Publicité controversée: la CAQ sort de son mutisme
«Il n’a jamais été dans l’intention» de la CAQ «de profiter de qui que ce soit», assure le parti. La directrice générale s’est prononcée sur l’enjeu en réaction à une lettre ouverte publiée dans Le Devoir.
Cette lettre a été rédigée par la fille d’une dame de près de 80 ans qui participe à une publicité de la CAQ. La citoyenne aurait reçu 250$ pour sa participation. «J’ai travaillé près de vingt ans dans le domaine de la photographie et des droits d’auteur et j’ai de bonnes raisons de croire que ce montant est dérisoire, car il ne s’agit pas d’un simple vox pop (contrairement aux apparences), mais bien d’une publicité, et ce, malgré l’authenticité des opinions émises par ma mère», écrit Chantal Landry dans sa lettre au premier ministre.
L’aînée aurait été contactée par le parti et se serait déplacée pour participer au tournage. «Je comprends qu’il n’est pas éthique de payer quelqu’un pour ses opinions politiques, mais il est tout aussi immoral de profiter d’une femme âgée à revenu modeste», écrit Mme Landry.
Sans préavis
La CAQ s’avoue «surprise et peinée» par cette lettre, comme Mme Landry n’a jamais tenté de joindre le parti avant de la publier. «Si la Dame manifeste un inconfort quelconque, nous trouverons une solution qui sera satisfaisante pour elle et sa famille», écrit la directrice générale du parti, Brigitte Legault.
La dame en question aurait participé à un vox pop de la CAQ en 2018. On lui avait alors offert 100$ en guise de compensation. «Aucune controverse ou plainte d’aucune sorte n’est survenue à l’époque», explique la CAQ.
«Cette année, notre équipe de production a pensé la rejoindre pour savoir ce qu’elle pensait quatre ans plus tard. Pourquoi elle? Parce qu’elle nous avait touchés en 2018, par sa verve peu commune, son expressivité et sa gentillesse», justifie Mme Legault.
«Cette fois-ci, après avoir accepté un nouvel entretien, elle a refusé d’être compensée, poursuit Mme Legault. Notre équipe de production a cependant insisté pour lui verser un montant symbolique de 250$ pour chaque vidéo qui serait éventuellement diffusée. Elle a finalement accepté et aura reçu 500$ en tout. Il a toujours été clair que l’entretien serait utilisé en publicité.»
La publicité aurait été payée entièrement par la CAQ, «sans aucun lien avec le gouvernement».
Réactions vives
Les partis d’opposition ont réagi farouchement à la lettre ouverte de Chantal Landry. «Je suis troublée par l’attitude de François Legault, a commenté la cheffe du parti libéral, Dominique Anglade. On doit dénoncer sans réserve cette façon de faire de la CAQ. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que la CAQ contourne les règles à des fins partisanes.»
La candidate péquiste dans Taschereau, Jeanne Robin, a profité de la controverse pour dénoncer l’«usure prématurée» du pouvoir à la CAQ.
«De la pub avant la campagne officielle, c’est de l’arrogance. Profiter d’une citoyenne vulnérable, c’est de l’insensibilité. Recycler un appui de 2018, c’est de la paresse. Ces quatre ans ont déjà usé la CAQ. Il est temps de la ramener sur terre», conclut-elle.