Lors de la première vague de COVID-19, il y a eu de la confusion autour de l’interprétation des directives du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) transmises aux CHSLD par les CISSS et CIUSSS, notamment en ce qui concerne les transferts de résidents vers les centres hospitaliers.
C’est ce qu’a soulevé l’ex-sous-ministre du MSSS Yvan Gendron, venu témoigner mercredi matin au volet national de l’enquête publique du coroner visant à faire la lumière sur les décès survenus en CHSLD au printemps 2020.
M. Gendron a d’abord présenté la chronologie des actions posées par son ministère dans les semaines précédant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, les différentes instances spécifiques liées à la COVID-19 ainsi qu’une journée type en tant que sous-ministre lors de la première vague.
Le témoin a aussi expliqué que les directives du MSSS étaient transmises à tous les établissements par leur CISSS (Centre intégré de santé et de services sociaux) ou CIUSSS (Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux) respectif.
Des directives mal interprétées?
À la lumière de la preuve, la coroner qui préside l’enquête publique, Me Géhane Kamel, a indiqué à Yvan Gendron que les directives du ministère étaient suivies à la lettre dans les CHSLD. «Vos directives étaient lues comme la Bible», a-t-elle affirmé.
C’est notamment le cas pour l’ordre d’«éviter» les transferts de résidents en CHSLD vers les hôpitaux, de façon à ce que ces transferts demeurent «une mesure d’exception». Cette directive a été transmise le 19 mars 2020 aux PDG des établissements. Rappelons que, dès le tout début de la pandémie, le gouvernement craignait d’engorger les urgences du système hospitalier, comme c’était le cas en Europe.
«Il y a des situations qui commandaient d’aller vers des milieux hospitaliers, mais ça a été vraiment interprété que, de nature exceptionnelle, on n’en transfère pas, de gens», a ajouté Me Kamel.
Des familles de résidents se sont alors butées à des refus lorsqu’elles demandaient le transfert de leurs proches vers l’hôpital. «Dans un des CHSLD, la dame a dû appeler un journaliste de Radio-Canada pour pouvoir sortir son mari et le transférer à l’hôpital. Ça, c’est un non-sens», a rappelé la coroner Kamel.
S’il trouve cette situation «malheureuse», Yvan Gendron affirme que ce n’était pas l’intention du ministère. «Évidemment, aucun transfert ne doit être empêché si ça nécessite un soin à l’urgence ou en milieu de soins comme un centre hospitalier, a-t-il dit. Est-ce que ça a pu amener ça dans l’interprétation des gens? J’en conviens, c’est possible. Parce que c’est arrivé», a-t-il dit.
Lorsque la coroner lui a demandé si les ambulanciers d’Urgences-santé avaient reçu comme directive de ne pas transporter les résidents des CHSLD vers les hôpitaux, le témoin a répondu «jamais».
Les audiences se poursuivent mercredi après-midi avec le témoignage du sous-ministre à la direction générale des ressources humaines et de la rémunération du MSSS, Vincent Lehouillier.
Jeudi, l’ex-ministre de la Santé Danielle McCann devrait témoigner en remplacement de la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais. Cette dernière est actuellement en congé de maladie pour épuisement professionnel.