça que je dois travailler, soit. Transformons ça en art.»

Ce qu’il a raconté avoir transformé aussi : le bruit des électroménagers en musique. Parmi eux : un aspirateur et un Blender. («J’suis un gamin américain, vous savez!») Il s’est aussi confié sur son admiration pour le compositeur de musique contemporaine Robert Ashley, décédé il y a deux ans, «qui commence enfin à être reconnu à sa juste valeur».

Il s’est souvenu que lorsque Raw Power, troisième album des Stooges, est sorti, le plus grand succès de l’heure aux États-Unis était le gentillet et naïf Tie a Yellow Ribbon Round the Ole Oak Tree, de Tony Orlando. Pas tout à fait la même ligue, disons.

Aussi au programme : la seule «job convenable» de sa vie. Celle d’un stock boy, ou magasinier, dans une boutique de disques. Qui lui a permis de découvrir, d’explorer. «J’aime tous les styles, tout m’intéresse», a-t-il noté, livrant peut-être ainsi son secret de branchitude et la façon élémentaire qu’il a trouvée pour ne jamais devenir un «mon­oncle» pas cool. L’ouverture d’esprit. Bien simplement.

Toujours dans le vent, même si c’est désormais celui du bord de la plage de Miami, où il habite, il s’est d’ailleurs allié les services de réalisateur de Josh Homme sur son 17e album, Post Pop Depression. Au sujet du frontman des Queens of the Stone Age (et membre fondateur des Eagles of Death Metal), il n’a eu que de bons mots. «Je ne pense pas qu’il y ait qui que ce soit en ce moment, nulle part, qui soit capable de faire ce que Josh fait.»

«Je me sens perdu dans un t-shirt. Tout simplement, tout bonnement perdu. – Iggy Pop»

Aussi, à la fin de la discussion, lors des questions du public, il a nommé une multitude d’artistes qui le font tripper encore. Le producteur électro anglais Gold Panda, l’artiste pop de Seattle Perfume Genius, l’auteur compositeur autochtone Derek Miller…

Notons sinon que la session de questions-réponses avec les spectateurs a donné lieu à quelques moments rigolos. Comme celui-ci : «Iggy, possédez-vous une arme?» (oui, il était question d’une vraie arme, pas d’un genre de métaphore poche sur son pouvoir de séduction ou autres variantes). Et pour la suite de sa carrière? Tranquille. «Depuis que j’ai eu 60 ans, je me suis beaucoup mis de l’avant. Je pense que ce serait une bonne idée pour moi de me la fermer un peu.» Non. Pas tout de suite.

Oh! On oubliait presque : au sujet de son fameux torse nu, sur lequel l’accent a été mis à répétition («Mais pourquoiiiii?»), l’iguane a eu la réponse parfaite : «Le pharaon. En Égypte. Il ne portait jamais de chandail. C’est de lui que j’ai pris ça.»

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