Vouloir mourir et donner ses organes

À l’heure où certains patients demandant l’aide médicale à mourir pourraient aussi faire don de leurs organes, il est nécessaire d’établir un protocole pour protéger les patients, les soignants et les familles, recommande un rapport de la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST) publié mercredi.
L’aide médicale à mourir peut faciliter le don d’organes, permettant de prévoir le moment du décès du patient et ainsi de préserver plus aisément la qualité de ses organes. Des patients atteints de maladies neurologiques dégénératives, comme la sclérose latérale amyotrophique, dont les organes sont en bonne santé, pourraient ainsi formuler une double requête.
«Il ne faut pas donner l’impression qu’on incite les gens à recourir à l’aide médicale à mourir dans le but de leur retirer leurs organes», a prévenu Me Édith Deleury, présidente de la CEST.
Pour s’assurer qu’on respecte de façon apparente la volonté du patient, il est nécessaire de séparer de façon claire les deux demandes, suggère Me Deleury, dont l’équipe a consulté plusieurs experts pour réaliser ce rapport, notamment des représentants de Transplant Québec, des médecins, des psychologues, des infirmiers et des pharmaciens.
«La demande d’aide médicale doit d’abord être confirmée. Ensuite, le patient devra être dûment informé sur la possibilité de faire un don», a expliqué Me Deleury.
Le patient et sa famille devront être convenablement informés de ce qu’un don d’organes implique, puisque les conditions du décès seront différentes. «L’aide médicale à mourir est généralement administrée dans une chambre privée à l’hôpital, aux soins palliatifs ou à la maison, a relevé la Dre Marie-Josée Clermont, néphrologue au CHU Sainte-Justine. Mais pour prélever les organes quelques minutes après le décès, il faut être dans une salle d’opération.»
Tout ce processus implique la formation de soignants qui ne sont pas habitués à recevoir de telles demandes. «Normalement, ce sont des médecins aux soins intensifs qui constatent que certains cas pourraient donner lieu à un don d’organe. Là, des malades vont demander à leur médecin de famille ou leur oncologue», a fait remarquer Dre Clermont.
Même si peu de personnes risquent d’être éligible à cette double requête – la majorité des demandeurs de l’aide médicale à mourir sont en phase terminale de cancer, selon Dre Clermont – il reste du travail à faire pour que les cas qui se présentent soient correctement pris en charge.