La COVID-19 connaît un regain en juin, c’est les égouts qui le disent
La pandémie a-t-elle un regain d’énergie en ce début d’été? Selon les égouts, oui. Mais le pire pourrait déjà être atteint. Les données collectées à partir des eaux usées, publiées pour la première fois hier, montrent une augmentation de la circulation du virus de la COVID-19 à Montréal en juin, avec un plateau depuis quelques jours.
Les données, diffusées sur le site web de l’INSPQ, montrent un regain net de la présence de la COVID-19 dans les eaux usées de Montréal à partir du 6 juin. Le pic semble avoir été atteint le 12 juin, avec plus de 12 400 milliards de particules de virus détectées. La tendance est légèrement à la baisse pour les trois jours suivants, les derniers du bilan présentement disponible.
Selon Dre Caroline Huot, médecin spécialiste à la direction de la santé environnementale, au travail et de la toxicologie à l’Institut national de santé publique du Québec, ce bilan ne devrait toutefois pas sonner l’alarme.
«Les valeurs absolues, ça n’indique pas grand-chose parce qu’il n’y a pas de plage d’interprétation disant que 40 000 milliards [de particules virales], c’est beaucoup, et que 10 000 milliards, ce n’est pas beaucoup», souligne-t-elle. «La variabilité est assez importante. [À partir de ces chiffres], on n’a pas de quoi s’inquiéter pour l’instant.»
Pas de nouvelles mesures sanitaires
Cette hausse de la présence de la COVID-19 dans les eaux usées survient alors que les mesures sanitaires sont essentiellement disparues au Québec. Au moment des données les plus récentes, la seule mesure sanitaire d’envergure toujours présente était le port du masque dans les autobus. Depuis, cette mesure est aussi tombée.
Mais la Dre Huot souligne que, malgré le graphique montrant un pic important, il est impossible d’assimiler la situation actuelle à la sixième vague des mois de mars et avril. Les données n’ont pas été recueillies assez tôt pour refléter le plus fort de la circulation de COVID-19 ce printemps.
Dans d’autres villes, comme Québec, Laval et Gatineau, le pic du mois de juin est moins important. La tendance à la baisse est aussi plus marquée. Spécifiquement à Québec, où les données de la fin du mois de mars sont disponibles, on note que le virus est bien moins présent dans les eaux usées que lors de la sixième vague.
Selon la Dre Huot, il n’y a pas de quoi accuser le gouvernement d’avoir relâché trop abruptement les règles sanitaires ni de réclamer leur retour.
Invité à se prononcer sur les données, le premier ministre François Legault souligne que la situation est loin d’atteindre les niveaux problématiques du printemps. «Effectivement, il y a un suivi attentif à faire, et on suit ça à chaque jour. […] La situation est sous contrôle», dit-il.
Hausse des hospitalisations à venir
Ces chiffres confirment toutefois la hausse du nombre de cas rapportés récemment par le gouvernement. Parallèlement, l’Institut national de la santé et des services sociaux (l’INESSS) a publié mercredi ses projections d’hospitalisations pour les deux semaines à venir. Le pronostic de l’INESSS montre une augmentation à venir des hospitalisations, à coup de 100 par jour en moyenne.
Le dernier bilan quotidien du gouvernement montre pour sa part une légère diminution des hospitalisations, qui atteignent désormais 1080 patients, dont 30 aux soins intensifs. Selon le gouvernement et l’INESSS, environ la moitié de ces personnes sont hospitalisées spécifiquement pour la COVID-19, alors que les autres ont eu un test positif une fois admis à l’hôpital pour autre chose.
Le dépistage du virus de la COVID-19 dans les eaux usées est une méthode mise en place par le gouvernement afin de détecter rapidement l’arrivée d’une potentielle 7e vague. À partir de maintenant, les données seront mises à jour chaque semaine par l’INSPQ.