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Sécurité: 5 M$ pour prévenir la violence à Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro

Après avoir investi 5,5 M$ dans la lutte contre les violences armées, la Ville de Montréal annonce un investissement de 5 M$ pour les groupes communautaires qui œuvrent dans la prévention de la violence auprès des jeunes. Elle bonifiera le budget annuel du service de la diversité et de l’inclusion sociale.

Cette enveloppe sera disponible dès janvier prochain pour les groupes qui développent des projets visant à réduire la violence dans la communauté. Elle servira notamment à embaucher des intervenants, des travailleurs de rue et des médiateurs.

La Ville s’est engagée à identifier les besoins dans les prochaines semaines. Les organismes pourront déposer des projets dès 2022.

«La lutte contre la criminalité et la prévention marchent main dans la main», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Des propos qui font écho à ceux de l’inspecteur David Shane, en entrevue avec Métro, pour qui la criminalité est un enjeu sociétal qui demande «une approche globale de tous les intervenants du milieu».

«Dans le fond, la problématique c’est pas juste une problématique criminelle. On a besoin des citoyens, des organismes communautaires, des travailleurs de rue. Il y a un travail en amont, on a besoin que ce travail-là se fasse. Ça s’étend même aux écoles, ça s’étend aux familles.»

David Shane, inspecteur au SPVM

Alors que plusieurs incidents de violence armée ont pu altérer le sentiment de sécurité dans la métropole, la mairesse souhaite également que des «activités de porte à porte et de prévention dans les écoles soient mises en place».

Un besoin de reconnaissance

S’ils accueillent positivement une telle annonce, plusieurs intervenants communautaires sur le terrain demandent une reconnaissance. C’est le cas de Beverley Jacques, co-fondateur de DOD Basketball dans Saint-Léonard, qui souhaite que les autorités reconnaissent, de façon pérenne, le travail «lourd» qui est fait par les intervenants sur le terrain.

«Je me bats pour avoir le soutien qu’il faut, je suis pas supposé me battre, on devrait me faire confiance», déplore M. Jacques, alors qu’il le confirme : les intervenants jouent un rôle clé.

Dans de nombreuses situations, quand des jeunes «n’allaient pas bien», les intervenants et entraineurs «sont des modèles, capables de les remettre sur le droit chemin», illustre-t-il. En effet, l’organisme développe plusieurs volets d’action, d’accompagnement auprès des jeunes et des familles qui «débordent» du cadre sportif.

Même son de cloche du côté de Pierreson Vaval, directeur d‘Équipe RDP et instigateur de la Coalition Pozé. L’organisme communautaire travaille depuis près de 25 ans pour empêcher l’isolement et la marginalisation des jeunes à risque dans Rivière-des-Prairies.

«On nous demande d’être des superhéros et ensuite on nous demande la preuve de nos actions, c’est ça qui est décourageant et difficile, sans cesse il faut se battre, il faut trouver une façon de justifier.»

Pierreson Vaval, directeur d’Équipe RDP

«Ne pas donner rendez-vous à la prochaine crise»

Si M. Vaval se réjouit de la possibilité d’un soutien supplémentaire, il souligne le besoin de mesures et de financement pérenne, sans quoi «on donne rendez-vous à la prochaine crise».

De plus, M. Vaval pointe vers des besoins en ressources pour offrir des «alternatives aux jeunes, des formations et d’autres voies» pour fermer la porte de la violence. L’intervenant l’affirme : «le problème ce n’est pas la violence mais l’absence de voies et de solutions» pour les jeunes à risque.

«Ce soutien c’est un bon réflexe mais il va falloir des réflexes pérennes au niveau de l’insertion, de l’intégration et de la prévention […] il faut travailler dans l’ensemble du spectre et pas seulement au niveau de la prévention», ajoute-t-il. Une de ces voies serait de sortir d’un financement «par projet» et d’aller vers un «financement annuel», afin d’inscrire des projets dans la durée.

Beverley Jacques de DOD Basketball et Pierreson Vaval d’Équipe RDP racontent avoir tous deux avoir «vu venir la crise». Mais selon Pierreson Vaval, cette crise, «si on met les bouchées doubles […] si on fait ce qu’il faut on va être en mesure d’entrevoir une sortie de crise».

Une annonce «tardive» dit l’opposition

L’opposition officielle, qui a interrogé à plusieurs reprises l’approche de l’administration en matière de sécurité, a qualifié l’annonce d’aujourd’hui de «tardive». Ensemble Montréal estime qu’il est «absurde que les sommes ne soient versées qu’en 2022 considérant l’urgence de la situation».

Pour Abdelhaq Sari, porte-parole d’Ensemble Montréal en matière de sécurité publique, l’administration municipale «semble toujours accuser un coup de retard en matière de sécurité».

Toutefois, Benoit Langevin, porte-parole du parti en matière de jeunesse et d’itinérance, s’est dit «heureux que la mairesse reconnaisse finalement l’apport du milieu communautaire».

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