À deux semaines de l’élection du nouveau chef du Parti québécois (PQ), Métro a rencontré* chacun des quatre candidats: Pierre Céré, Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Pierre Karl Péladeau. Dernière de notre série de quatre entrevues, publiées en ordre alphabétique.
Vous vous êtes engagé en politique pour faire du Québec un pays. Votre slogan de campagne, Réussir, le dit clairement. Comment espérez-vous convaincre une majorité de Québécois de la nécessité de faire l’indépendance?
J’ai annoncé la création d’un institut de recherche sur l’indépendance que je formerai si j’ai le privilège d’être élu chef du PQ. Cet institut fera les analyses appropriées pour qu’on puisse avoir un argumentaire solide qui va démontrer qu’un Québec qui serait un pays a tous les moyens de s’enrichir, alors qu’à l’heure actuelle en restant dans le périmètre fédéral, nous nous appauvrissons. Par exemple, par les impôts que nous envoyons à Ottawa, qui servent à financer le pétrole de l’Alberta et l’industrie automobile en Ontario. Qu’est-ce que nous avons reçu au Québec pour de l’aide sérieuse dans notre industrie? C’est un exercice qui n’a pas été fait depuis de nombreuses années. C’est un travail de longue haleine, j’en conviens.
Montréal est un défi pour la cause souverainiste. Plusieurs comtés votent libéral et les souverainistes se tournent de plus en plus vers Québec solidaire. Comment convaincre les Montréalais de voter pour le PQ en 2018?
C’est clair qu’il y a des comtés à Montréal qui battent des scores… staliniens! – excusez-moi l’expression – pour le parti Libéral, notamment dans D’Arcy-McGee. Là où je suis en désaccord, c’est que les souverainistes se rapprocheraient de Québec solidaire. Les souverainistes ont cet objectif de faire du Québec un pays, ça va prendre justement le parti qui est susceptible de réaliser cette indépendance. Si les solidaires ont un projet qui comporte une sensibilité plus à gauche, ça va être beaucoup plus facile pour eux de faire valoir leur perspective si les pouvoirs sont regroupés à l’intérieur d’une seule représentation nationale.
Le mouvement contre l’austérité prend de l’ampleur. Aujourd’hui, une journée de grève sociale aura lieu. Que pensez-vous des moyens de pression que prennent les syndicats et les groupes sociaux contre l’austérité?
Il ne faut pas s’étonner, avec le régime d’austérité imposé par le gouvernement de Philippe Couillard, que ceux et celles qui considèrent que cette orientation est mauvaise pour le Québec utilisent les droits qui appartiennent à tous les citoyens pour faire valoir leurs opinions. Il y a un coût à l’effervescence sociale.
Les étudiants n’ont pas dit leur dernier mot, après avoir beaucoup manifesté ce printemps. Comment encadrer ce conflit?
Il m’apparaît essentiel que la démocratie étudiante appartient aux étudiants. S’ils souhaitent un encadrement, nous ferons appel aux législateurs.
L’ancien candidat Bernard Drainville a surpris tout le monde en se ralliant à votre équipe. Son désistement de la course vous proclame pratiquement vainqueur, évitant la possibilité d’un deuxième tour…
La course continue, il y a des débats de prévus. Je persiste à aller à la rencontre des militants, qui permet de m’enrichir et d’apprécier les souhaits des citoyens. Ça va se poursuivre jusqu’au 15 mai.
Si vous devenez chef, comment comptez-vous rassembler l’ensemble des souverainistes, malgré leurs divergences d’opinion?
S’il y a quelque chose qui est notre tronc commun, c’est la souveraineté du Québec. Je suis convaincu que cette perspective nous rassemble, nous a rassemblés et continuera à nous rassembler dans les années qui viennent.
Vous êtes populaire auprès des membres du PQ. Après la course, il faudra vous adresser aux citoyens, avec qui vous avez moins la cote. Comment comptez-vous gagner leur confiance?
J’irai à leur rencontre. D’ici les prochaines élections, il y a trois ans et demi. Un plan de match sera élaboré, j’en ai déjà présenté quelques idées. Je vais le partager avec mes collègues avant de le partager avec les médias.
Dans l’éventualité que vous ne soyez pas élu chef, resteriez-vous en politique?
Je terminerais mon mandat comme député de la circonscription de Saint-Jérôme.
Si vous devenez chef du PQ, mais perdez aux élections en 2018, comptez-vous rester en politique?
Je n’en suis pas là. Cette course est extrêmement exigeante. Ça m’apparait inapproprié de penser à ça.
Votre adversaire dans la course, Martine Ouellet, a dit qu’on n’a pas besoin d’un troisième parti de droite au Québec, en faisant référence à vos positions économiques. Que répondez-vous à cela?
Je n’ai pas compris cette interprétation. J’ai dit que je souhaitais créer des emplois et des entreprises. Il m’apparaît essentiel que nous stimulions notre activité économique, que nous protégions nos sièges sociaux et que nous puissions offrir aux travailleurs du Québec une place adéquate à l’intérieur du système économique. J’ai également proposé des dispositions qui permettraient une coopération encore plus efficace entre la direction, les employés et toutes les parties prenantes d’une entreprise.
Où vous situez-vous dans le débat gauche-droite?
Ce n’est pas un hobby pour moi de réfléchir sur la définition de la gauche et de la droite (rires). Ce sont des oppositions qui peuvent apparaître futiles. Mon engagement est de faire du Québec un pays.
Vous voulez faire du Québec un pays. Pourtant, on en sait peu sur comment vous comptez le réaliser, ce qui vous a attiré des critiques. Pourquoi n’en dites vous pas plus sur votre programme?
Je pense que j’ai été plutôt clair. J’ai dit que nous allions procéder à la création d’un institut de rechercher sur l’indépendance. Et lorsque nous allons nous présenter en 2018, nous aurons toutes les outils nécessaires pour répondre à nos adversaires. Décrire la souveraineté ne se fait pas en deux minutes.
- Pour ou contre
Les policiers à l’UQAM? Ni pour ni contre. «C’est à la direction de l’institution de déterminer les décisions qui doivent être prises.»
Le Plan Nord? Contre: «C’est la même chose que Jean Charest avait présentée. Excusez-moi moi l’expression, je la reprends de mon collègue Pierre Céré: c’est un show de boucane.»
L’imposition de quotas de patients aux médecins? Contre: «Nous sommes clairement en défaveur des mesures qui sont actuellement mises en place et susceptibles d’être implantées par le projet de loi 20 par le ministre de la Santé Gaétan Barrette.»
Pour ou contre la modulation des tarifs des services de garde? «Ce qui me préoccupe, c’est que l’ouverture de CPE est bloquée. C’est une mesure qui va pénaliser les personnes qui sont le plus vulnérables dans notre société.»
En un mot
Comment décririez-vous:
- Pierre Céré? Conviction
- Alexandre Cloutier? Détermination
- Martine Ouellet? Détermination aussi
CV
Âge: 53 ans
Métier: Chef d’entreprise
Études: BAC en philosophie à l’UQAM et BAC en droit à l’Université de Montréal
Mentor: Barack Obama
*L’entrevue avec M. Péladeau a été réalisée au téléphone