Éditorial: en matière d’environnement, il faut écœurer l’électeur
Lire les plateformes électorales des partis politiques, c’est comme regarder un party de comptables qui ont réussi on-ne-sait-trop-quoi dans leurs classeurs Excel. Incompréhensible et plate à mort, mais maudit qu’ils ont l’air contents.
Les partis fédéraux se sont tous pété les bretelles avec leurs plans en environnement, un sujet on ne peut plus complexe.
Je vous épargne ici les détails. Certaines mesures sont intéressantes. Tout le monde (ou presque) parle de la fin des subventions et autres financements fédéraux pour les pétrolières. Tout le monde (ou presque) veut financer les véhicules électriques.
Mais aucun des grands partis ne touche vraiment aux habitudes de consommation des Canadiens. Pourtant, selon le Global Footprint Network, il nous faudrait 4,8 planètes si tout le monde consommait comme nous.
Les partis offrent énormément de carottes pour nous inciter à changer d’habitudes. Mais le bâton se limite presque exclusivement aux pétrolières et aux autres entreprises polluantes. Pas à nos habitudes de consommation.
Il n’existe qu’une seule façon pour forcer une masse significative d’individus à changer de comportement: le changement doit être facile et le statu quo, difficile.
Dans ce numéro spécial, nous décrivons les attentes des électeurs en matière d’environnement pour les élections fédérales et municipales. Avec un œil sur ce qui nous attend si nous ne faisons rien.
Ce numéro marque un tournant pour Métro. Un tournant que nous voulons résolument vert, multiculturel, local, avec un accent sur la culture et la vie urbaine. Nous pensons que l’environnement doit être décisif dans les deux campagnes électorales en cours.
Parlant de nouvelle locale, les partis municipaux ne sont pas en reste, même si leurs plateformes ne sont pas encore disponibles. Projet Montréal s’est taillé une réputation anti-voitures, mais rappelons que la raison invoquée par Luc Ferrandez lorsqu’il a claqué la porte, c’est que l’administration Plante n’allait pas assez loin en environnement.
L’administration précédente de Denis Coderre, pour sa part, avait tendance à piger dans les idées chères à Projet Montréal – leurs élus aussi – et les diluer.
On verra si le passé est garant de l’avenir.
Je termine avec une mention spéciale pour les conservateurs: leur grande idée de génie, c’est de vous donner de l’argent pour des achats «verts»… chaque fois que vous faites le plein d’essence! Bin oui toi, on va régler la crise climatique avec un incitatif financier à la consommation accrue d’essence…
Ce que Métro retient des plateformes environnementales :
Parti libéral du Canada :
- Fin des subventions au pétrolières d’ici 2023, fin de toute aide fédérale d’ici 2050.
- Prix sur le carbone pour les produits polluants importés d’ailleurs.
- Stratégie pour la carboneutralité de l’ensemble des bâtiments d’ici 2050.
- Créer 10 nouveaux parcs nationaux et 10 nouvelles zones de protection marine.
Parti conservateur du Canada :
- Compte d’épargne pour achat «verts», alimenté par la consommation d’essence.
- 5 G$ pour développer la captation du carbone.
- Prix sur le carbone pour les produits polluants importés d’ailleurs.
- Augmentation des exportations de gaz naturel liquéfié comme énergie de transition.
Nouveau Parti démocratique :
- Éliminer tout financement fédéral de l’industrie pétrolière et gazière.
- Rénover tous les bâtiments du Canada d’ici 2050 pour atteindre la carboneutralité.
- Interdiction immédiate des plastiques à usage unique.
- Création d’une Banque canadienne du climat pour investir dans les projets verts.
Bloc québécois :
- Redirection des subventions aux pétrolières vers les énergies propres du Québec.
- Opposition à tout projet de transport pétrolier interprovincial.
- Opposition à tout projet d’exploitation des sables bitumineux.
- Présentation d’une loi contre l’obsolescence programmée.
Parti vert :
- Annulation de tous les projets d’oléoducs et d’exploration pétrolière
- Adoption d’un «budget carbone» établissant la quantité maximale d’émissions de GES dans une année.
- Réduction de la consommation de viande et produits animaux.
- Protéger 30% des aires marines d’ici 2030.