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La délation, une opération de relations publiques pour Dessau

Le vice-président de Dessau, Rosaire Sauriol, qui a terminé son témoignage jeudi a concédé que la firme avait décidé de se livrer aux autorités non par peur de représailles, mais pour rehausser son image.

À la suite de la divulgation volontaire à l’impôt, vers 2009, Dessau a vu la quantité de contrats avec le ministère des Transports doubler et la valeur de ceux-ci tripler.

M. Sauriol a admis que s’il n’avait pas fait de divulgation volontaire, il n’aurait probablement pas obtenu ces contrats.

«Divulguer était la seule et unique chose à faire», a-t-il dit, ajoutant qu’il évitait ainsi des sanctions criminelles.

«C’était (donc) une opération de marketing», a souligné la juge France Charbonneau.

Une guerre de prix n’est pas profitable
Rosaire Sauriol s’est aussi attaqué à la loi du plus bas soumissionnaire qui compromet, selon lui, la qualité des travaux.

Selon lui, un ingénieur pris avec un délai trop court pourrait éviter de raffiner son design, ce qui aura des conséquences sur les coûts d’entretien, de surveillance ou de réparation.

Il propose aux municipalités de travailler comme le font les firmes privées et de mettre le rapport qualité-prix au centre de la décision.

Rosaire Sauriol a du même souffle réfuté les études et rapports faisant étant d’un gonflement de 30% à 40 % des coûts des travaux. Selon lui, les lois de marchés ont fait en sorte que les prix étaient élevés à l’époque.

«Un système de libre marché ne peut pas fonctionner dans un système de collusion, c’est pour ça qu’on fait de la collusion», lui a rappelé l’avocat de la Ville de Montréal, Philippe Berthelet, dans un contre-interrogatoire plutôt musclé.

L’avocat lui a notamment fait admettre qu’il savait qu’il commettait des infractions criminelles pour lesquelles il profitait d’avantages fiscaux.

Questionné par les avocats du PQ et du PLQ, M. Sauriol a toutefois réfuté toutes formes de malversations de la part d’élus du PLQ ou du PQ. Il a nié avoir tenté d’influencer ou de corrompre un fonctionnaire ou un élu au niveau provincial.

Selon lui, les solliciteurs n’étaient pas au courant de la fausse facturation en place dans la compagnie qui servait à faire des dons.

Embaucher des fonctionnaires pour faire des affaires
Plus tôt dans la journée, il a été question d’embauche, par Dessau, d’anciens ingénieurs qui travaillaient au ministère des Transports ou dans des municipalités.

M. Sauriol a expliqué «que c’était pour des raisons d’affaires. Si la personne peut apporter de la valeur pour l’entreprise», à l’instar d’un cabinet d’avocats qui engage un ex-premier ministre.

M. Sauriol a admis qu’un ex-fonctionnaire du ministère des Transports embauché par Dessau pouvait travailler à décrocher de nouveaux contrats auprès du ministère, au lendemain de son embauche, bien que cette pratique ne soit plus légale.

Pour des raisons légales, «on les met pendant deux ans sur d’autres dossiers», avant de les faire travailler avec leurs anciens employeurs, a-t-il expliqué.

L’ingénieur est d’ailleurs revenu sur la fâcheuse embauche de l’ex-président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino. Engagé en janvier 2009 pour ses capacités et ses compétences «complémentaires» comme vice-président aux Finances, M. Zampino a été renvoyé en avril, lorsque les médias ont rapporté qu’il avait voyagé sur le bateau de Tony Accurso.

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