Contrairement à ce qu’avait affirmé la candidate à l’exercice de la profession d’infirmière (CEPI) en charge de Joyce Echaquan à la barre des témoins, il y avait de la place en réanimation pour sa patiente, selon le témoignage d’une infirmière mardi.
L’enquête publique visant à élucider les causes et les circonstances entourant la mort de Joyce Echaquan se poursuit jusqu’au 2 juin.
La mère de famille atikamekw est arrivée à l’urgence par ambulance le 26 septembre pour une douleur aiguë à l’abdomen. Elle devait subir une coloscopie le matin du 28, jour de son décès.
Dans les moments qui ont suivi l’enregistrement de la vidéo dans laquelle on entend du personnel dénigrer Joyce Echaquan, vers 10h45, la patiente a été laissée attachée sans surveillance pendant au moins 40 minutes, alors qu’on venait de lui administrer un calmant par injection. L’état de Mme Echaquan s’est ensuite dégradé très rapidement.
Mercredi dernier, la CEPI a affirmé avoir demandé plusieurs fois en dix minutes le transfert en réanimation de Joyce Echaquan. Toutefois, selon son récit, sa supérieure lui donnait comme excuse qu’il n’y avait pas de place en salle de réanimation pour y amener Mme Echaquan.
La témoin a dit s’être alors déplacée pour vérifier. «Ils m’ont dit qu’ils étaient prêts, le temps de nettoyer une place», a-t-elle poursuivi. Mais un délai de 10 minutes était encore nécessaire avant que le tout soit prêt pour accueillir Joyce Echaquan. Il est environ 11 h 45.
Une «patiente coucou»
Une autre témoin a rapporté une version des faits différente mardi matin. Selon l’infirmière, dont le nom est frappé d’un interdit de publication, la salle de réanimation n’était pas pleine.
L’employée attendait l’arrivée en réanimation d’une «patiente coucou» entre 10h30 et 11h00 puisque c’est le message qu’elle avait reçu d’un collègue. «Il est rentré, il a dit ça et il est sorti. On n’a eu aucune autre information. On attendait. J’ai attendu que quelqu’un rentre et personne n’est rentré par la suite», a-t-elle raconté.
Puisque personne n’arrivait, l’infirmière a présumé que les plans avaient changé. «Je me suis dit: “la personne s’est calmée ou ils ont trouvé une autre solution, un autre endroit où la mettre”», a-t-elle poursuivi.
C’est seulement vers midi, alors que l’employée revient des soins intensifs, qu’elle aperçoit Joyce Echaquan, inconsciente, qu’on tente de réanimer dans la salle de réanimation.
Une patiente trop instable pour une CEPI
La témoin a aussi expliqué qu’une CEPI sans mentorat n’aurait pas dû être en charge d’une patiente aussi instable. «Ça n’aurait pas dû avoir lieu une CEPI dans une section aussi lourde avec des moniteurs, ce n’est pas quelque chose qui devrait être fait», a-t-elle confié.
L’infirmière pense que la stagiaire n’a pas eu les mêmes indications qu’elle au sujet des procédures de transfert en réanimation à l’époque où elle était CEPI à l’urgence.
«Si je pense que ça ne va pas bien, je vais chercher de l’aide tout de suite. Mais peut-être que 10 ans plus tard, ce n’était pas dit comme a à la formation», a-t-elle expliqué.