La complexité de l’administration montréalaise faisait de la métropole un terreau fertile pour la corruption et la collusion, a expliqué le président de BPR, Pierre Lavallée, qui a conclu son témoignage devant la commission Charbonneau, mardi.
«Il n’y a pas une entreprise privée qui pourrait agir comme Montréal, elle ferait faillite», a affirmé celui qui a travaillé dans plusieurs villes européennes et américaines.
Selon lui, les fonctionnaires pouvaient tergiverser pendant 18 mois pour décider de la largeur d’un trottoir. Impensable ailleurs dans le monde.
«Des fois, c’était simple, et je ne sais pas comment ils ont pu rendre ça complexe», a-t-il lancé, dénonçant, du même souffle, les effets pervers de la loi 106 qui fait du prix principal le critère des firmes de génie, ce qui a entraîné une baisse de la qualité.
«Pour moi, c’est dément… vous feriez-vous opérer par le chirurgien le moins cher ou par le meilleur», a-t-il illustré.
Les compteurs d’eau
Le président de BPR, qui conseillait la Ville dans le dossier des compteurs d’eau, a aussi raconté qu’il n’a pas cherché à savoir si le processus d’octroi du contrat était teinté par la collusion.
En 2007, voyant que deux firmes n’avaient pas pu faire leur soumission pour l’important contrat de 355 M$, il demande «naïvement» au président du comité exécutif, Frank Zampino, si l’appel d’offres est truqué. Ce dernier l’assure que non, ce qui contente M. Lavallée.
«C’était la réponse que je voulais le plus entendre», a-t-il dit, précisant qu’il semblait impossible pour lui que quelqu’un demande 3% sur la valeur du contrat.
Le projet sera finalement attribué à plus de 355 M$ au consortium GÉNIeau, formé de Simard-Beaudry et de Dessau, avant d’être annulé après un rapport du Vérificateur général.
Plus tôt lors de son témoignage, M. Lavallée est revenu sur les 564 490$ donnés au PLQ, au PQ et à l’ADQ, de 1998 à 2010.
«Si on ne contribuait pas, ça pourrait avoir une influence négative. On faisait la contribution de façon défensive», a-t-il expliqué.
Les avocats du PQ et du PLQ l’ont toutefois amené à dire qu’il n’y avait aucun lien direct entre les dons et les contrats obtenus pas BPR.
Un agent de la SQ sera entendu
Le Sgt. Jocelyn Nadeau, enquêteur de la Sureté du Québec, sera le prochain témoin entendu devant la commission Charbonneau.
Il discutera d’une histoire de corruption liée à deux conseillers municipaux de l’arrondissement de Saint-Laurent, Irving Grundman et René Dussault.
En avril 2003, ils avaient accepté un pot-de-vin de 75 000$ pour changer un règlement de zonage.
Il devrait être suivi de Rosaire Sauriol, vice-président principal chez Dessau.