COVID-19: pas d’assouplissements avant la baisse des hospitalisations
Le relâchement des mesures sanitaires observé en Ontario ne sera pas répliqué au Québec, et ce, tant que le niveau d’hospitalisations dans la province ne diminuera pas. C’est ce qu’a affirmé le premier ministre François Legault lors d’une mise à jour médiatique jeudi.
Les hospitalisations semblent avoir atteint un pic, constate-t-il, mais aucune diminution permettant un déconfinement. «Tant qu’il n’y aura pas une baisse importante, ça va être des dures semaines pour le personnel dans les hôpitaux, prévoit François Legault. Il faut penser aussi à ce personnel-là qui est au front depuis 22 mois.»
Le premier ministre admet ressentir «beaucoup de pression» sur ses épaules pour déconfiner le Québec. Le relâchement des mesures sanitaires en Ontario, où les bars, les restaurants et les salles de spectacle pourront être remplis à 50% de leur capacité, n’y est pas étranger.
«Vous ne pouvez pas savoir le nombre de personnes qui m’écrivent, qui me disent qu’il faut qu’on enlève des consignes, partage-t-il. Pour l’instant, on ne peut pas se permettre d’assouplir davantage.»
Advenant un déconfienement, les infections et les hospitalisations pourraient augmenter, prévient la Santé publique. On compte présentement 3400 hospitalisations, alors que 12 000 employés manquent au réseau.
Plan laissé de côté?
Québec s’était préparé au pire, en dévoilant un plan de priorisation des hospitalisations. Mais la situation semble se stabiliser dans les hôpitaux, si bien que ce plan demeurera sur les tablettes si les hospitalisations se stabilisent. «Le plan en question n’a jamais été utilisé, et on pense pour l’instant qu’il ne sera jamais utilisé», a dévoilé François Legault.
Il demeure impossible de prévoir quand les hospitalisations se stabiliseront, notamment en raison de l’incertitude entourant le nombre de cas de virus, puisque le dépistage est limité. L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux dévoilera tout de même de nouvelles projections au cours de la semaine prochaine.
Dans l’incertitude, François Legault considère que pour «vivre avec le virus», le réseau de santé doit s’adapter à un «certain niveau d’hospitalisations» à long terme. Ce niveau doit toutefois être abaissé pour permettre au réseau de disposer d’une «certaine marge de manœuvre».
Changement de philosophie
Le gouvernement a été durement critiqué dans un rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être mercredi. Selon Joanne Castonguay, «si les gouvernements successifs s’étaient intéressés davantage» aux enjeux relatifs au système de santé au cours des dernières années, la première vague de la pandémie de COVID-19 «aurait été moins tragique».
Encore une fois, François Legault a accepté sa part de blâme pour les premiers mois de la pandémie. Le gouvernement entend mener des changements importants pour rendre le réseau plus «efficace, décentralisé et humain». «Il faut vraiment avoir un plan de redressement et de refondation de notre réseau de la santé», a avoué M. Legault. Le gouvernement sera ouvert à l’application des recommandations de Mme Castonguay.
Il faut regarder en avant. Il faut passer à l’action, continuer de faire des changements pour avoir un réseau qui est plus efficace.
François Legault, premier ministre du Québec
Revendications contradictoires?
Avant la tenue du point de presse, le cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, a réclamé le retour du sport pour les jeunes dès maintenant. «Je m’inquiète pour nos jeunes privés d’activité physique pendant maintenant deux ans, qui vivent des problèmes de santé mentale et pourraient subir des séquelles à long terme. Plusieurs vont avoir perdu le goût de faire du sport pour toujours», déplore-t-elle.
François Legault a qualifié sa revendication de «contradictoire». D’un côté les Libéraux lui reprochent de ne pas être indépendant face à la santé publique, mais d’un autre, lui demande d’aller à l’encontre de leur recommandation, en déconfinant les sports. «On ne peut pas d’un côté dire qu’il faut écouter les recommandations indépendantes de la Santé publique, mais seulement quand ça fait mon affaire. C’est contradictoire», répond-t-il.
Québec solidaire a pour sa part critiqué que François Legault n’a rien «fait pour nous sortir du pétrin à court terme». «Au lieu de tabler uniquement sur des mesures contraignantes, le gouvernement aurait intérêt à mettre en place des nombreuses solutions [comme] l’accès aux masques N95, une meilleure ventilation dans nos écoles et une pause vaccin pour les travailleurs et les parents», propose le porte-parole du parti en matière de santé, Vincent Marissal.
Le Parti québécois exige que le gouvernement tienne des points de presse distincts de ceux de la Santé publique, afin d’assurer son indépendance.